Le festival de la Saint-Loup était jadis un rendez-vous incontournable de la culture bretonne. Mais, comme nombre de ses concurrents, il accorde désormais une (trop) grande place aux cultures « d’ailleurs ». Au détriment de la Bretagne.
Du Bleun-Brug à la gauche culturelle
À Guingamp, la Saint-Loup ne date pas d’hier. Et pour cause. La fête, initialement religieuse, fut créée avant les révolutions républicaines de la fin du XVIIIème siècle. Interrompue lors de cette période de troubles, elle refera son apparition au début du XIXème.
Au XXème siècle, le rendez-vous continue de célébrer la musique et les danses bretonnes puis conviera par la suite de nombreux cercles celtiques. En 1925, la Saint-Loup est organisée en même temps que la fête du Bleun-Brug, association catholique bretonne fondée par l’abbé Yann-Vari Perrot.
C’est à partir de 1957 que le comité Kendalc’h et le comité des fêtes lanceront une version de la Saint-Loup qui sera relativement similaire à la forme actuelle du festival. Depuis, l’événement sert de cadre au concours national de danses bretonnes de la confédération de danses Kendalc’h. Mais, force est de constater que le caractère breton et traditionnel de la Saint-Loup disparaît progressivement. La programmation de l’édition 2018 en est une nouvelle preuve.
Gauvain Sers, le « nouveau Renaud »
Lors des années passées, les organisateurs du festival proposaient déjà au public guingampais de drôles d’artistes « bretons ». Ainsi, Gérald de Palmas ou encore le chanteur Amir faisaient partie des invités de l’été 2017. Une course à la « diversité » qui vient faire de la Saint-Loup un festival comme les autres. Sur les traces des Vieilles Charrues ou du Festival du Bout du Monde.
Ce virage multiculturel semble se poursuivre en ce qui concerne le cru 2018. Le comité d’organisation a annoncé avec fierté lundi 26 février le nom de la tête d’affiche de la prochaine édition. Il s’agit de Gauvain Sers, qualifié à l’unanimité par la presse musicale française comme le « nouveau Renaud ».
Une référence que le jeune auteur-compositeur interprète ne renie pas puisqu’il a notamment chanté à plusieurs reprises en première partie de Renaud. Un Renaud dont les textes, souvent politiques, n’ont jamais eu de sympathie pour les identités « poussiéreuses » de l’Hexagone et dont la Bretagne fait partie.
Tandis que le festival se tiendra du mardi 14 au dimanche 19 août 2018, Gauvain Sers sera sur scène le mercredi 15 août à 22 heures. La première partie du chanteur originaire de la Creuse sera assurée par un slameur du nom de Govrache. Dont l’univers est lui aussi loin, très loin, de la Bretagne.
À trop chercher à se couper de la culture bretonne traditionnelle, les organisateurs de la Saint-Loup pourraient bien se couper du public par la même occasion.
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Sébastien Meiresonne)
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