22/01/2018 – 07h15 Paris (Breizh-info.com) – Présidence de l’Assemblée nationale : la place est prestigieuse. Quatrième personnage de l’État, le président de l’Assemblée nationale, actuellement François de Rugy, dispose de nombreuses prérogatives dont certaines sont inscrites dans la Constitution.En outre il a surtout un rôle primordial en matière d’organisation du travail parlementaire et de direction des débats en séance publique. Le poste est donc (très) convoité. L’actuelle législature, Jupiter régnant, ne fait pas exception à la règle.
« C’est l’histoire d’un duel souterrain au somment de la Macronie. Pas une guerre ouverte mais une lutte d’influence qui se joue en coulisse depuis le début du quinquennat entre le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, et le patron du groupe La République en marche (LREM), Richard Ferrand. Depuis près de six mois, ces deux poids lourds du dispositif d’Emmanuel Macron au Parlement sont engagés dans un bras de fer, afin de savoir qui sera le détenteur du perchoir fin 2019. » (Le Monde, mercredi 20 décembre 2017)
Point de départ : les promesses imprudentes de François de Rugy. D’abord sur France info (28 juin 2017), « il avait affirmé qu’il démissionnerait à mi-mandat : « C’est un engagement qui a été pris collectivement et individuellement, je ne vais pas le remettre en cause. » Il avait alors souligné l’avoir « dit devant le groupe des députés de la République en marche. » Surtout, il était allé jusqu’à promettre de ne pas être candidat à sa propre succession afin de « permettre à de nouveaux députés d’accéder à des postes à responsabilité. » Un engagement réaffirmé dans un entretien au Monde, publié le 7 juillet : « Dans deux ans et demi, je remettrai mon mandat en jeu.» (Le Monde, mercredi 20 décembre 2017).
Mais cinq jours plus tard, un sérieux rétropédalage intervient sur France Bleu : « En ce qui me concerne, je suis élu pour cinq ans, ça c’est un fait. » Ces quelques jours lui avaient certainement permis de lire l’article 32 de la Constitution : « le président de l’Assemblée nationale est élu pour la durée de la législature. » Sans oublier une intervention énervée de Jupiter : « On ne triture pas les institutions pour convenances personnelles » (Le Canard enchaîné, 9 août 2017). Message très clair envoyé à Ferrand qui avait plaidé, trois jours après son élection à la tête du groupe LREM, en faveur du « renouvellement » à mi-mandat.
François de Rugy conservera donc la présidence de l’Assemblée nationale jusqu’en 2022 : « Pour moi, il n’y a aucune nouveauté. En fait je dis la même chose depuis le début ». (Presse Océan, samedi 13 janvier 2018). En réalité de Rugy a la mémoire qui flanche ; il oublie ses déclarations à France info et au Monde ! Habilement, il adopte une position de repli qui n’engage à rien : « Au sein du groupe En Marche, on a toujours dit que nous ferions un bilan à mi-mandat. » Et de mentir gentiment : « Je ne me suis jamais engagé sur une démission automatique à mi-mandat. On fera le bilan. » (Presse Océan, samedi 13 janvier 2018)
Mais il faut compter avec les élections municipales de 2020. Si Jupiter lui demande de prendre la direction de la liste LREM à Nantes, de Rugy ne pourra pas se débiner. Devenir maire de Nantes signifierait alors l’abandon des ors de l’Hôtel de Lassay. En attendant il lance un avertissement à Johanna Rolland (PS) : « Je ne pense pas que LREM sera dans l’optique de faire de la figuration, ni à Nantes ni ailleurs. Par ailleurs, il ne m’a pas semblé que la maire de Nantes avait l’intention de rejoindre LREM. » (Presse Océan, samedi 13 janvier 2018)
Voilà une façon aimable de rappeler à Mme Rolland quelques vérités élémentaires. D’abord, au premier tour de l’élection présidentielle, à Nantes, Emmanuel Macron avait terminé en tête avec 30,83% des suffrages exprimés (46 072 voix) tandis que le candidat soutenu par l’hôtel de ville –Benoît Hamon – n’arrivait qu’en quatrième position (10,98%) -16 409 voix). Ensuite, aux élections législatives de juin, les candidats marcheurs se sont emparés des cinq circonscriptions nantaises : François de Rugy à Nantes – Orvault (66,14%), Valérie Oppelt à Nantes – centre (59,99%), Anne–France Brunet à Nantes – Saint-Herblain (56,26%), Aude Amadou à Nantes – Rezé (56,93%), Sarah El Haïry à Nantes – Carquefou (61,02%). A bon entendeur, salut ! doit penser François de Rugy.
Bernard Morvan
Crédit photo : Velvet/Wikimedia (cc)
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