28/08/2017 – 05h30 Saint-Nazaire (Breizh-Info.com) – C’est la première décision industrielle majeure du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le gouvernement, par la voix de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a annoncé jeudi 27 juillet la nationalisation temporaire des chantiers navals de Saint-Nazaire détenus par STX.
Le président de la République a donc choisi de ne pas confier l’avenir du site nazairien au groupe italien Fincantieri. Un dénouement qui n’est finalement pas surprenant compte tenu des exigences dont Emmanuel Macron avait fait preuve lors de sa venue dans le port breton le 31 mai dernier.
La mise en application de cette décision de nationaliser les chantiers sera très probablement réalisée ce vendredi soir au plus tard. Détenteur de 33% du capital de STX Saint Nazaire, l’actuel propriétaire sud-coréen en grandes difficultés financières, l’État français a utilisé son droit de préemption pour empêcher la vente.
Une décision temporaire
Lors de sa déclaration à la presse, Bruno Le Maire a insisté sur le caractère temporaire de cette nationalisation qui surprend plus d’un observateur, Emmanuel Macron ne s’étant pas annoncé comme un adepte de cette pratique pendant la campagne précédant son élection.
Le ministre de l’Économie a précisé que « Les chantiers navals de Saint-Nazaire n’ont pas vocation à rester sous le contrôle de l’État ». Le temps selon lui de parvenir à « une meilleure négociation et un bon accord ». Il a ajouté que le montant de cette opération se chiffrerait aux alentours de 80 millions d’euros.
Déception italienne
Du côté italien, il est difficile de cacher une certaine amertume. Effectivement, Fincantieri, concurrent direct de STX dans le secteur de la construction navale, se voyait depuis bien longtemps comme le repreneur favori de Saint-Nazaire. Chose aisée puisque ce conglomérat composé notamment de fonds publics italiens était le seul candidat à l’achat.
Suite à la décision de jeudi, la réaction de Rome ne s’est pas faite attendre. Ainsi, le ministre italien de l’Économie et des Finances Pier Carlo Padoan et le ministre du Développement économique Carlo Calenda ont publié un communiqué commun. « Nous considérons grave et incompréhensible la décision du gouvernement français de ne pas donner suite à des accords déjà conclus », pouvions-nous lire dans ce dernier. Les deux ministres ajoutaient même : « Le nationalisme et le protectionnisme ne sont pas des bases acceptables sur lesquelles régler les rapports entre deux grands pays européens. Pour réaliser des projets communs, il faut de la confiance et du respect réciproques ».
Du côté français et selon la communication de l’Élysée, Emmanuel Macron aurait appelé jeudi Paolo Gentiloni, chef du gouvernement italien afin de « dissiper toute mauvaise interprétation » de cette décision de l’État.
La prochaine échéance aura lieu mardi 1er août lorsque Bruno Le Maire se rendra à Rome afin de s’entretenir avec les deux ministres italiens Pier Carlo Padoan et Carlo Calenda et tenter de débloquer la situation. Du provisoire qui dure ? Ça se serait déjà vu.
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