Reynald Secher, docteur ès lettres, Paris IV-Sorbonne, est un spécialiste des guerres de Vendée. Il a révélé l’abomination du génocide dont furent victimes les Vendéens. Directeur de la maison d’édition Reynald Secher Éditions, conservateur du « Musée de la chouannerie de la Vendée et des guerres de l’ouest » de Plouharnel, président de l’association Mémoire du futur, il est l’auteur du concept de mémoricide. A ce sujet, il a réalisé les ouvrages La Vendée-Vengé (Perrin) et Vendée : du génocide au mémoricide (Le Cerf), des bandes dessinées et des documentaires historiques. Il vient d’achever un roman historique, Le Miroir sans retour.
L’histoire commence en hiver 1832. Le curé d’Orly est appelé au chevet de l’ancien maire, le docteur Valentin Chevetel, agonisant mais souhaitant soulager sa conscience. Il va entendre sa longue confession. Chevetel lui raconte ainsi sa jeunesse. Il se souvient que, médecin d’origine modeste, il est par hasard confronté à une vie aisée grâce au marquis de La Rouërie, héros de la Guerre d’indépendance des États-Unis aux côtés de La Fayette. Il en devient terriblement jaloux malgré l’amitié que celui-ci lui voue. Lorsque le marquis lui demande de soigner son épouse gravement malade, il l’empoisonne ! Ignorant qu’il s’agit d’un meurtre, le marquis le fait entrer comme médecin des bâtiments à Paris auprès du comte de Provence, frère du Roi et futur Louis XVIII. Chevetel devient alors l’ami de Danton. Juste avant la Révolution, de La Rouërie défend le parlement de Bretagne contre les édits de Versailles, ce qui lui vaut d’être enfermé à la Bastille le 14 juillet 1788. Royaliste liberal, il se dresse contre la Révolution le jour où celle-ci abolit les privilèges de la Bretagne. Il crée alors l’Association bretonne pour soulever la Bretagne contre la Révolution. A cette époque, Chévetel épouse l’actrice Mademoiselle Fleury, ancienne amante de La Rouërie. De retour en Bretagne en 1792, il prend connaissance de l’Association bretonne, projet de conjuration du marquis de la Rouërie, et en informe Danton. Il le trahit de nouveau, annihilant ainsi tout le mouvement d’insurrection royaliste en Bretagne. Avec l’aide du truand Pierre Lalligand, il déjoue à Jersey le projet anglais de livrer des armes à la rébellion bretonne. Traqué et souffrant d’une pneumonie, le marquis meurt le 30 janvier 1793. Obsédé par sa jalousie maladive et sa cupidité, Chévetel s’accuse ainsi, à la fin de sa vie, de sordides trahisons envers le marquis de La Rouërie…
Dans ce roman, Reynald Secher analyse la Révolution française à travers les yeux d’un médecin jouant double-jeu qui va trahir son ami, le marquis de La Rouërie (1751-1793). Chévetel semble animé par l’argent et non par les idées de la Révolution. Fondé sur des faits authentiques, ce roman historique, en racontant la vie de Valentin Chévetel (1758-1834), révèle la face obscure des révolutionnaires, notamment de Danton et de Robespierre. On découvre ainsi les travers de Danton, terriblement cupide et assoiffé de pouvoir. Celui-ci a ainsi tenté de s’enrichir en proposant au Comte d’Artois la liberation du Roi contre une somme colossale ! Reynald Secher explique que 80% des faits racontés sont authentiques, les autres étant plausibles.
Pour son premier roman, Reynald Secher crée une œuvre qui restera comme l’un des meilleurs romans historiques sur cette période. Dès les premières pages, on est séduit par la fluidité de son style. Il construit une intrigue captivante. La seconde partie est agrémentée de nombreux documents d’archives qui démontrent la véracité des faits exposés.
Kristol Séhec
Reynald Secher, Le miroir sans retour, éditions du Rocher, 320 pages, 21,90 euros
Crédit photo :DR
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