Printemps 1944, dans le bourg breton de Saint-Nicolas-du-Pélem (Côtes-d’Armor). En ces temps de restriction, Jules, âgé de dix-sept ans, chasse le merle, l’écureuil et pêche la truite. Il rencontre le trentenaire Georges, Russe blanc en exil. Malgré leurs différences, une profonde amitié va se nouer. Détestant le régime communisme, Georges porte des souliers rouges pour écraser, à chacun de ses pas, la vermine bolchévique.
Mais un détachement allemand escorté par un bataillon de cosaques arrive dans le village et prend possession du château. Sa mission consiste, avec l’aide de la Milice locale, à « nettoyer » la région de ses Résistants. Quelques jours plus tard, un soldat allemand pacifique et francophile est assassiné par des résistants. Par hasard, les deux amis sont les premiers à découvrir son corps, précédant de peu l’arrivée de soldats allemands. Poursuivis, ils parviennent à s’échapper…
La bande dessinée Les souliers rouges évoque les événements survenus à Saint-Nicolas-du-Pélem au printemps 1944.
Le scénariste Gérard Cousseau, alias Gégé, s’est inspiré du vécu de son beau-père Jules : « il fuyait le STO et il me racontait comment il avait échappé à la rafle de Saint-Nicolas, caché derrière une armoire. La rencontre avec Georges Mikelitch est réelle ». L’histoire de ses chaussures de couleur rouge est ainsi authentique.
Damien Cuvillier dessine en couleurs directes. Cela procure une force supplémentaire à son dessin. Avec sérieux, il reconstitue le bourg de Saint-Nicolas-du-Pélem de l’époque. Il dessine avec réalisme le château du Boisboissel ou la chapelle Notre-Dame du Ruellou. Il prend même le soin de rappeler qu’elle contient une roue à carillon. En bois polychrome à douze rayons, c’est la seule qui est ornée et coloriée, en l’honneur de la Vierge. Autrefois la jante portait douze clochettes alternativement bleues, grises ou jaunes. Elle était actionnée par un clerc lorsque le prêtre présentait l’hostie aux fidèles, ou lors des baptêmes, mariages et pardons.
Si on peut regretter un certain manichéisme dans la mise en scène de certains personnages – mais c’est la loi du genre – celui du Russe blanc, dénonçant autant le totalitarisme communiste que le totalitarisme nazi, y échappe heureusement.
Le tome 2 sera consacré au nettoyage des maquis des Monts d’Arrée. En effet, une résistance croissante s’était organisée sous l’impulsion des FTP des maquis mobiles Tito (du nom du chef de la résistance communiste en Yougoslavie). Saint-Nicolas-du-Pélem abritait à ce moment, en plus des maquisards, l’état-major départemental des FTP et la direction régionale du Parti Communiste, précisément dans la Chapelle du Ruellou. Saint-Nicolas-du-Pélem est libéré en août 1944.
Les souliers rouges, Editions Grand Angle, 13,90 euros.
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