Irlande du Nord. Qui est Arlene Foster (DUP), Premier ministre ?

16/06/2017 – 06h50 Belfast (Breizh-Info.com) –  Nous évoquions hier la nécessité, pour les francophones, de relire le livre de D. Foulon « Pour Dieu et l’Ulster », afin de mieux comprendre la question nord-irlandaise. Focus aujourd’hui sur Arlene Foster, premier ministre nord-irlandaise, et leader du DUP (unioniste) après avoir succédé à Peter Robinson qui lui même succéda en 2008 au Pasteur Ian Paisley.

Arlene Foster est en effet actuellement en pleine négociation – reportée d’une semaine en raison de l’incendie d’un immeuble à Londres – avec Theresa May pour que cette dernière ait une majorité suite aux élections générales au Royaume-Uni, négociations particulièrement décriées dans la presse anglaise comme dans la presse française.

Outre cet accord avec le gouvernement britannique, le DUP doit s’entendre avant le 29 juin avec les autres partis d’Irlande du Nord, dont le Sinn Féin, pour restaurer un gouvernement multipartite à Stormont. Des discussions supposées être arbitrées par un gouvernement britannique neutre.

« Nous défendons un programme consistant à renforcer l’Union, à obtenir un bon accord pour l’Irlande du Nord dans le cadre de la sortie de l’UE et à faire de notre mieux pour remettre Stormont en état de fonctionner pour le bien de tous » a déclaré Arlene Foster , partisane d’un Brexit « doux » mais opposée à un référendum sur la réunification irlandaise, dans les colonnes du Belfast Telegraph, évoquant la formation, pour le moment dans l’impasse, d’un nouveau gouvernement d’union en Irlande du Nord.

Une balle dans la tête par un commando de l’IRA

Née le 3 juillet 1970, à Enniskilien, Arlene Foster a été confronté dès son plus jeune âge à la guerre civile en Irlande du Nord, puisque son père, un policier réserviste de la Royal Ulster Constabulary (RUC), la police d’Irlande du Nord, fut grièvement blessé d’une balle dans la tête par un commando de l’IRA.

Toute sa famille – qui habitait dans un bastion nationaliste sans être inquiétée jusque-là – fut ensuite contrainte de déménager et de se séparer de la ferme familiale.

« J’étais dans la cuisine et ma mère était assise sur le bord de la table, tétanisée, quand les coups de feu sont partis », a-t-elle rappelé au Belfast Telegraph fin 2015. Une scène parfaitement connue par de nombreux nord-irlandais, catholiques comme protestants, républicains comme loyalistes, qui ont subi, durant la guerre civile, les attaques perpétrées par les différentes protagonistes (IRA, police ou armée anglaise, UVF, UDA …)

Par la suite, Adolescente, Arlene Foster était à bord d’un bus scolaire lorsqu’une bombe posée par l’IRA fit exploser le véhicule blessant grièvement une petite fille à côté d’elle.

Ces deux évènements ont clairement contribué à définir la conscience politique d’Arlene Foster : « Cela fait partie de ce que je suis, je ne peux pas le nier. Cela a influencé mon adolescence, mes idées politiques aussi, mais en même temps, que pense que nous ne devrions pas laisser le passé définir tout ce que nous faisons dans l’avenir » a-t-elle déclaré.

Par la suite, elle rejoindra un mouvement scout féminin, puis étudiera à la Queen’s University de Belfast (rejoignant l’association des Jeunes Unionistes, la branche jeune de l’UUP, au gouvernement en Irlande du Nord depuis 1922). En 2003, elle est élue au Stormont (l’Assemblée nord irlandaise), avant de quitter son parti en 2004 et de rejoindre le DUP.

Motif : le rejet d’une partie des accords et conséquences du « Good friday agreement », les accords du Vendredi Saint, accepté par l’UUP, mais dont elle refuse certains termes : « je n’étais pas contre tous les termes, mais contre certains, notamment concernant la question de la libération des prisonniers, ou l’intégration de catholiques dans la RUC à 50/50 (police nord irlandaise) » déclare-t-elle, en regrettant notamment la non reconnaissance des victimes du terrorisme dans les termes de l’accord.

Anglicane pur jus, elle fut par la suite ministre de l’environnement, puis ministre des entreprises, elle fit par la suite scandale en Irlande en 2016 en annonçant ne pas se déplacer à Dublin pour les commémorations de Paques 1916, expliquant que le soulèvement fut « une attaque contre la démocratie ». 

Elle fut également rattrapée par un scandale politique, toujours en 2016,  sur les énergies renouvelables, scandale qui provoqua la démission de Martin McGuiness, nationaliste et vice Premier ministre républicain à Stormont et la tenue de nouvelles élections. En 2012 lorsqu’elle était ministre des entreprises, elle fut accusée d’avoir mis en place un système de subventions très avantageux pour développer  les énergies renouvelables, ce qui aurait donné lieu à des abus qui se traduisent par un manque à gagner de 400 millions de livres (460 millions d’euros) pour les finances publiques.

Le programme a été arrêté en février 2016 après qu’un lanceur d’alerte a cité l’exemple d’un fermier éligible à une aide d’un million de livres en vingt ans (1,15 million d’euros) pour chauffer un hangar vide.

Bien que farouchement hostile à McGuiness, Arlene Foster se rendit aux funérailles de ce dernier, à Derry, où elle fut applaudie


Applause for Arlene Foster at Martin McGuinness… par ODN

Dans les mois qui viennent, et alors que la saison des marches a repris – ce qui pourrait occasionner de la tension notamment à l’occasion des commémorations de la bataille de la Boyne, le 12 juillet – il est certain qu’Arlene Foster sera amenée à jouer un rôle déterminant, pour l’avenir de l’Irlande, de l’Ulster, de l’Irlande du Nord.

Crédit photo : wikipedia (cc)
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