Quelles ambitions pour le port de Saint-Malo ? La question est posée. Au-delà d’être une destination touristique prisée et le point de départ de la Route du Rhum, la cité corsaire ne brille pas particulièrement par son dynamisme portuaire. Une situation à laquelle entend remédier la CCI d’Ille-et-Vilaine. Mais des limites devraient vite apparaître.
La CCI veut renouveler son bail
Le port de Saint-Malo est la propriété de la Région Bretagne depuis 2007. Mais la gestion des infrastructures a été déléguée à un opérateur. En l’occurrence à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Ille-et-Vilaine. La concession de la CCI 35 arrive à son terme à la fin de l’année 2018. Un appel d’offres pour la reprise de la délégation portuaire a été lancé par la région.
Alors qu’elle souhaite en conserver l’exploitation, la Chambre de Commerce va proposer un dossier de candidature à sa propre succession. Une candidature dans laquelle la CCI s’est entourée de plusieurs partenaires. Parmi ceux-ci, le Crédit Agricole, la Banque Populaire du Grand Ouest mais aussi SemBreizh ou encore la CCI du Finistère.
« Hissez haut Saint-Malo »
Le projet de reprise prévoit ainsi un plan d’investissement pour les 25 prochaines années. Baptisé « Hissez haut Saint-Malo », le dossier entend réaliser 150 millions d’euros de dépenses, matérialisées notamment par des infrastructures. À titre informatif, la CCI 35 est également en charge de la gestion des aéroports de Rennes et de Dinard.
La CCI d’Ille-et-Vilaine compte par ailleurs transformer le port de Saint-Malo en « un pôle économique régional et une porte d’entrée et de sortie, et donc de débouchés, pour les entreprises bretonnes ».
Mais concrètement, en quoi consistent ces ambitions ?
Une gare maritime pour seule perspective
La gestion du port par la Chambre de Commerce comprend plusieurs activités distinctes. Tout d’abord, la CCI aura en charge la criée située sur les quais du bassin Bouvet. Elle régira aussi le terminal ferry du Naye, la réparation navale et le trafic des marchandises du port de commerce.
Et, malgré les bons mots et la communication ambitieuse de la direction de la CCI sur sa volonté de « développer tout le potentiel portuaire », la réalité sera beaucoup plus timorée.
Ainsi, le seul chantier prévu pour l’heure est la construction d’une nouvelle gare maritime avec pour finalité l’accueil de navires de plus grandes capacités. Sachant que le terminal du Naye ne fonctionne qu’avec le trafic transmanche, il aurait été intéressant que la Chambre de Commerce évoque ses pistes pour développer le trafic en question. L’activité du transmanche est déjà saturée par les opérateurs et les rotations actuelles sont largement suffisantes en termes de capacités.
Définitivement à la traîne
Accessoirement, le projet de candidature doit également comprendre un volet sur l’aménagement des terre-pleins et sur une meilleure liaison entre le port et la ville. Mais, avec un peu d’honnêteté intellectuelle, il apparaît assez évident que Saint-Malo restera un port secondaire dans les années à venir. Comment augmenter le trafic du port de commerce alors que les infrastructures sont enclavées dans la ville et que les obstructions à leur développement sont nombreuses ?
Comment s’imposer sur un territoire quand Nantes Saint-Nazaire, Brest et même Lorient sont davantage attractifs pour les chargeurs comme les armateurs ?
Voilà des questions que la CCI et l’ensemble des acteurs politiques, malouins comme bretons, devront se poser tôt ou tard. Au risque de voir les ambitions de Saint-Malo toujours bloquées à quai dans 25 ans, malgré le plan d’investissement.
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Pline)
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