Jeudi 28 et vendredi 29 juin les dirigeants des 28 États membres de l’Union européenne se sont réunis en sommet à Bruxelles pour parler en particulier de la politique migratoire à échelle européenne. Un sommet qui a apporté quelques avancées mais n’est une victoire décisive pour personne, même si le groupe de Visegrad peut célébrer d’avoir imposé ses thèmes et certaines de ses solutions, ainsi que d’avoir vaincu la domination du paradigme immigrationniste.
Nos confrères du Visegrad Post expliquent :
Une fois de plus, l’Union européenne semble paralysée. Les dirigeants des 28 États membres de l’UE ont pourtant tous voulu faire avancer le débat sur la question migratoire, et les discussions se sont étirées jusque très tard dans la nuit. Rien n’y fait, la question migratoire n’est pas réglée, et aucune idée ne fait l’unanimité.
Le Premier ministre hongrois a représenté les pays du Visegrád lors de la rencontre V4-France précédant le sommet, afin de négocier avec Emmanuel Macron. Les gouvernements immigrationnistes comme ceux de la République française ou de l’Allemagne ont consenti à abandonner l’idée des quotas obligatoires pour tous, ce qui est déjà une grande victoire aux yeux de Viktor Orbán et du V4. Pour l’homme fort de Budapest, qui avait annoncé à son arrivée à Bruxelles vouloir mettre un terme à l’immigration massive et incontrôlée vers l’Europe et enclencher la remigration, le sommet ne peut toutefois pas être vu comme une victoire totale.
Certes, l’UE commence à être au diapason sur la solution proposée par le V4 il y a déjà trois ans, à savoir la mise en place de camps de réfugiés en dehors des frontières de l’UE – pour y faire les enregistrements de demandes et distinguer les réfugiés des tricheurs et des migrants économiques – et le contrôle par Frontex de la Mer Méditerranée. Mais si on ne connaît pas le contenu exact des négociations, on comprend que chaque camp a dû faire des concessions.
Les quotas ne concerneront que les États membres désireux de participer à la relocalisation des immigrants, mais ceux qui s’y opposent pourraient bien être amenés à participer plus fortement au financement des structures de protection. Frontex devrait en effet augmenter considérablement ses effectifs dans les années à venir, et cela aura un coût. Le Premier ministre slovaque Peter Pellegrini a annoncé que la Slovaquie était volontaire pour accueillir temporairement 1.200 migrants pour soulager des pays voisins – faisant référence à l’Autriche. Il a toutefois insisté que chaque migrant devait être accepté par le gouvernement, et qu’aucun d’entre eux ne pourrait entrer et séjourner en Slovaquie sans contrôle et acceptation du gouvernement au préalable.
Aucun détail sur les solutions techniques : l’UE parle d’augmenter l’aide aux pays d’origines, mais la population de ceux-ci devrait, selon les estimations, doubler d’ici 2050. Et quid des migrants refusés dans les camps d’enregistrement ? Beaucoup de questions se posent encore.
Avancée concrète pour le groupe de Visegrád, certainement du fait de la pression italienne sur la question, les ONG devraient désormais cesser de récupérer dans les eaux territoriales libyennes les migrants naviguant sur les navires de passeurs, et laisser travailler les gardes-côtes libyens. De quoi tarir considérablement l’afflux massif de clandestins en Italie, et donc, en Europe.
Si le V4 a donc réussi à s’imposer comme un partenaire de négociation incontournable et influent, il n’a pas – encore ? – obtenu total gain de cause. La lutte au sein de l’UE sur la question migratoire n’a pas été résolue cette semaine.
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