27/12/2017 – 9h30 Nantes (Breizh-info.com) – Le temps des fromages à la coupe à prix d’or, des jambons industriels vendus au prix de l’artisanat et des babioles made in China au prix de la fabrication française serait-il révolu ? Il n’en reste pas moins que le marché de Noël commercial de Nantes (places Royale et du Commerce) a bien moins fait recette cette année, tandis que l’Autre marché organisé par les Ecossolies, square Daviais, voit ses commerçants faire de très bons résultats.
Peu nombreux sont les commerçants qui ont tiré leur épingle du jeu dans le marché commercial. Les prix importants des chalets – à partir de 4200 € jusqu’à plus de 10.000 € pratiqués par la société 2A Organisation ont ému cette année jusqu’au plus haut niveau de la municipalité nantaise, selon nos informations. Tout comme les suppléments : « on s’est fait rajouter 220 € sur la sécurité, l’électricité c’est 600 € cette année et non 500 comme l’an dernier, sans explications », nous précise une commerçante installée place Royale. D’autant que si l’affluence était au rendez-vous, les clients ont moins acheté. « Nous, on s’en sort, mais il y a moins de recettes que l’an dernier », nous explique-t-on du côté d’un stand de vin chaud. Idem et autant du côté de la nourriture.
En revanche la plupart des commerçants rentrent à peine dans leur frais, voire pas du tout. « Surtout dans l’habillement », se confie l’une d’elles, qui rejette la faute sur les marchandises présentées. « Le made in China plus ou moins caché, les gens en ont marre ! ». Les (quelques) stands proposant des produits de qualité, dont nous avons fait un inventaire non exhaustif, s’en sortent. Tout en regrettant de « ne pas être mieux mis en valeur », explique un vendeur. « Sur ce marché il y a tout et n’importe quoi, aucun contrôle, pas vraiment de logique dans la succession des stands, pas de cahier des charges exigeant pour éliminer les mauvaises pratiques et ce qui n’est pas artisanal, rien d’étonnant que les gens en aient marre et que ça pénalise presque tout le monde ».
Marché de Léon : le compte n’y est pas
Pas beaucoup mieux pour le marché des créateurs, dit marché de Léon (ou Lëon), par anagramme. Bien que les chalets étaient moins chers – près de 1500 € tout de même – peu sont les créateurs qui y ont fait de bons revenus. « L’erreur était de faire un espace fermé, une sorte de clos. Les gens faisaient le tour sans voir qu’il y a des gens et de l’activité dedans », résume l’un d’eux.
Un autre pointe « l’esprit attrape-tout. Le marché de Noël commercial en souffre aussi. Les churros, la calligraphie arabe, les bonnets chinois, ce n’est pas Noël. Des villes comme Strasbourg ont des cahiers des charges précis, qui maintiennent un esprit de Noël. A Nantes on met un peu de tout et finalement ça ne donne rien qui vaille ». Idem à Rennes où pour les commerçants des divers marchés de Noël très hétérogènes tant en organisation qu’en qualité, le compte n’y est pas. Celui du mail François Mitterrand a d’ailleurs été prolongé jusqu’au 31 décembre pour tenter de rattraper deux premières semaines très poussives.
L’Autre Marché : un succès qui confirme une recette gagnante
Organisé par les Ecossolies sur les côtés nord et est du square Daviais, du 2 au 23 décembre, l’Autre Marché voit ses commerçants faire carton plein, malgré une durée plus courte et un emplacement moins central que le marché de Noël commercial de 2A. Soixante exposants y étaient présents, dans de nombreux secteurs. Le faible coût de la location des chalets – « de l’ordre de 700 euros » nous confie un des exposants – évite l’obligation de pratiquer des prix stratosphériques pour rentrer dans ses frais.
Parmi les exposants, certains ont pignon sur rue. Par exemple Manibus – qui conçoit et propose des kits « do it yourself » dans tous les domaines de la vie courante, et dont la boutique ouverte au début de l’année se trouve près de la Préfecture (31 rue de Strasbourg). « Pour nous, c’est la première année qu’on y est et c’est une réussite », nous explique Benjamin Bourel. « Il y a beaucoup de monde, les gens savent qu’on trouve ici des produits de bonne qualité à des prix abordables ». Avec son succès sur l’Autre Marché et sa boutique – « nous aurons un résultat positif dès la première année », Manibus voit plus grand. Et réfléchit à une seconde implantation ailleurs en France.
Il tente d’expliquer le succès de l’Autre marché : « en face, dans le marché commercial, c’est tout le temps la même chose. Il y a très peu de renouvellement. Ici, c’est sélection sur dossier avec les échantillons de ce que chacun propose et il y a 50% de renouvellement chaque année ». Un commerçant voisin complète : « il y a un noyau dur qui revient d’année en année et qui porte le marché ; à côté de ça, il y a un renouvellement constant, il y a toujours des choses nouvelles sans que l’esprit du marché ne se perde ».
Pour une de ses voisines, qui affirme elle aussi avoir « cartonné ; ici c’est bien tant en matière de recette que de visibilité », l’organisation du marché de Noël commercial par 2A « est un vestige du système Ayrault, comme Jean Blaise ». Ce qui est vrai – 2A gère le marché de Noël de Nantes sans discontinuer depuis 1998. « Si le marché de Noël commercial a pu être efficace pour amener du monde en ville et pour les commerçants, il ne l’est plus. Les clients se plaignent des attrape-couillons et du made in China, les commerçants du centre-ville de la concurrence et les commerçants des prix exorbitants des chalets ».
Bref, Johanna Rolland a une occasion en or de se démarquer une fois encore du système Ayrault et de tenter d’imposer sa marque, par petites touches, comme elle l’a fait dans d’autres domaines.
Louis Moulin
Crédit photos : DR
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2 réponses à “Nantes. Le marché de Noël commercial pleure, l’Autre marché rit”
Pour qui connait les marchés de Noël existant dans l’Est de l’hexagone les marchés de Noël bretons sont…pathétiques.
Noël reste la fête de la nativité.. vendre des babioles venu de l’autre bout du monde …cela se fait toute l’annee… et l’on ne sait pas comment faire boire un âne qu’il n’a pas soif..