La remise du rapport sur les banlieues réalisé par Jean-Louis Borloo a été marquée par une petite phrase d’Emmanuel Macron loin d’être anodine. Être un « mâle blanc » n’offre visiblement plus de légitimité pour aborder certains sujets.
Nouveau paradigme
C’est à l’Élysée le mardi 22 mai que la scène s’est déroulée. Le rapport sur les banlieues rédigé par Jean-Louis Borloo, après une annonce médiatisée ces dernières semaines, a été remis par ce dernier au président de la République Emmanuel Macron. Mais l’ancien ministre délégué à la Ville et à la Rénovation urbaine a vite déchanté. L’Élysée a effectivement fait savoir que le plan Borloo ne serait pas présenté.
Car, pour Emmanuel Macron, les temps ont changé. À tous les niveaux. Et les propositions de Jean-Louis Borloo apparaissent alors comme d’une autre époque à en croire l’ex banquier. S’adressant aux 400 individus présents pour la remise du rapport, ce dernier l’a affirmé sans ambages : « Je ne vais pas annoncer un plan banlieues », ajoutant aussitôt que cette stratégie était « aussi âgée que moi ». L’heure est donc venue de « changer de méthode » pour le chef de l’État afin de s’extirper de l’« assignation à résidence » à laquelle sont contraints certains quartiers.
« Deux mâles blancs »
Ce besoin de changement pour Emmanuel Macron le conduit même à s’interroger sur la légitimité de ceux qui vont prendre les décisions concernant le cas des banlieues. Ainsi, il assène : « Que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent l’un un rapport, l’autre disant ‘on m’a remis un plan’… Ce n’est pas vrai. Cela ne marche plus comme ça ».
Banlieues: “Ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent un rapport”, déclare Macron à propos du plan Borloo pic.twitter.com/F6SYieUMuD
— BFMTV (@BFMTV) 22 mai 2018
Exit donc Jean-Louis Borloo et son plan à 48 milliards d’euros. Exit surtout le « mâle blanc » qui faisait encore figure de renouveau dans les années 2000 avec sa désinvolture et son passif d’avocat sous les mandatures de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. L’ancien ministre et ses 67 ans affichés, en plus de ne pas vivre dans les quartiers en question, est, il est vrai, peut être un peu trop blanc désormais pour s’exprimer en connaissance de cause sur les banlieues.
Pour remédier à ce problème de genre et de couleur soulevé par le chef de l’État, doit-on s’attendre à la nomination d’une personnalité palliant en tous points les lacunes de Jean-Louis Borloo pour reprendre le dossier en main ? À quand la rédaction d’un nouveau plan banlieues par Rokhaya Diallo ? L’occasion de changer de tête à défaut de « changer de méthode ».
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