À Lamballe, capitale du Penthièvre, le nouveau collège fait déjà couler beaucoup d’encre avant même son inauguration. En cause, le nom de l’établissement. Mais c’est désormais Simone Veil qui tient la corde.
Exit Marie-Madeleine Dienesch
Toujours en construction, le nouvel établissement qui viendra remplacer le collège Gustave Téry a suscité de vives polémiques quant à son appellation. Dans un premier temps, alors que la décision finale lui revient, le président du Conseil départemental des Côtes d’Armor Alain Cadec avait proposé le nom de Marie-Madeleine Dienesch.
Parce qu’elle fut une grande résistante et une femme politique courageuse qui honora les Côtes d’Armor je proposerai au comité de pilotage concerné le nom de Marie-Madeleine Dienesch pour baptiser le futur collège de Lamballe qui ouvrira à la rentrée 2018. pic.twitter.com/D8uYxGgBtU
— Alain Cadec (@AlainCadec) 11 janvier 2018
Cette femme née au Caire en 1914 enseignera par la suite les lettres à Saint-Brieuc, au lycée Ernest Renan. Élue députée en 1945, elle restera dans la vie politique jusqu’en 1981.
Par ailleurs ambassadrice de France au Luxembourg de 1975 à 1978, elle aura également des fonctions dans le gouvernement sous les mandats de Charles de Gaulle et Georges Pompidou. Mais la figure de Marie-Madeleine Dienesch n’était visiblement pas du goût de tout le monde dans la région.
Communistes et avortement
La proposition d’Alain Cadec avait alors suscité de vives réactions. Tout d’abord de la part des membres locaux du Parti communiste. Lesquels s’étaient fendus d’un courrier à destination du président du département. La cause de leur réprobation portait sur les positions anti-avortement de Marie-Madeleine Dienesch.
« Nous ne pensons pas compatible qu’une élue, qui a milité notamment contre la contraception et l’avortement (à travers l’association Laissez-les vivre), ait son nom porté aux côtés de notre devise républicaine », pouvait-on alors lire sur le communiqué ».
Mais la fronde ne se limitaient pas aux seuls militants communistes puisqu’une pétition en ligne initiée par des parents d’élèves a recueilli près de 1 000 signatures. Les parents en question justifiaient ainsi leur prise de position :
« Nous nous opposons au nom annoncé par le président du Conseil Départemental pour le nouveau collège de Lamballe. Marie-Madeleine DIENESCH a certes été résistante et ministre, mais elle a également présidé l’association « Laissez les vivre » et a farouchement milité contre la contraception et l’avortement. Un collège public ne peut pas porter le nom d’une opposante aux droits de la femme et aux droits à l’égalité ».
Simone Veil
Face à cette levée de boucliers inattendue, Alain Cadec a décidé de battre en retraite. Il propose désormais le nom de Simone Veil pour le nouveau collège lamballais. Le député européen a depuis choisi l’apaisement. Entre temps, un collectif nommé « Non à Marie-Madeleine Dienesch » a même vu le jour.
Et puisque ce sont les prises de position de cette ancienne femme politique sur l’avortement qui ont tant fait grincer des dents, le choix de Simone Veil comme appellation va même au-delà de la volonté de calmer le jeu pour d’Alain Cadec. Bien que sa décision ait été prise en concertation avec le maire de Lamballe et le principal du futur établissement, c’est à se demander si le patron des Côtes d’Armor n’a pas cherché à tourner en dérision la contestation. Car aux yeux du grand public, Simone Veil est, avant tout, celle qui a légalisé le droit à l’avortement.
Quant à donner au collège de Lamballe le nom d’une personnalité dont la vie fut entièrement consacrée à la Bretagne et à sa culture, il ne faut visiblement compter ni sur le Parti communiste, ni sur les parents d’élèves. Et pas même sur Alain Cadec !
Crédit photo : Wikipédia (cc)
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