Le film Black Panther connait un immense succès depuis sa sortie, particulièrement aux États-Unis. Et, pour Marie Colmant, « journaliste » officiant notamment sur France Info, ce succès permet aussi de remettre « l’homme blanc » à sa place.
« Black power » et Obama
Impossible de ne pas avoir entendu parlé du phénomène Black Panther. Produit par Marvel Studios, le film a déjà franchi le seuil des 700 millions de dollars de recettes dans le monde alors qu’il n’est sorti que le 16 février aux USA. Aux États-Unis justement, Black Panther s’approche des records puisque le film est désormais le quatrième à obtenir plus de 100 millions de dollars de recettes après seulement deux weekend de projection.
Mais ce que révèlent par ailleurs les analyses d’audience, c’est le rôle identitaire du film pour une partie du public. Ainsi, près de 37 % des spectateurs aux États-Unis sont d’ascendance afro-américaine. Une catégorie qui ne représente guère plus de 15 % en moyenne pour les films de ce genre.
Une consécration des Afro-américains confirmée par un tweet de Michelle Obama vantant les mérites socio-culturels (pour ne pas dires raciaux) de Black Panther :
« Grâce à vous, les jeunes verront enfin des super-héros qui leur ressemblent sur grand écran ».
Congrats to the entire #blackpanther team! Because of you, young people will finally see superheroes that look like them on the big screen. I loved this movie and I know it will inspire people of all backgrounds to dig deep and find the courage to be heroes of their own stories.
— Michelle Obama (@MichelleObama) 19 février 2018
« Florissant et raffiné »
Cependant, de la fierté d’une communauté outre-Atlantique à la critique d’une autre en France, il n’y avait qu’un pas. Qui a été franchi joyeusement par la journaliste Marie Colmant sur les ondes de France Info, radio du service public.
Lors de son intervention quotidienne intitulée Le monde de Marie, Marie Colmant s’est penchée sur le phénomène Black Panther lundi 26 février. « Un pays moins imaginaire qu’il n’y parait » selon elle. Car, si le Wakanda, pays de fiction évoqué dans le film, est « doté d’une puissance technologique incomparable » et « d’une armée de femmes formant un conseil de sages pour assister le monarque », il n’y aurait pas de fumée sans feu pour Marie Colmant.
Cette dernière considère qu’un « pays africain florissant et raffiné, sans que nulle part, on ne voit pointer le moindre homme blanc » a déjà existé par le passé. En vrai. Puis elle développe sa thèse. En affirmant que « les créateurs de Marvel se sont appuyés sur deux grands exemples historiques pour construire ce blockbuster ». Et de citer la culture de Nok (actuel Nigéria) ainsi que le royaume de Mutapa.
Marie Colmant et l’homme blanc
Toutefois, le billet de Marie Colmant ne pouvait se contenter d’évoquer les clins d’œil historiques faits par Black Panther. Il fallait bien écorner un peu l’image de la vieille Europe et de l’homme blanc au passage. Ainsi que de Donald Trump au surplus.
Ce qui ne manqua pas de se produire : « Mais les livres d’histoire n’en parleront pas. Parce que c’est plus commode pour le grand récit de la colonisation européenne du XIXe siècle de raconter qu’il n’y avait rien avant l’arrivée de l’homme blanc providentiel. Un récit bien enraciné, encore aujourd’hui, jusque dans la tête du président Trump qui conseillait, en juin dernier, aux Nigérians clandestins aux États-Unis de ‘retourner dans leurs cases’. Pas sûr qu’un super-héros suffira à changer cette histoire ».
À entendre Marie Colmant, pas certain non plus que l’ethno-masochisme européen soit remis en cause sur les ondes publiques.
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Gage Skidmore)
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