En 2003, le secrétaire d’État américain prononçait à l’ONU son discours sur les armes de destruction massive en Irak, brandissant une fiole censée contenir la preuve que le pays de Saddam Hussein fabriquait des armes de destruction massive. C’était un mensonge, et la CIA ainsi que d’autres services de renseignement l’ont ouvertement trompé, comme il l’avait confié à l’époque à l’Obs notamment.
Alors que la France, l’Angleterre et les États-Unis semblent foncer tête baissée dans une possible guerre en Syrie (des frappes ont été menées cette nuit) en raison de supposés bombardements chimiques — tandis que la France ferme par ailleurs les yeux sur les bombardements saoudiens au Yémen — il est important de relire cette interview de Colin Powell.
Et de ne pas croire aveuglément ce que les médias subventionnés racontent, des médias décidément très peu critiques vis-à-vis du pouvoir en place en France et subitement silencieux vis-à-vis de Donald Trump, pour la première fois depuis son élection.
« J’ai découvert qu’un grand nombre d’informations que l’on m’avait fournies étaient inexactes, je ne cesse de me demander : qu’aurais-je dû faire pour éviter cela. Pour ma défense, je dirais que je n’ai eu que trois jours pour préparer cette présentation et que nous avions un très grand nombre de documents à analyser. » explique Colin Powell. Le président Bush m’a demandé de présenter nos preuves à l’ONU à partir d’un texte rédigé par un conseiller du vice-président Cheney. Or, quand j’ai demandé aux services de renseignement des éléments concrets pour étayer certaines parties de ce document, ils m’ont répondu qu’ils n’avaient jamais vu ces informations-là ! Il fallait donc repartir de zéro et écrire un autre discours. J’ai dit au président que j’avais besoin de plus de trois jours, mais il m’a répondu qu’il avait déjà annoncé au monde la date de ce discours à l’ONU, qu’il ne pouvait pas la reculer. »
Les choses sont claires, surtout lorsqu’il avoue le rôle néfaste joué par les agences de renseignement : « Je croyais à ce que je disais. Tout le monde, le président, les membres du gouvernement et le Congrès y croyaient. Le président m’a choisi parce que j’étais le plus crédible vis-à-vis de la communauté internationale, mais, encore une fois, je ne faisais que transmettre ce que les seize agences de renseignement disaient. Et je pense que si vous aviez été à ma place et que vous aviez vu les documents que l’on m’a présentés vous auriez cru à tout cela, vous aussi. »
Et de poursuivre : « Evidemment je pensais que la CIA avait vérifié ses informations. Aussi, quand, quelques semaines plus tard, l’Agence nous a dit que l' »information » sur les laboratoires biologiques ambulants venait d’Allemagne et qu’aucun agent américain n’avait interrogé la source principale de ce canular, j’ai été stupéfait.».
Que ce soit Jean-Yves le Drian, Emmanuel Macron, Donald Trump ou d’autres responsables, lorsqu’ils affirment détenir des preuves, ils se basent eux aussi sur les rapports des agences de renseignement.
La conclusion de cette histoire, si l’on revient sur ce qu’il s’est passé cette nuit en Syrie, ou une coalition a décidé, sans l’accord de l’ONU (bafouant donc le droit international) de mener des frappes contre un pays souverain, ira à Jacques Myard, ancien député et maire de Maison-Lafitte :
Il y avait une faute à faire # Macron l’a faite en frappant unilatéralement Damas avec #Trump.Militairement ça ne sert à rien, mais c’est une violation de la Charte de l’ONU, c’est être vassal de # Trump pour jouer les gendarmes du monde : opération de chefs en difficultés chez eux !
— Jacques Myard (@JacquesMyard) 14 avril 2018
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