La Bretagne ne fait pas bonne figure au palmarès national de l’efficacité policière publié mardi par Le Figaro. Pour établir ce classement département par département, le quotidien s’est fondé sur les statistiques publiées par le ministère de l’Intérieur. Elles indiquent entre autres le nombre des « mis en cause », c’est-à-dire des suspects nommément mis en cause dans une affaire. L’efficacité policière correspond au rapport entre le nombre d’affaires et le nombre de mises en cause. En bref, l’efficacité, c’est quand la police ou la gendarmerie désigne un suspect.
« En province, la Loire-Atlantique flanche nettement », note Le Figaro. « Le taux de mise en cause par lapolice (…) y a diminué de plus de 16% en cinq ans, alors que le taux de criminalité (nombre de crimes et délits pour 100 000 habitants a connu localement une hausse de plus de 15%. » Les autres départements bretons sont à peine mieux lotis : l’efficacité policière est en baisse partout – de plus de 10% dans les Côtes d’Armor et de 8,6 % en Ille-et-Vilaine.
Ainsi mesurée, l’efficacité policière baisse en réalité sur les deux tiers du territoire français – plus lourdement en zone police qu’en zone gendarmerie. Les grandes agglomérations (Paris, Lyon, Bordeaux…) sont spécialement mal loties.
« Efficacité policière » n’est pas synonyme de travail des policiers
Pourquoi cette dégradation ? Ce n’est pas que les policiers aient moins travaillé, bien au contraire ! Les causes sont multiples. L’une d’elles est la « visibilité policière » rendue nécessaire par les attentats islamistes afin de rassurer la population : pendant que les policiers se montrent en public, les enquêtes n’avancent pas. La complexification des procédures, en matière de garde à vue par exemple, a réclamé plus de temps pour les paperasseries. En Loire-Atlantique, les incidents à répétition autour du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont accaparé des effectifs à Nantes et dans la ZAD pendant des années. Les émeutes de ces derniers jours devraient aggraver le bilan 2018.
Et surtout, l’augmentation de la délinquance a obligé les agents à se partager entre des affaires plus nombreuses. En Loire-Atlantique, note Le Figaro, « l’année écoulée a été marquée par plus de 84 000 infractions constatées (+15% d’augmentation du taux de criminalité en cinq ans) ». Face à cette marée montante, la police a clairement été amenée à faire des choix : au plan national, le taux de mise en cause a fortement baissé pour les affaires de stupéfiants. Et le nombre de dossiers qui prennent la poussière sur une étagère croît sans cesse…
Crédit photo : – photo BI : quand la BAC surveille les casseurs dans les manifestations, elle ne court pas après les voleurs (ici à Nantes, en mars 2018).
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