Enlisé dans un énorme scandale de corruption, Mariano Rajoy a été renversé par le parlement espagnol. Il est remplacé par le socialiste Pedro Sánchez. Une fin prévisible dans un pays à la vie politique mouvementée.
Motion de censure
Personne ne pouvait feindre la surprise tant le dénouement semblait évident en ce 1er juin à Madrid. Comme nous le rapportions il y a quelques jours, une gigantesque affaire de corruption a récemment fait plonger des personnalités de premier plan au sein du PP (Partido Popular), la formation politique de Mariano Rajoy. Lequel était très fortement soupçonné d’avoir pris part de façon active à ces pratiques illégales.
Au total, les sommes invoquées dépasseraient les 48 milliards d’euros tandis que le cumul des peines prononcées lors du verdict du 24 mai dernier avoisinait, quant à lui, les 351 années de prison. Au lendemain de ce verdict, le PSOE (Parti socialiste espagnol) avait alors déposé une motion de censure à l’encontre de Mariano Rajoy. Les choses se sont ensuite précipitées.
Rajoy abandonne
Le vote de cette motion de censure a eu lieu au Parlement espagnol le vendredi 1er juin au matin. 180 députés sur 350 ont ainsi adopté le texte réclamant le départ de l’homme fort du Partido Popular après ses six années passées à la tête du gouvernement.
Anticipant son éviction certaine, Mariano Rajoy a décidé de quitter son poste avant même le vote. Il a fait une allocution en ce sens devant le Parlement au cours de cette même matinée avant de céder sa place à son successeur dans une ambiance de fin de règne alors que les conservateurs ne se voyaient probablement pas délogés si vite du pouvoir.
« El guapo » prend sa place
C’est désormais Pedro Sánchez, leader du PSOE, qui occupe la fonction de chef du gouvernement. Surnommé « El guapo » pour son physique avantageux selon la presse espagnole, ce socialiste de 46 ans dispose de 84 députés à la chambre.
Pour permettre le départ de Rajoy, le PSOE a d’ailleurs dû faire alliance avec Podemos et le parti nationaliste basque PNV ainsi qu’avec des nationalistes catalans. Une convergence d’intérêt facile à comprendre lorsque l’on analyse la ligne politique tenue par le PP vis-à-vis de la Catalogne et du Pays Basque ces dernières années. Mariano Rajoy était arrivé au pouvoir en décembre 2011.
Pour sa part, Pedro Sánchez a affirmé qu’il tenterait de « jeter des ponts pour dialoguer » avec Quim Torra et le gouvernement catalan. Les leaders catalans sont par ailleurs restés sobres quant à cette destitution de Rajoy et se rangent du côté de la justice, comme en témoigne le tweet de Carles Puigdemont.
Si nosaltres fóssim de venjança, avui ja ens podríem donar per satisfets. Però com que som de justícia, avui encara no podem celebrar res. Ens queda una llarga lluita i un llarg camí per vèncer les injustícies, que són moltes i persistents.
— Carles Puigdemont ? (@KRLS) 1 juin 2018
La vie politique espagnole n’est décidément pas un long fleuve tranquille.
Crédit photos : Flickr (Emiliano Garcia/CC BY-SA 2.0)
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