Vie et mort d’un jeune islamiste de banlieue – Récit d’aujourd’hui

Voulez-vous qu’on vous démontre pourquoi toute « lutte contre le terrorisme » sera vaine tant que le mal ne sera pas traité à la racine, c’est à dire en réglant notamment la question de l’immigration ? Alors démonstration à partir du recoupement de témoignages liés au passé des terroristes islamistes, immigrés ou d’origine extra européenne, qui ont ensanglanté la France et l’Europe ces dernières années.

« Mais ce ne sont pas des immigrés, ce sont des Français qui ont tué » répète la presse subventionnée à qui veut l’entendre. Oui et non. Oui, parce qu’effectivement, une partie de ces individus possède une carte d’identité française. Non, parce que certains ont une autre nationalité (marocaine, tunisienne etc…) et de plus que le fait de posséder une carte d’identité française ne fait pas de vous un Français, c’est à dire un citoyen qui adhère à l’héritage historique et culturel de la France.

Revenons à nos moutons : le petit Ahmed (pour des raisons de crédibilité nous ne l’appellerons pas Jean ou Yohan) est né de parents tunisiens, algériens ou marocains, dans une cité de la banlieue parisienne, dont certaines rues portent encore le nom de dirigeants de l’Union soviétique. Malgré les milliards d’euros déversés par les gouvernements successifs pour permettre à Ahmed et ses amis d’être au centre du « pacte scolaire » et de ne pas connaitre l’ennui dans leur banlieue (bibliothèque dernier cri, terrains de sports…), force est de constater à la fois l’échec scolaire et social d’Ahmed. Sur toute sa bande d’enfance, seul un jeune réussira à quitter la banlieue, la jungle urbaine, à bénéficier d’un passe-droit pour rentrer à Sciences Po, avant de lancer son entreprise de jeunes cadres dynamiques de banlieue — affranchie de toute taxe pendant quelques années…

Pour les autres, c’est l’apprentissage de la vie au son d’un rap débitant à longueur de journée qu’il faut détester la police et les faces de craie. Le cannabis, les nuits chaudes de la Saint Sylvestre, l’argent facile et, pour quelques uns, la plongée dans le grand banditisme, dans le haut niveau. Mais nombre d’entre eux resteront simplement des petites frappes de leur quartier, incapables même de progresser sur l’échelle du crime organisé.

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Ahmed vibre les soirs de match du Maroc, « son » équipe nationale. Il « s’embrouille » avec les Tunisiens ou les Algériens du quartier lorsque ces équipes s’affrontent. Par contre, tout le monde est uni lorsqu’il s’agit de jouer contre une autre équipe et surtout l’équipe de France, particulièrement détestée par ces jeunes qui, bien qu’habitant sur le sol français, n’ont rien en commun avec notre destin et notre avenir. Et puis les soirs de matchs, ils sont de toute façon confortés dans leurs choix par un politicien local qui pense avant tout à sa réélection. Ce dernier va donc taper dans le dos d’Ahmed en lui disant « C’est bien, il faut être fier de qui vous êtes ! », avant d’aller négocier avec les « grands frères » l’expulsion d’un squat devenu un peu trop gênant pour la municipalité.

La religion, Ahmed connait un peu. Ses parents sont pratiquants, à la maison. Ils ne demandaient d’ailleurs pas autre chose lorsqu’ils sont venus en France. Pas de vague. Pratique de la religion à la maison et retraite prévue au pays, au bled. Mais les choses ne se sont pas passées comme cela. Le regroupement familial et la volonté politique de faire venir toujours plus d’immigrés depuis l’autre côté de la Méditerranée auront enlevé aux parents d’Ahmed toute envie de rentrer. « On se sent comme chez nous ici maintenant », disent-ils, avec un sourire honnête, alors que les derniers Gaulois du quartier ont pris la fuite, étant devenus une minorité sur leur propre sol.

Et puis il y a la Palestine. Ahmed est bête à bouffer du foin, il n’est pas capable de réciter Hugo dans le texte, y compris en arabe, mais sur la télévision de ses parents, allumée toute la journée, il voit bien que des gens qui lui ressemblent physiquement se révoltent contre d’autres, « les juifs », qui ne veulent pas leur laisser un pays. C’est donc décidé, après les keufs et les faces de craie, Ahmed va se mettre à détester les juifs. Il se procure un keffieh et se prend désormais dans la cité pour le nouveau Cheikh Yassine, grâce à quelques phrases d’arabe savamment apprises par cœur.

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Et puis viennent la guerre en Irak, la guerre en Syrie, l’assassinat de Kadhafi, et les responsables politiques français qui abandonnent  la politique arabe traditionnelle qu’avait suivie la France. Ahmed bien entendu n’est pas un géopoliticien. Il  n’y comprend pas grand chose, si ce n’est qu’au final, ce sont ses « frères » (pas Jonathan de l’Indre ni Erwan du Finistère) qui sont en train d’en prendre plein la tête. Idiot sûrement, mais conscientisé ethniquement comme l’est tout individu digne de ce nom, bien évidemment.

D’autres personnes de la cité, immigrées ou enfant d’immigrés comme lui, qui se sentent tout aussi « au pays ici » que les parents d’Ahmed, ont repéré ce dernier : ils sont moins bêtes à manger du foin que lui. Ils ont étudié en France — grâce à des bourses que d’autres, dans la Creuse par exemple, n’auront pas. Ils ont été brillants. Ils ont ensuite voyagé et sont retournés vers leurs racines profondes. Ils ont étudié cette religion qui fait tant parler d’elle — il faut le dire, pas en bien — à travers le monde. Ils sont un peu plus calés en géopolitique qu’Ahmed. Ils ont clairement choisi quel était leur camp, qui était l’ennemi. Ils l’ont désigné. Ils se gargarisent que cet ennemi désigné les laisse faire, les laisse évoluer en son sein.

L’ennemi, c’est l’infidèle. Le non-musulman. L’Européen. L’Occidental. Le catholique. Pire encore, le païen. Sans oublier le juif, responsable bien évidemment dans la tête de ces individus de tous les maux des Palestiniens. Ne leur parlez pas des rivalités, des factions, des haines internes… de Gaza à Ramallah…

Ahmed, qui veut quand même survivre un peu dans sa cité glauque de banlieue parisienne à défaut de pouvoir vivre paisiblement dans un bled où vivaient ses ancêtres, deale. Malheureusement pour lui, il finit par aller en prison. Au bout de la 14e condamnation, le juge, qui se savait attendu à la sortie du tribunal, lui a dit avec un clin d’œil « Désolé Ahmed, mais là, tu comprends, il y a l’opinion publique qui ne comprendrait pas, mais je vais t’arranger ça ». Alors Ahmed va en prison. Il a pris quatre ans pour un go fast pour lequel il devait toucher 10 000 euros, mais qui a mal tourné. Il sait qu’il n’a que quelques mois à tenir. Tout le quartier le sait. Toutes les cités le savent. Toute la France le sait. Les journalistes et responsables politiques qui le savent ne le disent pas : entre remise de peine et bracelet électronique, il ne passera pas Noël à Fleury.

De toute façon, il y retrouve quelques copains du quartier, mais aussi un des barbus à qui il avait adressé quelques mots l’an passé. Un barbu qui, manifestement, est le chef de tout le secteur de la prison. Tout le monde l’écoute, même les petits caïds. Dans sa cellule, on lui offre un Coran. Ahmed est content. Il le lit, difficilement eu égard à son niveau désastreux en arabe comme en français. Il percute. Il retient quelques passages qui le confortent dans ses « idées » et qui lui font, à lui aussi, désigner son nouvel ennemi juré. Ils vont voir ces bâtards !

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À sa sortie de prison, Ahmed est devenu beaucoup plus calme. Ses parents ne le reconnaissent pas. Il semblerait presque un peu plus intelligent quand il récite quelques versets du Coran ou quand il évoque la situation en Syrie où les « frères » viennent de recevoir des armes des armées occidentales pour se battre contre Bachar. Et voilà qu’il se met à fréquenter la mosquée que le maire de droite de la commune a fait des pieds et des mains pour ouvrir. Il est vrai qu’ici la proportion de musulmans est de 53 %. Cela permet de s’assurer temporairement une réélection. À la mosquée, il rejoint le groupe qui l’avait repéré avant la prison. Ce sont ses nouveaux amis.

Il regarde désormais avec un peu de mépris ses anciens copains du quartier. Ils n’ont réussi ni dans le grand banditisme, ni dans l’islamisme. Ils se contentent de temps à autre de tourner des clips où ils exhibent de la coke et des armes, clips qui parait-il ont plu à la nouvelle ministre de la Culture, qui « kiffe » la banlieue.

Mais Ahmed n’est pas très discret : il se la raconte sur Snapchat, sur les réseaux sociaux. Il bombe le torse à la recherche d’une femme musulmane à qui il parle de voile islamique et de pudeur, entre trois pornos spécial « beurettes » dénichés sur Youporn. Il parle trop. Il est rapidement repéré et identifié par la police quand il se félicite ouvertement des attentats qui ont tué à Paris. Il est suivi, juste ce qu’il faut.

Les frères le sentent. Ils envoient Ahmed voyager lui aussi, et apprendre. A défaut de pouvoir réfléchir par lui même, il pourra au moins apprendre le Coran par cœur et se former au maniement sommaire des armes.Quelques mois passent, Ahmed revient. La bave aux lèvres.

Mais les frères lui demandent de rester calme pour le moment. Ahmed est suivi, traqué par la police, écouté. Il n’a encore rien fait de mal, mais on lui met une fiche sur le dos. Ahmed est devenu un islamiste potentiellement dangereux. De longs mois passent.  Ahmed connait parfaitement le fonctionnement des autorités. Il sait qu’une surveillance n’est pas infinie, surtout s’il n’y a plus aucun doute à avoir sur l’individu. La France, ce n’est pas Guantanamo : on ne va quand même pas enfermer des islamistes potentiels ! Ou les expulser du pays ! Ce serait inhumain et la Ligue des droits de l’homme monterait au créneau !

« De toute façon, ils ne peuvent pas, tu es Français », lui dit en rigolant l’un des frères en lui montrant sa pièce d’identité. Cette « insulte » fait moyennement rire Ahmed, mais bon : ils vont voir ce qu’ils vont voir, se dit-il alors dans sa tête. Puis il coupe les ponts avec eux. Il a assez appris de toute façon, et les choses n’avancent pas. Ils l’ont grillé. Ce n’est pas discret. En apparence…

Alors Ahmed se coupe la barbe. Il aide le candidat de gauche durant la campagne des municipales, en mobilisant les jeunes du quartier : « c’est pour les musulmans qu’il est, il faut voter pour lui mes frères ! ». Il décroche un job d’animateur à la MJC locale. Il arrondit ses fins de mois discrètement, avec un peu de cannabis par-ci par-là. La police, qui a des milliers d’Ahmed à surveiller, n’en a absolument pas les moyens. « Il faut se concentrer sur la lutte contre le harcèlement de rue et sur la répression du racisme et de l’islamophobie. Ce qui se passe ici, dans la cité, pas trop de vague », explique un officier de police en ricanant noir vis-à-vis de ses nouvelles recrues sorties de l’école, terrifiées à l’idée de devoir travailler dans les quartiers dits « sensibles ».

Nous sommes un an après : Ahmed a réussi à se procurer pour pas cher une kalachnikov, deux chargeurs, un glock 17, deux chargeurs, un couteau de chasse. Il n’a pas pris d’explosif, il n’a jamais compris comment les fabriquer, même quand les frères lui ont montré. Il prend sa voiture. Plutôt que d’aller embaucher à la MJC où devait se produire ce soir le groupe favori du nouveau maire, connu pour son tube « Nike la France », il prend le périphérique. Il roule. Il jette un coup d’œil sur le Coran placé sur le siège passager. Il écoute de la musique pourtant proscrite par ce livre sacré des musulmans. Il est tendu, il a de l’adrénaline à revendre. C’est un combat permanent désormais entre sa peur et son envie.

Il ne tient plus, il prend une sortie. Il sait très bien que la caserne est là et que la commune est pleine de militaires qui y vivent avec leurs familles. Il s’arrête devant un supermarché, il charge son arme d’épaule, puis son arme de poing. Il met les deux chargeurs restants dans sa poche. Il s’enfile un rail de coke. Il sort, sans même mettre de cagoule. Une passante l’aperçoit à 50 m et s’enfuit en courant — elle racontera le soir même à BFMTV « qu’elle aurait pu y passer et qu’elle se considère comme une rescapée ». Il rentre dans le magasin : « Allah akbar », « Je suis un soldat de Daech ».

Coups de feu. Même armé face à des victimes désarmées, Ahmed est en difficulté, ne parvient pas à toucher ses cibles qui courent dans tous les sens. Il en abat une, deux, trois, quatre et puis c’est tout. Lui qui pensait « battre les gars du Bataclan » tout seul avec sa Kalachnikov, son Glock, et son apprentissage sommaire distillé par des recalés de l’armée afghane ! Il se retrouve alors seul, errant dans le magasin vidé de sa population. Quelques minutes passent, Ahmed entreprend alors de jeter un coup d’œil par une des fenêtres du secrétariat du magasin. Une balle signée « soldat du GIGN » lui explose alors la cervelle.

Ahmed s’effondre, mort, sur le sol glacial d’une supérette sans âme de banlieue parisienne, son Coran sortant de la poche de son jogging Lacoste tandis que les enceintes de ce temple de la consommation crachent le dernier « Maître Gims »…

Il aurait sans doute pu vivre « au bled », à des milliers de kilomètres de là, sagement, cultivant la terre de ses ancêtres.

Mais de Valéry Giscard d’Estaing et du regroupement familial à Nicolas Sarkozy et la guerre en Libye, des « potes » de SOS racisme et du PS à plusieurs décennies de laxisme, de reniement, de haine de soi, de déconstruction de la civilisation européenne, tout a été fait pour qu’il en soit autrement et pour donner naissance à des milliers de petits Ahmed en France. Mektoub…

Yann Vallerie

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Crédit photo : DR

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