Les années passent mais le cycle arthurien continue d’animer l’imaginaire européen. Si les Bretons sont bien placés pour le savoir, les cinéphiles ont eu aussi de nombreuses références sur le sujet, plus ou moins bonnes, mais permettant toujours de raviver cette petite flamme que nous avons tous en notre for intérieur…
Le Roi Arthur, sa table ronde et ses chevaliers, Excalibur, le Graal, Merlin… La richesse de l’un des plus grands mythes européens a logiquement inspiré de nombreux cinéastes. Difficile, ou en tous cas inutile d’évoquer en détail chacun des longs métrages faits sur ces thèmes, d’autant plus que tous les genres s’y sont donné à cœur joie, des films d’aventures aux dessins animés, des films fantastiques aux comédies, et même quelques films futuristes ou de science-fiction. Des personnages de pop-culture extrêmement populaires comme Indiana Jones (Indiana Jones et la Dernière Croisade, 1989) et Bugs Bunny (Les Peureux Chevaliers de la Table Ronde, 1958) ont, eux aussi, cotoyé des héros du cycle arthurien.
Retenons donc quelques œuvres essentielles
À tout seigneur, tout honneur, commençons par le plus ancien de la liste, et, à mes yeux, le meilleur.
Les chevaliers de la Table Ronde, sorti en 1953, marque la deuxième collaboration en deux ans entre le réalisateur Richard Thorpe, l’acteur Robert Taylor et le compositeur Miklos Roza après Ivanhoé (1952), autre histoire médiévale légendaire et autre chef d’œuvre de l’âge d’or d’Hollywood. Nous avons ici affaire à une œuvre classique et poétique, une fresque reprenant tous les plus grands moments de la légende que l’on connaît avec un sens du dialogue poétique voire théâtral comme l’on pouvait fréquemment le voir au cinéma à l’époque. Ce n’est pas un détail, puisqu’il est bien plus facile de s’impliquer émotionnellement dans ces histoires de chevaliers avec un langage soigné, pour ne pas dire soutenu, plutôt qu’avec un vocabulaire moderne et inadapté au contexte. Les puristes noteront un anachronisme au niveau des costumes, puisqu’ils prennent la forme de ceux employés aux XIV et XVème siècles alors que la fameuse légende est habituellement placée aux V et VIème siècles.
https://www.youtube.com/watch?v=y1Bdc6g-SPs
La forme n’en reste pas moins travaillée, tout comme le fond !
La rivalité entre Arthur Pendragon (joué par Mel Ferrer) et Mordred (Stanley Baker), époux de sa sœur, tous deux prétendants au trône, donne l’occasion à Merlin de présenter Excalibur. Hélas, Mordred n’accepte pas le terrible verdict de l’épée magique et lance une guerre qui durera de longues années. Pour l’emporter, Arthur peut compter sur un nouvel ami, Lancelot du Lac, le héros du film.
Basée sur l’honneur et la fidélité, cette amitié est mise à mal par les complots fomentés par les rivaux du Roi à la cour, et, malgré elle, par la belle Guenièvre, jouée par la non moins sublime Ava Gardner. L’honneur caractérise également les fameux Chevaliers de la Table Ronde, notamment Perceval, dont la vie, entre deux conflits, est portée par la quête du Graal. Le mythe est beau, et l’on aurait même aimé que le film dure une ou deux heures de plus pour avoir à disposition un tableau encore plus complet.
On retrouve d’ailleurs ce petit défaut, ou plutôt ce petit manque, dans un autre film culte, Excalibur, sorti en 1981. Si vous ne l’avez pas vu, vous avez au moins sûrement déjà entendu le thème musical principal.
https://www.youtube.com/watch?v=y3cXcS49D64
Beaucoup plus fantastique, Excalibur accorde bien plus d’importance aux sorciers et aux histoires magiques, qu’il s’agisse de Merlin, la fée Morgane, ou encore de la fée Viviane, plus connue sous le nom de la Dame du Lac, celle qui transmet l’épée à Arthur dans une scène ayant sans conteste sa place dans le panthéon de l’histoire du cinéma.
La généalogie et la vie d’Arthur y sont aussi plus développées puisque l’on suit d’abord Uther Pendragon, son père, avant de voir le futur Roi durant son adolescence, puis, plus tard, devenir père…
Le film n’a visuellement pas très bien vieilli, son aspect « kitsch » typique des années 80 rebutera peut-être les plus jeunes, habitués à des effets spéciaux plus vrais que nature, mais il demeure incontournable voire la référence pour les amateurs de la légende.
L’évocation d’un Arthur adolescent fera peut-être remonter quelques souvenirs d’enfance à la surface, puisque c’est le profil choisi par Disney pour son adaptation animée, datant de 1963.
Comme toujours, Disney adapte l’histoire à son jeune public, Arthur ne devient Roi qu’à la toute fin du film et n’est donc qu’un jeune empoté mais volontaire et courageux, formé par un Merlin plus déchaîné et sympathique que jamais. Le ton léger des aventures des deux protagonistes n’empêche pas Arthur d’apprendre d’importantes leçons, ni de retrouver un peu de solennité lors des moments clés.
Il n’est pas impossible que cette version soit la plus connue, c’est en tout cas une initiation intéressante à ce mythe européen –breton !- pour les enfants.
Absurde, drôle, lourdingue, pas drôle, ambigu, extravagant, provocateur, joueur… Il n’y a aucun doute, Monty Python : Sacré Graal est un film anglais ! Pendant une heure et demie, la petite troupe de comiques d’outre-Manche nous propose une suite de sketchs plus farfelus les uns que les autres mettant en scène Arthur et ses chevaliers de la Table Ronde, en quête du Graal et devant affronter des adversaires improbables, et, bien sûr, des Français. Les anachronismes, les passages en « dessin animé » et les moments où le 4ème mur est brisé sont également des spécificités de ce film.
Sorti en 1975, il est culte pour beaucoup ayant grandi avec, mais sa tonalité complètement décalée ne plaira pas à tout le monde. Si vous souhaitez le faire connaître autour de vous, préférez peut-être des extraits sur Youtube !
Le dernier en date n’est pas le meilleur, loin de là. Certains diront même qu’il est « nul », voire « complètement merdique ». Je n’irai pas jusque-là, Le Roi Arthur : La légende d’Excalibur, sorti en 2017, m’a diverti, sans me donner l’impression d’avoir gâché deux heures de ma vie. Comme son prédécesseur de 2004, avec Clive Owen et Keira Knightley, il ne restera évidemment pas dans les annales du cinéma, mais il aura eu un mérite : perpétuer le mythe, le faire connaître sous une forme actuelle (effets visuels à la pointe, acteurs à la mode comme Charlie Hunnam, connu pour ses rôles dans Hooligans et la série Sons of Anarchy) à une nouvelle génération. Les mythes sont faits pour être transmis, racontés, réinterprétés, adaptés, et c’est exactement ce qui a été fait ici.
Certains crieront au sacrilège, mais je n’évoquerai pas en longueur la série Kaamelott, traitant du cycle arthurien avec humour mais non sans sérieux. Peut-être que cela incitera Alexandre Astier à accélérer son projet de film annoncé depuis de longues années !
En attendant, vous pouvez donc voir ou revoir les œuvres existantes, et pourquoi pas faire une virée en famille dans la forêt de Paimpont, pardon, de Brocéliande, à une quarantaine de kilomètres de Rennes.
Alexandre Rivet
Pour une liste plus complète des films inspirés par le cycle arthurien :
http://www.vodkaster.com/listes-de-films/un-roi-une-epee-une-table-la-legende-arthurienne/1384635
Crédit photo : DR
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