De 1991 à 2000, l’ambitieuse série Histoire de Bretagne, en dix volumes, avait connu un important succès d’édition (350.000 exemplaires vendus). René Le Honzec et Reynald Sécher, ses créateurs, avaient réussi leur pari de faire découvrir au grand public cette histoire méconnue. Une nouvelle série prévue en cinq volumes reprend la même idée mais en se focalisant sur les luttes menées par le peuple breton.
Le début du tome 1 est réussi. Au V ème siècle après J.-C., en Bretagne armoricaine, dans un village côtier, un druide raconte les aventures de Tudwall, fils du roi des Ordovices, sur l’île de Bretagne, cinq siècles plus tôt. Le chant du druide évoque le mode oral de la transmission du savoir. Mais on quitte ce jeune héros pour découvrir la lutte de César contre les Vénètes et ses tentatives d’invasion de l’île de Bretagne. Contrairement à ce que la couverture pouvait laisser espérer, la rébellion de Boudicca, reine des Icènes, est traitée en seulement quatre pages. A l’effondrement de l’empire romain d’Occident, les Bretons retrouvent leur indépendance. Mais ils sont attaqués pas les Saxons au sud-est, les Scots à l’ouest et les Pictes au nord. De nombreux Bretons traversent alors la Manche et se réfugient en Armorique, à laquelle ils vont donner leur nom et leur langue. Ce tome 1 raconte ainsi l’histoire de l’île de Bretagne jusqu’à ce que, au V ème siècle après J.-C., des Bretons insulaires débarquent en Armorique.
Le tome 2 commence par rappeler le déclin du peuple breton en Bretagne insulaire. En lutte avec les Saxons, celui-ci se réfugie en Bretagne armoricaine. Mais il va rentrer en conflit avec le pouvoir franc. Grégoire de Tours conseille alors à Clotaire, roi des francs, de ne pas entrer en guerre contre les bretons. Mais celui-ci bat le roi breton de Broërec en 560. Les rois bretons, régulièrement vaincus, sont incapables de s’unir devant l’ennemi, jusqu’au jour où ils s’entendent pour reconnaître comme chef Morvan (750-818). A sa mort, Nominoë (800-851) prend la relève. Il unifie la Bretagne et en devient le roi de 845 à 851.
Les volumes de cette bande dessinée sont réalisés par des dessinateurs différents.
Dans le tome 1, le dessin de Daniel Brecht procure de la puissance au récit. Mais il manque de finesse. Le découpage en cases de petite taille nuit à la narration. Heureusement, les couleurs d’Erwan Seure Le Bihan sont réussies.
Le tome 2 bénéficie du dessin précis et fin d’Erwan Seure-Le Bihan, mis en valeur par sa colorisation lumineuse. Un découpage dynamique, aéré et varié procure un souffle épique au récit.
Cette série est scénarisée par Nicolas Jarry (Le crépuscule des Dieux, Le Trône d’Argile), scénariste de bandes dessinées et le lorientais Thierry Jigourel (Les druides), journaliste et écrivain spécialiste de la Bretagne et des pays celtiques. Ils ont raison de ne pas se cantonner aux frontières de la Bretagne armoricaine. Ils insistent judicieusement sur les liens historiques et culturels entre l’île de Bretagne et l’Armorique. On ne leur reprochera pas non plus de prendre le parti du peuple breton contre les romains ou les francs. Mais ils ont conçu un scenario parfois trop complexe, surtout dans le premier tome. Le lecteur est submergé d’informations sur les différents peuples, les chefs bretons et romains… Une bande dessinée est peu adaptée à une telle profusion d’informations. On regrette que les scénaristes n’aient pas fait le choix de se focaliser sur les personnages les plus célèbres (Boudicca, Nominoë…) en leur consacrant un tome chacun. Heureusement, la seconde moitié du tome deux est consacrée à Nominoë, ce qui permet de découvrir son sens de la stratégie et de la politique.
Breizh, histoire de la Bretagne, Tome 1, Le peuple indomptable, 54 pages, 15,50 euros, Tome 2, Une nouvelle terre. 54 pages. 14,95 euros.
Kristol Séhec
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine