La chicha, l’autre nom du narguilé, est de plus en plus prisée par les jeunes de l’Hexagone. Sa récente interdiction à Béziers par Robert Ménard, maire de la ville, nous conduit à nous intéresser de plus près à cet objet extra-européen au succès grandissant. Même en Bretagne.
Pas de chicha, chiche ?
La mairie de Béziers a lancé les hostilités via les réseaux sociaux. « Pas de chicha, chiche ? », tel est le slogan de la campagne qui accompagne l’arrêté municipal pris par Robert Ménard. Car oui, la majorité biterroise soutenant le fondateur de Reporters Sans Frontières a décidé de prendre les devants face au phénomène.
Le tweet, publié par le compte de la Ville de Béziers, précise : « Pour le bien-être et la santé de ses habitants, la Ville de Béziers interdit désormais de fumer la « chicha » (ou narguilé) dans l’espace public en période estivale (du 01/05 au 30/09). Pour un véritable vivre ensemble ! »
? Pas de chicha, chiche ?
Pour le bien-être et la santé de ses habitants, la Ville de #Béziers interdit désormais de fumer la « chicha » (ou narguilé) dans l’espace public en période estivale (du 01/05 au 30/09).
Pour un véritable #VivreEnsemble ! pic.twitter.com/BqdNhmv4mD— Ville de Béziers (@VilleDeBeziers) 18 juin 2018
« Vivre ensemble » problématique
Un « vivre ensemble » malmené par cette pratique à en croire les déclarations de Robert Ménard alors qu’il était interrogé sur sa décision. Au-delà de son caractère nocif pour la santé, le fait de fumer le narguilé ne serait pas particulièrement flatteur pour Béziers :
« Si l’on en croit les offices qui luttent contre le tabagisme, la chicha n’est pas vraiment une bonne chose pour la santé. On a décidé de l’interdire à l’extérieur, en période estivale, près des écoles, des équipements sportifs et culturels, ça n’a pas sa place là. (…) C’est générateur de rassemblements dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne favorisent pas le vivre-ensemble, on en a assez et ça renvoie une image de la ville dont on n’a pas envie ! (…) Et cela produit des attroupements qui sont neuf fois sur dix problématiques ».
De l’Orient à la Bretagne
Plus qu’un simple objet fascinant une partie non négligeable de la jeunesse française, la chicha est avant tout (et surtout) une grande pipe à eau d’origine extra-européenne et faisant partie intégrante de la culture orientale. Ses origines sont attribuées à la Perse mais des traces de narguilés similaires ont été retrouvées en Afrique de l’Est et en Inde.
Appréciable ou non, toujours est-il que cette pratique n’a rien à voir avec les us et coutumes jadis en vigueur dans nos contrées. Entendez par là, en Europe, tout particulièrement celle du Nord-Ouest. Ainsi, si la ville de Béziers est l’une des rares à être intervenues sur le sujet, la chicha n’épargne aucun recoin de l’Hexagone. Et forme avec le rap un cocktail détonnant.
Rap/chicha : logique alliance
Ce fort développement du narguilé au cours des deux dernières décennies est corrélé à un autre phénomène : la montée en puissance du rap, passé de « musique opprimée » à « musique la plus écoutée en France en 2017 ». Le point commun entre les deux, s’il ne saute pas aux yeux du profane, est pourtant flagrant : en se répandant dans la société française, le rap, représenté ultra-majoritairement par des artistes extra-européens, a aussi répandu les codes culturels propres à ces populations. Et aujourd’hui, nombre de jeunes bretons fument tout autant la chicha que certaines équipes de Béziers se réunissant en « attroupements qui sont neuf fois sur dix problématiques ».
Pour rappel, Breizh-info.com avait également dédié un article à la scène rap de Brest. Une ville de la pointe bretonne où la chicha, là encore, n’était pas loin :
https://www.youtube.com/watch?time_continue=88&v=iJNvE-KcRo0
Une fois ce constat dressé, le lien entre cette augmentation du nombre de fumeurs de chicha et la prégnance culturelle extra-européenne due à l’immigration, s’il peut paraître fumeux pour certains, est toutefois suffisamment troublant pour ne pas être totalement occulté.
Crédit photos : Wikimedia Commons (CC)
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