Le nucléaire fait partie de ces sujets qui reviennent à intervalle régulier sur la table. Alors que le débat public sur la politique énergétique de la France a débuté le 19 mars, quelles sont les réelles évolutions possibles sur le sujet ?
Une question évitée ?
Le débat public national sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) se tient dans l’Hexagone du 19 mars au 30 juin. Le ministère de la Transition écologique et solidaire dirigé par Nicolas Hulot entend ainsi aborder plusieurs points.
En premier lieu, il sera question de contrôler la réalisation des objectifs fixés dans la loi de Transition et dans la PPE. Mais les émissions de gaz à effets de serre, la baisse des consommations, la progression des énergies renouvelables ou encore la rentabilité des investissements publics dans cette transition énergétique font partie des éléments à traiter. Mais, en revanche, le thème du nucléaire ne semble pas être accompagné d’un discours clair de la part du gouvernement.
Délai rallongé
« Comment ramener la part du nucléaire à 50% et dans quel délai ? Sur quels critères fermer certaines centrales ? Faut-il prolonger la durée de vie d’autres centrales au-delà de 40 ans ? Faut-il décider de la construction de nouveaux EPR ? ». Voilà les questions que le débat public entend officiellement poser.
Cependant, avant même l’ouverture de cette période de réflexion, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot avait déjà acté un rallongement des délais concernant la réduction de la part de nucléaire à 50% dans le mix électrique.
Un recul motivé par d’autres priorités gouvernementales, en l’occurrence la fermeture des centrales thermiques au charbon. Des centrales fortement polluantes en termes de dioxyde de carbone.
EDF en opposition
Au-delà des déclarations politiques, il y a les réalités économiques. Et sur ce terrain-là, les anti-nucléaires doivent faire face à un acteur de taille : EDF. Pour le géant de l’énergie, les choses sont claires. La société a réaffirmé en début d’année qu’elle entendait bien prolonger la durée d’exploitation de tous ses réacteurs à 50 ans. En conséquence de quoi, aucun de ses réacteurs nucléaires ne serait fermé avant 2029, hormis à Fessenheim.
Du côté des associations environnementales, l’heure n’est donc pas à la sérénité. Et ce débat public pourrait bien confirmer le manque de volonté manifeste du ministère de la Transition écologique. Ce dernier, s’il n’établit pas un calendrier clair quant aux fermetures de réacteurs dans l’avenir, autoriserait alors de manière sous-jacente la poursuite de l’activité nucléaire pour de nombreuses années.
Une prolongation de l’activité nucléaire qui posera inéluctablement la question de la maintenance et du renouvellement des infrastructures. Mais également celle du traitement des déchets radioactifs.
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