Selon les indicateurs avancés, la Coupe du Monde sera largement rentable pour la Russie et commence d’ailleurs déjà à le devenir. « Les coûts de préparation du tournoi sont déjà rentrés sous forme de recettes exceptionnelles dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration etc. », résume ainsi le média russe Utro.
« En une seule nuit on a vendu plus de bières qu’en un mois », a expliqué ainsi aux journalistes du média en ligne le propriétaire d’un bar près de la Place Rouge, au centre de Moscou. Les supporters de toutes nationalités se réunissent en effet sur la place et dans les rues avoisinantes, notamment la rue Nikolskaya. Pour le directeur du GOUM Teimuraz Guguberidze – le GOUM est un ancien grand magasin (1890-93) devenu centre commercial huppé après la chute de l’URSS – « on a 80% de visiteurs en plus par rapport à la même période de l’an dernier ».
Selon Vladimir… Ageev, expert du centre de management sportif de l’Université de Moscou, le championnat devrait rapporter 800 milliards de roubles (12.7 milliards de $) à l’économie russe. Ce serait à peu près autant que les dépenses engagées pour organiser la coupe du Monde, construire les stades, rénover les infrastructures etc. En revanche d’après l’agence Moody’s, la Coupe du Monde n’aura qu’un effet marginal sur l’économie russe et ne profitera qu’à une petite partie du territoire – en gros les villes qui ont accueilli des matchs.
Selon l’agence de notation, seuls l’hôtellerie, les télécoms, le commerce de détail et les transports tireront leur épingle de jeu. Les derniers grâce à la construction ex nihilo (comme à Rostov sur le Don) ou la reconstruction des aéroports, ce qui devrait bénéficier à court et moyen terme au tourisme, notamment intérieur.
Visa a déjà fait des comptes partiels. Pour l’heure, ce sont les russes eux-mêmes qui contribuent le plus à la réussite économique de leur Coupe du Monde. Rien qu’en payant avec leurs cartes bancaires, ils ont dépensé 510.5 millions de roubles (7 millions d’euros). Les mexicains ont dépensé 74.3 millions de roubles (1 million d’euro), le Pérou et l’Argentine 31.3 millions de roubles chacun (450.000 €), les Australiens 20 millions de roubles (270.000 €), l’Angleterre 19.9 millions de roubles et le Brésil 18.7 millions de roubles. Les tunisiens, marocains, nigérians et marocains ont le moins dépensé.
Mais pour l’heure, la Russie a gagné plus que de l’argent. De la visibilité et une très bonne communication, via les supporters heureux qui rentrent chez eux. Comme ce supporter anglais qui a vertement critiqué la russophobie primaire des médias anglais après être rentré de Russie : « Je suis rentré vivant de deux semaines en Russie », a-t-il écrit sur Twitter. « Je n’ai pas été attaqué par des délinquants assoiffés de sang, je n’ai pas été mangé par un ours, je n’ai pas été empoisonné ni tué. Les médias anglais devraient avoir honte pour leur propagande contre les russes. C’est un pays absolument classe ».
Back from 2 weeks in Russia alive.
I wasn’t attacked by blood thirsty hooligans, I wasn’t eaten by a bear & I haven’t been poisoned or killed.
The British media should be ashamed of themselves for their clear propaganda against the Russian people. Absolutely class country ?? pic.twitter.com/83sZwjp8Kn— Matt Maybury ????????? (@ChezzerMaybury) 29 juin 2018
Outre le succès remporté auprès des supporters, la Coupe du Monde offre aussi de nouvelles perspectives économiques à la Russie, via le développement des investissements étrangers directs. « Le profit principal se chiffre en réputation et non en argent », résume Utro. « Le capital étranger a vu que la Russie était une possibilité d’investissement. En Occident comme en Orient ils ont compris : on peut travailler avec la Russie, et c’est rentable ».
Louis-Benoît Greffe
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