Une conférence-débat intitulée « La vie des gens, demain, en Bretagne » a eu lieu cette semaine à Locminé.
Une conférence héritière directement du CELIB, le comité d’Etudes et de Liaison des Intérêts Bretons, fondé en 1950 notamment par Joseph Martray et qui avait vu en 1971 se lever une fronde de 15 « Pays » identitaires souhaitant remplacer les départements par eux-mêmes afin de réveiller la Bretagne ( voir le poète Calloc’h) et éveiller ses voisins sur une représentation d’eux-mêmes qui ne limite pas aux plages, îles, courses cyclistes et calvaires.
Cette journée s’est déroulée dans une salle salle comble, en présence notamment d’une partie des 36 premiers membres du CELIB. Elle a par ailleurs été retransmise en direct sur Youtube. Les interventions des orateurs, majoritairement d’un âge certain, étaient ponctuées et commentées par des étudiants , filles et garçons, venant dire leur foi en la Bretagne de demain, la leur !
Sans vouloir opposer les territoires, les débats ont généré une vive dénonciation de la logique imaginaire du chiffre et du nombre empêchant de faire converger les intérêts des mégapoles avec ceux des zones rurales où 57% de jeunes ( étude de l’ODIS) souhaiteraient s’installer. La réunification bretonne a également été abordée. La Bretagne réunie permettrait notamment une croissance certaine en matière de performances sociales et économiques.
Au cours de la journée ont été discutés les thèmes de la fracture sociale, le refus de la vitesse à 80km/h, l’application de la loi Pinel en zones rurales, la relocalisation de la taxe d’habitation, le très haut débit … avant 2030 pour l’implantation des activités tertiaires des entreprises, la pérennisation des équipements collectifs, seule justification des regroupements de communes, mais aussi le développement des énergies nouvelles héritées de nos originalités géographiques ( soleil, vent, mer, méthanisation) , la décentralisation des universités, la prise en mains par des professionnels de l’apprentissage au nom de l’intelligence du geste, la continuité de l’ éthique du marquage « Produit en Bretagne » ( Jackez Bernard), la valorisation des langues bretonnes ( Daniel Cueff, J.M. Le Boulanger), et la redéfinition d’un pacte de santé essentiellement territorial.
L’autonomie était sur toutes les lèvres et dans bien des coeurs, particulièrement et fougueusement exprimée par Christian Troadec, maire de Carhaix et créateur du premier festival de France « Les Vielles Charrues ». Pour prendre son envol, la Bretagne doit se tourner vers la mer et son économie bleue. Et cela afin de maintenir ainsi le lien entre l’Armor et l’Argoat parce que les Bretons sont entrepreneurs et entreprenants prêts à s’ouvrir sur le monde sans en référer au pouvoir qu’il soit parisien ou bruxellois !
Dernier intervenant très symbolique du colloque, Philippe Abjean, fondateur du Tro Breizh et de la Vallée des Saints. Comme pour indiquer qu’enracinement, transmission et spiritualité sont liés nécessairement à l’avenir de la Bretagne.
Photo : DR
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