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Que reste-t-il de la Bretagne ? La question, régulièrement posée ironiquement aux nationalistes bretons, suscite un malaise de plus en plus palpable. À juste titre : il n’y a plus grand-chose qui sépare les derniers signes de notre vieux fond breton du reste de l’hexagone.
La francisation, menée au pas de charge et secondée désormais par ce concept généraliste de mondialisation, n’a pas laissé beaucoup de traces de survie de l’âme bretonne. Mais il existe un terrain sur lequel tout n’est pas perdu. Bien au contraire !
La langue bretonne pourrait bien être cette ligne de démarcation, ce cordon sanitaire entre nous et « les autres ».
Une barrière linguistique qui, à défaut de rendre la Bretagne totalement hermétique à l’invasion culturelle et migratoire, aurait au moins un avantage : développer un communautarisme breton corrélé à une prise de conscience ethnique.
Car, quoique certains gauchistes forcenés en pensent, de par sa structure et sa complexité, le breton ne sera jamais une langue apprise par les extra-européens. Avec un peu d’honnêteté intellectuelle, il est assez aisé de reconnaître que les quelques contre-exemples au sein des écoles Diwan ne deviendront pas une généralité.
Quant à utiliser la langue bretonne comme outil de reconstruction nationale, l’idée est tout sauf saugrenue lorsque l’on regarde ce qui s’est fait (et se fait toujours) ailleurs. Et en matière de sauvetage ethnolinguistique, il y a des peuples qui s’en sortent mieux que d’autres.
La barrière du flamand
Englué un temps dans une Belgique socialiste et francophone (toute ressemblance avec un État jacobin en voie d’africanisation serait purement fortuite), le Lion des Flandres a retrouvé de sa superbe.
Alors qu’il fut longtemps rappelé aux Flamands que leur langue n’aurait pas valeur de langue nationale et que l’usage du français avait eu cours au sein même de leurs élites, le rapport de force a été grandement inversé depuis. Dans la vie publique comme politique, le flamand a gagné du terrain. À tel point même que les accrochages avec les francophones et les reproches de ces derniers se sont multipliés. Le communautarisme flamand et son intransigeance linguistique en dérangent plus d’un, en Wallonie comme dans la région de Bruxelles-Capitale. Une ville historiquement flamande que l’immigration et le métissage ont transformé en ville-monde ayant fait table rase de son passé.
Mais le point le plus intéressant reste l’usage de la langue dans la vie économique. Ainsi, la règle est simple là-bas : les entreprises ne recrutent que des néerlandophones. Entendez-par là des locuteurs flamands. Un moyen drastique de sélectionner les candidats dès l’entretien d’embauche. Hormis les Flamands natifs, les autres postulants sont donc en très grande majorité issus de cultures proches. Des Européens du Nord pour faire simple.
Une barrière linguistique qui ne laisse que peu de place aux critiques : la Flandre se porte bien économiquement. Très bien même. Beaucoup mieux que ses voisins wallons ou français de ce que l’on nomme désormais les Hauts-de-France.
La volonté de l’hébreu moderne
Alors que le flamand est, à l’heure actuelle, parlé par plus de 50 % de la population en Belgique, il est facile de nous opposer que la langue bretonne reste très minoritaire. Elle perd même des locuteurs en valeur absolue chaque année.
Mais, là encore, la volonté peut triompher de tout. Le breton moderne, à l’orthographe unifiée, n’est-il pas né du travail acharné d’une poignée de militants infatigables ? Il est aujourd’hui enseigné dans nos écoles bilingues et reconnu de tous, à l’exception de la République française.
Avant de devenir la langue officielle d’un petit État puissant, parlée par plus de huit millions de personnes, dans quelle situation se trouvait l’hébreu à la fin du XIXème siècle ? Ben Yehouda et ses amis n’étaient pas nombreux à y croire à l’époque lorsqu’ils le modernisèrent, l’enrichirent puis l’enseignèrent, de façon confidentielle tout d’abord, dans ce qui deviendra plus tard l’État d’Israël.
En breton avec les nôtres
Les deux exemples précédents, modèles de communautarisme, doivent inspirer la volonté bretonne. Vivre et penser en breton, en plus de nous rapprocher de notre rôle historique de « Peuple du grand Nord-Ouest européen », doivent nous permettre de sauver ce qui peut l’être de notre personnalité bretonne.
À ce sujet, comme il est suggéré en introduction, nous devons tenir le discours de la vérité : les modes de consommation et d’habitat, les influences culturelles et idéologiques, les évolutions sociétales sont aujourd’hui similaires en France et en Bretagne.
Même le pessimisme économique, fait de résignation et de foi aveugle dans le « stato-socialisme » français, a gagné depuis longtemps la péninsule bretonne. Les entrepreneurs y sont bien moins nombreux que les geignards en tout genre et les futurs fonctionnaires.
Une fois ceci exposé, comprenons donc l’urgence de sortir de ce cercle plus que vicieux. Pour cela, la langue bretonne est notre dernier atout. L’ultime carte pour sauver une identité vantée à tort et à travers mais qui, concrètement, n’a aucune emprise sur la société bretonne à l’heure actuelle. Les produits « régionaux » et les festivals à outrances ne nous sauveront pas d’une disparition programmée.
Voilà pourquoi nous devons prendre, apprendre et réapprendre le breton. Comme l’ont fait Flamands et Israéliens. À l’école, à la maison, dans nos universités et entreprises. Sans honte et sans peur. Avec une seule ambition : survivre !
En anglais avec les autres
Et nous les voyons déjà poindre à l’horizon, ceux qui s’empresserons de nous rappeler qu’une « petite » Bretagne, isolée, parlant breton avec elle-même, n’ira pas bien loin.
La réponse, claire et tranchée, résonne déjà comme une évidence. Nous sommes Bretons ET Européens. La seule langue qui vaille dans les échanges avec nos frères du continent est l’anglais. Une langue aujourd’hui maîtrisée de tous, des Latins aux Slovènes, des Croates à la Baltique. Bien que le chinois ou l’arabe soient en développement constant, démographie oblige, l’anglais est aujourd’hui la langue des échanges internationaux. Du business à la politique, la langue de nos cousins britanniques est incontournable.
Seuls les Français, nostalgiques d’une gloire passée et toujours en première ligne dans le chauvinisme anti-européen, rechignent à maîtriser parfaitement l’anglais. La francophonie a pourtant un avenir. Mais, malheureusement pour elle, celui-ci se trouve en Afrique ! Emmanuel Macron dans le texte.
Que ce dernier nous excuse par avance de vouloir lui fausser compagnie. Traverser la Méditerranée à bord du Titanic cosmopolite français n’est pas une perspective réjouissante pour la vieille ethnie européenne que représentent les derniers bretons.
Plus que jamais, nous sommes maîtres de notre destin. Il nous suffit simplement d’en prendre conscience et de nous mettre au travail. Dans un futur proche, la seule frontière qui puisse être rétablie en Bretagne sera linguistique. Les questions migratoires suivront. Le quasi-monopole de la gauche culturelle sur la langue bretonne n’est que le résultat de notre fainéantise. WAR-SAV !
Youenn Kereon
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12 réponses à “La langue bretonne comme dernière barrière ethnique ? [Tribune libre]”
Et le gallo est un des instrument français de l’acculturation bretonne…!
Le gallo est un dialecte qui se respecte. Il peut être manipulé par certains, certes, mais il ne faut pas le rejeter par principe.
Le gallo est un trait d’union entre une « Celtie » et une « Latinité », ventre fécond de l’Europe occidentale. À sa mesure, surtout symbolique, mais il peut aussi être cela. Et c’était d’abord une langue de paysans, donc d’une certaine sagesse perdue.
Le breton a certes une plus grande originalité qui lui procure une valeur particulière et une certaine priorité. Lui opposer le gallo est en effet dommageable, comme c’est trop souvent pensé, mais le breton ne doit pas s’opposer non plus au gallo, ou c’est se limiter à la basse réaction des faibles.
Les deux peuples bretons ont bien réussi à s’allier pendant 1000 ans malgré le fossé linguistique, non ? Ils ont compris que c’est aussi la terre, le territoire qui leur imposait un destin, des valeurs et une volonté commune.
Non, le gallo-roman est différent du français…et de Nantes-Rennes à Brest, nous sommes Breton par l’Histoire depuis 1200 ans !
Bloavezh mat d’an holl !
J’ai fait un tour au salon du livre breton de Carhaix, et force est de constater que la « diversité-qui-nous-enrichit » était très peu présente, ce qui ne fut pas un déplaisir pour moi, bien au contraire … Breizh da virviken, sans la gauche, si possible !
Demat.
Vous prenez vos rêves pour des réalités !
Que la langue fasse que les Bretons se détachent petit à petit de la France, c’est possible, mais votre Bretagne ressemblera plus à la Catalogne qu’à la Flandre, c’est certain !
Vouloir détester tout ce qui Français, mais accueillir sans limite le reste du monde, vous mènera à la destruction et à la ruine ! Quels sont les partis autonomistes et/ou indépendantistes bretons pesants dans le débat public, qui sont ouvertement contre l’immigration ? L’ADSAV (dont vous faites probablement partie), est la seule organisation, à ma connaissance, luttant contre l’immigration au moins autant que contre ce qui est Français, mais elle n’est présente, dans aucune élection. Cette organisation a bien compris que l’urgence est de lutter contre l’immigration et l’islamisation. Elle n’a pas hésité à manifester à Brest, avec Mme Tasin et résistance républicaine, organisation jacobine comme peu le sont, contre l’imam qui fait son travaille de sape pour islamiser et transformer la Bretagne, la France et l’Europe !
Mais vouloir être indépendant, et dans l’Europe, qui vous dictera toutes vos décisions, vous obligera sous peine de sanctions, à prendre des migrants, à l’obligation à la diversité culturelle, et autres réjouissances, aura l’effet inverse de ce que vous semblez souhaiter.
Un de mes amis, indépendantiste Breton, est encarté au FN, pour d’abord faire en sorte d’arrêter l’immigration, puis sortir de l’Europe, l’indépendance pouvant alors être réclamée et souhaitable.
Les Bretons, qui ne sont pas, et non jamais été confronté à l’immigration islamiste, votent à gauche et ne voient aucun mal à accueillir les migrants. Les Bretons qui ont été confrontés, à Paris, Lyon, Marseille et banlieues, qui sont revenus en Bretagne, ne votent pas à gauche, et eux, veulent conserver leur culture face au remplacement islamiste, chercher l’erreur ! Qui est l’ennemi, où est le danger, Bruxelles ou Paris, le Français ou le migrant ! Les Français aiment la Bretagne et les Bretons, les migrants veulent juste prendre la place, en imposant leurs us et coutumes. Quelles sont vos priorités !
Votre commentaire reflète la peur.
Voyez la force de décision des bretonnants, voyez celle de la France.
Arrêtez avec vos fantasmes d’une UE qui détruit la France.
La France se détruit toute seule.
Maintenant, si vous êtes française et vivez en Bretagne, au lieu d’avoir peur, invitez vos proches à apprendre le breton. Apprenez-le vous même.
En gros, faites un effort. Ne rêvez pas d’un retour à une France d’avant. C’est fini. La France confortable ne reviendra jamais. Et le français est une langue d’abord africaine.
Ceci dit, pesez le pour et le contre.
Il y a un volontarisme d’un côté, une passivité de l’autre.
Votre discours est mortifère. Celui des bretonnants est revigorant. Et il ne demande pas d’analyse ADN. Apprenez donc le breton. Ou la langue de votre région. Et si vous êtes d’une région de dialectes français, apprenez ou réapprenez ce dialecte. Et invitez vos proches.
Mais se limiter au français, c’est peine perdue. Dans ce cas, par pitié, disparaissez sans empêcher les autres qui cherchent à sauver ce qui peut l’être. Ne jouez pas à l’idiot utile.
Il n’y a pas plus aveugle, que celui qui ne veut pas voir !
C’est vrai que c’est plus facile et confortable de prendre pour ennemis, les « Français », plutôt que les musulmans et/ou migrants.
Les immigrés français et autres, par leur présence chez nous en Bretagne, détruisent le gallo’..le breton’..notre sensibilité singulière.
…notre peuple !
Pour l’Etat Breton souverain dans une autre Europe..celle de nos peuples premiers Breton..français..Catalan..Espagnol..Écossais. .Anglais..
Ah, ces Français qui viennent imposer leurs édifices religieux, leurs us et coutumes, avec leurs accoutrements provocateurs, la façon qu’ils ont de traiter leurs femmes. Et leurs exigences nutritionnelles, pour leurs enfants à la cantine. la façon dont ils nous regardent, ce mépris ! En plus, ils refusent de s’intégrer, ces Français !
Les pires, et je sais de quoi je parle, c’est les sangs mêlés, les Bourguigno-Bretons, les Breto-Alsaciens, ce sont les pires, de vrais dangers pour la Bretagne !
Courage, face à tant d’adversité !
[Eus Bro Bergamo – Italia -]
Mat tre ! (Bellissimo !) ; ar gwir zo ganeoc’h ! (hai ragione !)
Non je ne suis pas breton, et pourtant je comprends assez bien votre langue bretonne ; qui n’est pas plus difficile à comprendre qu’une autre pour qui ne l’est pas (perso je la préfère à celle anglaise).
Je suis italien du nord, de Lombardie où et j’habite ; et je réponds à votre article pour témoigner que toute l’Europe boréale a été imprégnée par les légendes et l’imaginaire celtique, que même ici il nous semble familier … et que nous le voyons agoniser chez vous avec une grande tristesse.
“Un deiz e vo loc’hus ha taer
Distro Arzhur war ur marc’h ruzh
Poent eo stagan Bretoned
Gant stourm meur ar vro”
[Un giorno sarà la gloria e il tumulto
Il ritorno di Arthur su un cavallo rosso
È giunto il momento per i Britanni
La grande battaglia per il loro paese.]
Evel-se bezet graet … Setu deuet ar bloaz nevez. Ur bloavezh mat a hetan deoc’h, levenez ha yec’hed d’an holl !
(Così sia … Ecco che arriva il nuovo anno. Vi auguro un felice anno. La felicità e la salute a tutti!)
La Flandre belge a bénéficié d’une structure étatique où elle était majoritaire. En Flandre française, le flamand a quasiment disparu.
Un domaine qui motiverait les parents : la réussite scolaire.
Au niveau sonorité et décodage des sons, il faut souligner le rapprochement entre langue celtique et germanique (comme le flamand). Le breton distingue les voyelles longues, courtes. Le voyelles sont courtes avant les doubles consonnes. Les H et CH sont d’autres points communs. Il y a surement d’autres cohérences mais je ne suis pas expert.
Ainsi un bretonnant domine un élève de l’école française (+/- 20 sons en français contre +/-36 pour l’anglais, et +/- 37 pour le russe) pour décoder l’anglais populaire (ou le germanique). Les flamands ont également un avantage en anglais.