Françoise Nyssen, la très blanche et assez transparente ministre de la Culture, a présenté le 4 juin ses propositions pour «transformer l’audiovisuel public». Elle a profité de cette occasion pour déclarer la guerre et annoncer la chasse aux « mâles blancs » sur la télévision publique, au nom de la lutte pour la diversité. Effrayant.
La rééducation d’un peuple jugé trop « réactionnaire ». Voici ce qui rappelle « les heures sombres » pour reprendre des mots « à la mode », du 20ème siècle, à l’époque où les Mao, les Staline, les Pol Pot, les Hitler, les Castro, entreprenaient de créer un homme nouveau, celui existant étant jugé mauvais.
Et pourtant, il ne s’est trouvé (encore une fois) aucun média mainstream pour s’interroger sur la déclaration de la ministre, tandis que la disparition programmée de France 4 semblait être l’information la plus importante à donner à l’opinion publique. C’est bien le signe de la collusion la plus totale entre décideurs politiques et médias mainstream. Ceux-ci ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir. Certains se réjouissent même de pouvoir participer officiellement à ce programme de rééducation des masses.
Penchons nous sur le contenu de ce discours, qui fera date :
Après les introductions de politesse, la ministre évoque le fait que l’audiovisuel public rencontre une perte d’audience progressive depuis des années. Il est vrai que le matraquage politique de « plus belle la vie » doit finir par lasser. Elle évoque les « ingrats qui cherchent le grand frisson sur Netflix.»
Mais aussi : « Ceux pour qui l’audiovisuel public n’évoque rien, si ce n’est la radio et la télé des parents. Ils sont nés dans un océan médiatique. Ils « swappent », ils « zappent ». C’est un tiers de la population, qui n’est pas là. Qui ne distingue pas l’offre privée de l’offre publique. Ils n’attendent rien de cet audiovisuel. A nous de les surprendre. »
Et François Nyssen d’expliquer :
Notre service public audiovisuel va réaffirmer sa différence pour devenir :
– Un media engagé, engagé pour les citoyens, engagé pour les valeurs de la République, engagé dans la vie de la cité. Un média à l’image de notre société, qui parle à tous mais aussi qui parle de tous.
– Un média qui ose la création, d’autre part, qui ose se lancer dans des formats inédits, qui mise sur des écritures originales, décalées, inattendues.
– Un média, enfin, qui anticipe les usages liés aux mutations technologiques et les modes de diffusion à venir. Un média qui travaille, produit et diffuse autrement.
Traduction : la neutralité politique – qui n’existe déjà plus sur le service public – c’est totalement terminé. Place à la promotion à outrance de la « diversité républicaine ».
Pourquoi la presse mainstream ne s’est-elle pas offusquée des annonces de la ministre ? La réponse est ici : « Le service public doit aussi être notre première arme contre la désinformation. Une plateforme commune de décryptage des fausses nouvelles sera hébergée sur le site de France info. Elle sera lancée ce mercredi.».
Et voici la ministre qui, tranquillement après son président Macron qui avait lui aussi évoqué ces « mâles blancs » qu’ils semblent tous détester tout là-haut, leur déclare la guerre : « Ce média engagé, enfin, doit être le miroir de nos différences. D’un sexe et de l’autre, ou des deux, de toutes les couleurs, de toutes les origines, les urbains, les ruraux. Le pays des Lumières, sur ce sujet de la diversité, est hautement réactionnaire. Avec une volonté politique sans ambiguïté, notre média engagé changera les mentalités sur le terrain. Delphine, tu as dû te sentir bien seule lorsque tu portais un constat à la fois évident et courageux : « l’homme blanc de plus de 50 ans », vous vous en souvenez. Tu n’es plus seule. Je porterai cette exigence avec autant de passion qu’au sein de mon ministère. Je n’aurai pas de tabou. Vos référents en la matière ne sont pas assez écoutés. Je vous demande de les renforcer. Ils seront réunis au sein d’un comité unique chargé de mener le combat et de proposer des objectifs ambitieux qui seront repris dans les cahiers des charges de chacune des sociétés.»
Et d’annoncer deux nouveautés pour mettre en place sa guerre numérique :
- Un nouveau média des arts et de la culture, rassemblant des centaines d’heures de captations, des podcasts, des webseries, à partir des offres des six sociétés. Il sera lancé fin juin.
- Une offre « jeunesse » commune à Radio France, France Télévisions et France Médias Monde, avec des formats courts et innovants. C’est un des enjeux majeurs de la réforme afin de reconquérir les jeunes publics ;
Pour rappel toutefois, ils sont des millions de « mâles blancs réactionnaires », qui, chaque année, s’acquittent de leur redevance audiovisuelle (138€) pour financer le service public que va transformer et révolutionner Madame Nyssen au service de la rééducation mentale des citoyens.
La méthode « Payez, mais surtout taisez-vous et écoutez-nous » pourrait toutefois connaitre rapidement ses limites.
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