27/09/2017 – 06h30 Blain (Breizh-Info.com) – Les 17e joutes d’archers ont rencontré ce dimanche un grand succès à Blain, sous les murs du château médiéval breton de la Groulaie. Construit aux XIIe-XIIIe et sérieusement agrandi du XIVe au XVIe siècle, il faisait partie des places fortes qui défendaient la Bretagne contre ses ennemis – et notamment les armées du roi de France.
Depuis près de 30 ans, l’association Château Essor Blinois, créée en 1988 par Jacky Flippot, le fait vivre ; un musée de l’imprimerie et le centre de la Fresque y sont notamment installés. Puis, chaque année depuis maintenant 17 ans, des joutes d’archers y sont organisées. Cette année, bien que l’entrée soit payante (4 € au-dessus de 16 ans), 1610 personnes ont payé pour entrer, et 979 jeunes ou invités sont venus gratuitement. « Nous estimons qu’il y a eu 3200 personnes sur le site », résument les bénévoles en fin de journée.
Les joutes d’archers sont aussi l’occasion de goûter le vin médiéval – l’hypocras, moins piquant que jadis et tout aussi épicé – ou de voir des chevaliers munis d’ armes se battre entre eux, tirer au canon contre le château ou se ruer à l’assaut de celui-ci, sur le pont-levis récemment rénové. Ce dernier a été réalisé par l’entreprise angevine Perraud et rouvert en août dernier ; dans les années qui viennent, la mairie prévoit aussi d’installer une grille en fer forgé au bout du pont, de rénover la tour sud-est et le porche d’entrée.
Avec 550 médiévistes et plus de 50 compagnies, « Blain est le plus gros rassemblement médiéval de tout l’ouest de la France », nous confie Alexis Flageul, vice-président de l’association Château Essor Blinois, forte d’un noyau dur d’une trentaine de bénévoles. Elle organise notamment des expositions – enfin « pas cette année, car nous manquons de bras, la mairie a donc pris le relais », en laissant des « artistes » du pays de Châteaubriant exposer de l’art moderne.
On pourra le regretter, car cela ne cadre guère avec les murs médiévaux, et en plus l’accrochage au rez-de-chaussée cache une très belle fresque réalisée par le CEN. Celui-ci anime aussi un atelier d’imprimerie et est à l’origine de la restauration du château depuis son acquisition, dans les années 1980, par la mairie de Blain. Surtout, CEB projette régulièrement des « fresques numériques » historiques sur les murs du château médiéval et organise depuis quelques années le Breizh Tartan Deiz, journée du tartan écossais – le tissu multicolore en damier des kilts, popularisé par les Highlanders… et la marque Burberry.
« Notre but n’est pas de faire une grosse foire comme à Guérande, nous sommes centrés sur la reconstitution historique », explique toujours Alexis Flageul (CEB), médiéviste depuis son plus jeune âge. « Chacun fait ses recherches de son côté, sur une période historique donnée, et on essaie de faire au mieux pour montrer comment c’était à l’époque ». Ainsi, certaines compagnies s’intéressent aux Vikings, d’autres aux armes à feu, d’autres au théâtre de l’époque, à la chevalerie etc. La plupart de celles-ci sont issues des divers pays historiques de Bretagne ou des provinces voisines (Bas-Poitou, Anjou, Maine).
Le visiteur peut notamment voir, dans le campement des médiévistes, des échoppes de l’époque, des couleuvrines à main, posées sur un affut ou un trépied qui permettait de les utiliser tant sur un rempart qu’en campagne, des armes d’hast, des cottes de mailles etc. Il peut aussi goûter le « miel » des vikings – en réalité un hydromel créé au XVIIIe siècle au Danemark, et apprendre au passage que les Vikings n’étaient pas en état d’ivresse quand ils ont mis à feu et à sang les côtes de l’Occident chrétien. « Les Vikings étaient très peu souvent bourrés, c’était mal vu dans leur code d’honneur qui leur commandaient d’être toujours maîtres d’eux-mêmes ». Un mythe s’effondre…
Autre étape intéressante : goûter les plats médiévaux de l’échoppe du Soleil de Brocéliande. Basée à la Vicomté-sur-Rance, c’est une boulangerie spécialisée dans la préparation de pâtisseries historiques, notamment médiévales. A travers kuskenoles, pastés de poires, chireseye, tartes pourpres, frexols (recette catalane qui n’est pas sans rappeler les bouchées panées qu’on trouve aujourd’hui dans la cuisine traditionnelle asiatique), flatos (sortes de quiches), fouaces et autres pains au gingembre, on peut découvrir une cuisine faite pour d’autres goûts, plus âpre et plus épicée tout à la fois. La volonté d’apprêter les plats viendra après, à la Renaissance puis au Grand Siècle : au Moyen-Age il n’y pas encore de François Vatel pour multiplier les nouvelles idées de recette et de présentation, leur apparence est plus austère et plus rude, mais ils nourrissent leur homme.
A ce propos, le Château Essor Blinois, qui organise notamment les Joutes d’archers, cherche des bénévoles. S’adresser au 06.10.52.37.43, par mail au [email protected] ou sur Facebook.
Louis-Benoît Greffe
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