Suite et fin de notre série sur les vide-greniers en Bretagne. Aujourd’hui, après avoir vu comment bien organiser ou bien vendre dans un vide-grenier, voici quelques conseils pour savoir comment faire de bonnes affaires.
Si vous chinez, vous pouvez faire jouer la concurrence entre les exposants. Notamment pour ce qu’on trouve partout – c’est-à-dire les vêtements, les jouets, les livres modernes (après 1970) et les DVD. Mais la concurrence joue aussi contre vous, notamment avec les professionnels pour la vaisselle ancienne, les livres rares, les jouets anciens, les vinyles, la militaria (objets militaires), les costumes et le linge ancien, les objets qui se collectionnent (pin’s, bouchons de champagne, monnaie, timbres etc.), voitures et trains miniature, BD anciennes…
En règle générale, les premières heures (7h00 à 10h30) sont celles du déferlement des pros. Qui privilégient cependant les vide-greniers qu’ils estiment être les plus intéressants ou les plus gros. « C’est très variable », explique ainsi un exposant professionnel dans les vide-greniers du Morbihan. « Parfois, il n’y a que les brocanteurs du coin qui passent, parfois j’en ai 20 ou 30 de 8 à 10 qui m’achètent la moitié du stand parce que ça les intéresse »… et qui le revendront nettement plus cher à leurs clients, en boutique… ou dans des brocantes. Ou même à d’autres brocanteurs. Un même encensoir, du début du XIXe, est ainsi passé de 50 € – sur un vide-grenier – à 800 € chez un brocanteur à Paris, via trois intermédiaires, tous professionnels.
Les premières heures sont celles aussi des chineurs avertis, qui fouillent avec la frontale sur la tête (une lampe torche, c’est une main de prise) ou d’autres, qui rachètent systématiquement cafetières, téléphones et autres chargeurs, généralement réexpédiés à l’étranger.
Pour trouver un vide-grenier, il existe des ressources sur internet. Notamment vide-greniers.org, le plus complet et le mieux organisé, brocabrac et Info-Brocantes. Ou des annuaires papier édités par la presse locale ou des annonceurs spécialisés. Certains sont cependant réputés meilleurs que d’autres. Divers facteurs entrent en ligne de compte : la taille, la variété des objets exposés, la présence d’objets anciens, de professionnels – et leur équilibre avec les particuliers –, l’organisation, l’ambiance, le cadre, la date…
Pour ce qui est de chiner, il y a aussi de bonnes heures ; tôt le matin pour trouver les bonnes pièces avant que les pros ne s’en emparent – mais il peut faire frisquet et les prix sont hauts. Ou en fin d’après-midi pour profiter des prix cassés. Et de bons plans : avoir de la monnaie et du liquide en billets (5, 10 et 20 euros) : les chèques ne sont pas acceptés, et il n’y a pas toujours un distributeur de billets à côté – par exemple pour les vide-greniers du Grand Blottereau à Nantes. Dans certains villages, notamment dans tout le centre-Bretagne, des cafés vous permettront de retirer du liquide également. Un sac (à dos, cabas, en plastique ou en tissu…) est aussi indispensable. Et de bonnes chaussures de marche. En revanche, n’en déplaise à Topito, les petits vide-greniers (moins de 100 exposants) ne sont pas inintéressants, et on ne trouve pas que des pièces détachées de tracteur dans ceux de la campagne !
Les vide-greniers permettent cependant souvent de faire de bonnes affaires, voire de trouver des objets rares ou introuvables. « J’ai acheté récemment un missel latin/breton, de 1929 », nous explique ainsi une chineuse. « Chez un bouquiniste, c’est rare et cher, 30 à 50 euros au moins. Là, je l’ai eu pour 2 euros ». On peut aussi trouver du linge de Cholet en état neuf, de la vaisselle ancienne, des lanternes berbères, des livres rares, des robes de communion, des mantilles, de la dentelle… à quelques euros souvent.
Un autre chineur nous explique que grâce aux vide-greniers, il fait des bonnes actions : « Je suis administrateur d’une école hors-contrat. Nous ne dépendons pas de l’État, donc on se débrouille. Or, trouver des livres à la fois intéressants et moraux pour compléter la bibliothèque, c’est compliqué. Il existe la maison Mame à Tours, et d’autres éditions à Limoges, Rouen, Lille, etc., ça date souvent du début du siècle, voire des années 1880. Chez un bouquiniste, on en trouve, à dix euros au moins. Sur les vide-greniers, j’en achète entre 50 centimes et 3 euros pièce, et j’en donne régulièrement aux écoles ».
Enfin, vous avez le droit – et même le devoir – de marchander. Tant pis pour les vendeurs qui ne comprennent pas l’esprit vide-grenier et essaient mordicus de vous vendre ces sous-bock à 1€ pièce ou ce soliflore à 50 euros (sauf s’il est vraiment exceptionnel). Cela dit, discuter, être aimable et sourire aide à marchander – là encore, c’est aussi une affaire de relationnel et de psychologie. L’heure de la journée (ou le temps) sont aussi vos alliés. En revanche les prix bas (1 euros, 2 euros, 50 centimes) ne se discutent pas en général… ou alors, demandez un lot et donc une remise au prix de gros, le but étant encore de débarrasser.
Enfin, il faut faire attention aux vices cachés (électronique qui ne fonctionne pas, meubles et vases rafistolés et repeints qui casseront à nouveau peu après l’achat, vélos dont les pneus semblent gonflés mais sont à changer…), aux faux (cuivres et étains notamment, émaux, monnaies, céramiques, ivoire, vêtements et sacs de contrefaçon…), aux effets de mode qui gonflent les prix et aux dépenses. Se fixer une « liste de courses » et un budget peut être utile… même si la découverte prime et qu’on n’est jamais à l’abri d’un coup de cœur !
Louis Moulin
Si vous annoncez des vides-greniers dans la région Bretagne, n’hésitez pas à nous envoyer un petit texte de présentation sur [email protected]. Il y a en effet en Bretagne de nombreuses alternatives, tous les samedis, tous les dimanches, à la vente en ligne et aux promotions y compris intéressantes sur Internet.
Il faut savoir en profiter avant que là aussi, le gouvernement (comme il entend le faire avec le bon coin) ne se mette à vouloir taxer ce qui constitue pourtant un petit pécule pour des familles modestes qui, le temps d’un dimanche, tentent de vendre des produits qu’elles n’utilisent plus, à bas prix, pour faire le bonheur d’autres familles.
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