C’était un projet d’une ampleur inégalée. Le gouvernement américain d’Obama et la fondation de Bill et Melinda Gates s’étaient associés pour offrir à 7 écoles américaines un programme visant à améliorer significativement le niveau de l’enseignement prodigué aux élèves.
Le but avoué : démontrer que la meilleure qualité de l’enseignement permettrait d’augmenter les résultats des élèves.
Après plusieurs années d’expérimentations et plus de 575 millions de dollars (494 millions d’euros) dépensés, les résultats de cette étude grandeur nature sont limpides : une meilleure éducation n’augmente pas les résultats scolaires des élèves.
Des moyens énormes, sans résultat
Dans le détail, la Fondation Bill et Melinda Gates avait injecté 215 millions de dollars dans le projet tandis que les écoles publiques participantes ont levé de leur côté 360 millions de dollars. Des montants extraordinairement élevés pour une expérience qui devait révolutionner le monde de l’enseignement.
Le compte-rendu final de l’expérience est finalement extrêmement décevant pour une telle débauche d’énergie et de moyens : « Tous les sites ont mis en place de nouvelles mesures améliorant l’enseignement mais n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs pour les étudiants. »
On apprend ainsi que « sauf quelques rares exceptions, la réussite scolaire n’était pas significativement meilleure que celle pour des sites similaires qui n’étaient pas concernés par l’expérience. »
Pour expliquer cet échec cuisant, les auteurs du rapport manquent de certitudes et balayent plusieurs éléments de réponse, sans finalement afficher d’explication indiscutable.
Et si la réussite scolaire était en fait lié à l’inné plutôt qu’à l’acquis ? Voilà une possibilité qui n’est pas proposée dans le rapport.
Les résultats scolaires, liés à l’intelligence et à la génétique ?
Si l’importance de l’éducation et d’un enseignement de qualité n’est niée par aucun spécialiste, reste que ce genre d’expérience ratée – malgré un investissement énorme ! – démontre qu’il ne faut pas pour autant perdre de vue que l’influence de l’inné – c’est-à-dire de la génétique – doit être étudiée.
En 2007, une équipe menée par Ian Deary publiait une étude de grande qualité portant sur plus de 70 000 écoliers anglais. Ce travail démontrait que les résultats des écoliers de 16 ans à l’examen national de cet âge étaient très fortement corrélés (à 81 % !) au QI de ces jeunes, mesuré à l’âge de 11.
Cela signifie que le QI d’un jeune prédit bien plus son niveau scolaire quelques années plus tard que toute autre donnée, y compris celle de la qualité de l’enseignement qui lui est dispensé. Or, l’intelligence est au moins significativement génétique.
The news about the failure of the $575 million Gates Foundation project prompts me to post this from 2008. Bill should have read it and taken it to heart. https://t.co/XDKI1dv3En
— Charles Murray (@charlesmurray) June 27, 2018
Le « romantisme éducatif » en accusation
Déjà, en 2002, Charles Murray, auteur entre autres de The Bell Curve critiquait le « romantisme éducatif » de la gauche américaine, en pleine hystérie égalitariste : « Le romantisme éducatif est la croyance que l’intégralité des enfants qui sont moins bons à l’école ont le potentiel de faire beaucoup mieux. »
Et le chercheur d’avertir que ce « romantisme éducatif » allait bientôt s’écrouler sous le poids de ses contradictions, pour le bien de tous : « Pour le bien de nos enfants, le romantisme éducatif doit s’écrouler rapidement. Ses effets sur la vie de nos jeunes enfants sont dévastateurs. L’élève de primaire qui a du mal à épeler des mots simples et celui qui lit des livres complexes sans effort sont assis dans la même salle de classe. L’un si frustré par des tâches qu’il ne peut pas accomplir et l’autre si ennuyé que les deux sont prêts à en pleurer. […] Ces élèves sont les produits d’un système éducatif qui ne peut pas parler ouvertement des implications des limites éducatives différentes selon chacun. »
Avec ces 575 millions de dollars jetés par la fenêtre, la fiction égalitariste a donc du sérieux plomb dans l’aile. Mais cela suffira-t-il à l’abattre totalement ?
Crédit photos : Kjetil Ree [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons
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