Irlande du Nord. Avouant 5 meurtres, un indic loyaliste voit sa peine réduite de 35 à 6 ans de prison

31/01/2018 – 07h00 Belfast (Breizh-Info.com) – Gary Haggarty, ancien chef d’unité de l’UVF (Ulster Volonteer Forces), groupe paramilitaire loyaliste en Irlande du Nord, a vu sa peine réduite à 6 années de prison (au lieu des 35 prévues) à Belfast. Les familles catholiques des victimes assassinées sont effondrées par ce jugement jugé particulièrement permissif vis à vis de celui qui fût un indicateur de police loyaliste.

Ce dernier, qui a avoué 5 meurtres et plus de 200 infractions a en effet bénéficié d’une peine moindre en raison de sa collaboration en tant qu’indicateur de police. Ayant déjà purgé 1 186 jours de prison provisoire (un peu plus de trois ans de prison) il réside désormais dans un lieu tenu secret depuis 2007.

Parmi les crimes pour lesquels Haggarty a été poursuivi figurent l’assassinat de deux ouvriers catholiques, Eamon Fox et Gary Convie.

Les deux hommes avaient été assassinés sur un chantier dans le bastion loyaliste de North Queen Street, dans le nord de Belfast, en mai 1994, quelques mois seulement avant que les groupes terroristes loyalistes de l’Ulster ne déclarent un cessez-le-feu.

John Harbinson, Sean McParland et Sean McDermott ont également été assassinés par ce dernier.

Gary Haggarty, 45 ans, agissait dans le nord de Belfast. Condamné plusieurs fois à de lourdes peines, il a bénéficié à chaque fois de mansuétudes car il a été informateur de la police (rémunéré) pendant 11 ans. Un des juges a déclaré que les infractions étaient « d’une gravité exceptionnelle », mais qu’il avait fourni des renseignements importants.

Belfast. Une virée dans les enclaves chargées d’histoire de la ville [photos]

« C’est un tueur en série »

Au total, 23 chefs d’accusation lui été reprochés, du complot en vue de commettre un meurtre, à l’organisation du terrorisme ou encore à l’appartenance à une organisation terroriste.

Après avoir témoigné en 2009, Haggarty a fourni des informations sur 55 meurtres et 20 tentatives d’assassinats commis par des loyalistes au cours de 1 015 entretiens avec la police. Des informations qui ne serviront pas à grand chose, puisque seul un homme doit être poursuivi pour un double meurtre,  la grande majorité des personnes balancées par M. Haggarty ne pouvant pas, faute de preuves, faire l’objet de poursuites judiciaires .

Le jugement du Belfast Crown Court indique que la peine d’emprisonnement de 35 ans a été réduite de 75 % en raison de l’aide accordée aux procureurs puis de 25 % pour les aveux de culpabilité de Haggarty. Le juge a déclaré que les 202 infractions avouées par Haggarty avaient été commises au cours d’une « campagne terroriste sur une période de 16 ans » entre 1991 et 2007 tandis que les motivations de l’indic loyaliste semblent relever, selon le tribunal, plus du pragmatisme et de l’intérêt que de la repentance.

Désormais, Haggarty devra faire face, selon le tribunal toujours, à « des risques personnels considérables », ses anciens compagnons de lutte n’ayant pour certains pas digéré cette trahison, tandis que du côté catholique et nationaliste, certains appellent à la vengeance.

Keiran Fox, dont le père, Eamon, a été assassiné par Haggarty, a déclaré que ce jugement été un « permis de tuer ».  « Comment un homme condamné pour tant de crimes peut-il être libéré aujourd’hui ? Il a peut-être l’air gentil, mais c’est un tueur en série ».

http://gty.im/911719190

Pendant les troubles en Irlande du Nord, l’Ulster Volunteer Force (UVF) a tué plus de 500 personnes, dans la guerre sanglante qui l’a opposé à l’IRA. La campagne du groupe paramilitaire loyaliste a également coûté la vie à 33 personnes lors des attentats à la bombe de Dublin et de Monaghan en 1974.

Le nom de l’organisation remonte à la force protestante formée pour s’opposer au Home Rule en 1912. Ce nom a été ravivé en 1966 lorsque les loyalistes se sont unis pour s’opposer à l’unionisme modéré et à la montée du nationalisme irlandais, alors que l’Irlande commémorait le 50e anniversaire de l’insurrection de Pâques 1916.

Depuis, l’aile politique de l’UVF, le Parti unioniste progressiste, a joué un rôle de premier plan dans le processus de paix et a soutenu les accords de paix dits du Vendredi Saint.

Crédit photo : DR
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