16/10/2017 – 16H00 Vienne (Breizh-info.com) – Lors des élections législatives de ce 15 octobre 2017 en Autriche, le parti patriotique FPÖ dirigé par Heinz-Christian Strache obtient 26 % des voix (troisième position) malgré la concurrence du parti social-chrétien ÖVP dont le leader actuel Sebastian Kurz a adopté un tournant anti-immigration. L’ÖVP est premier avec 31,4 %. Les sociaux-démocrates du SPÖ arrivent en deuxième place avec 26,7 %.
Les écologistes, immigrationistes, subissent un très fort recul et sont éjectés du Parlement alors qu’une scission de ce parti conduite par Peter Pilz, favorable à une politique restrictive en matière d’immigration, perce et entre au Parlement avec 4,1 %. Les libéraux de NEOS s’y maintiennent en étant stables à 5 %.
Trois coalitions possibles
L’arithmétique électorale ouvre la porte à trois possibilités de coalition. La première est la poursuite de l’alliance en place depuis presque dix ans entre le SPÖ et l’ÖVP, le poste de chancelier – accordé habituellement au parti qui obtient le plus de voix – revenant cette fois à un ÖVP au lieu d’un SPÖ.
La deuxième est la mise en place d’une coalition ÖVP-FPÖ, à l’instar de celle instaurée au début de l’année 2000 et qui a amené les patriotes à prendre part durant sept années aux deux gouvernements qui se sont succédés. Si à l’époque, l’entrée du FPÖ dans la coalition avait donné lieu à de nombreuses réactions internationales négatives et avait placé les partenaires de coalition sous pression, de nos jours la présence de nationalistes au sein d’un gouvernement de l’Union Européenne ne provoque plus ce genre de réaction. De plus, le FPÖ a choisi sous la direction de HC Strache d’adoucir la forme de son discours, alors qu’avant l’an 2000, la provocation était souvent de mise au sein du parti.
La troisième possibilité est un gouvernement SPÖ-FPÖ. Ce dernier peut cependant conduire à des tensions internes chez les sociaux-démocrates, dont une partie rejette ce type d’alliance. Un des neuf États autrichiens, le Burgenland gouverné par le SPÖ et le FPÖ, en constitue pourtant un laboratoire.
L’influence du président de la République
L’ancien dirigeant du parti écologiste et actuel président de la République Alexander Van der Bellen, peu favorable au FPÖ, sait qu’il a la possibilité de manœuvrer afin d’influer sur le choix de la future coalition, mais ne peut s’opposer à la mise en place de celle-ci. En effet, en 2000, le président de la République de l’époque n’avait pu empêcher l’instauration d’une coalition ÖVP-FPÖ. Il avait par contre refusé que deux membres importants du FPÖ deviennent des ministres. Certains estiment qu’il avait ainsi dépassé les prérogatives qui lui sont octroyées.
Strache, vice-chancelier ?
L’actuel président du FPÖ Heinz-Christian Strache considère que l’erreur commise par l’ancien dirigeant du FPÖ Jörg Haider en 2000 est de n’avoir pas pris part au gouvernement en tant que chancelier. Haider avait laissé ce poste à l’ÖVP et placé Suzanne Riess-Passer (FPÖ) à la vice-chancellerie. Par conséquent, en cas de coalition ÖVP-FPÖ, Strache devrait exercer la fonction de vice-chancelier. Dans une telle éventualité, la tâche ne sera pas facile pour le FPÖ car l’ÖVP s’est montré un partenaire difficile en profitant en 2002 de dissensions au sein du FPÖ pour provoquer des élections anticipées et emporter la mise au détriment du FPÖ.
Négociations
Les négociations qui vont s’ouvrir vont donc être serrées. Sebastian Kurz de l’ÖVP devra choisir entre le SPÖ et le FPÖ en tant que partenaire de gouvernement, tout en évitant d’être court-circuité par la mise en place à son détriment d’une coalition FPÖ-SPÖ.
Lionel Baland
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Une réponse à “Tornade patriotique sur l’Autriche après les élections législatives”
Autriche. Ce lundi soir, après comptabilisation des votes par correspondance, le FPÖ arrive finalement en troisième position : https://wahl17.bmi.gv.at/