30/05/2017 – 13h15 Nantes (Breizh-Info.com) – Dans la première circonscription de Loire-Atlantique, le député sortant François de Rugy, élu avec les voix socialistes et écolo, a tourné casaque et est maintenant En Marche, dont il a reçu l’investiture. Il se positionne en favori, aidé par le communiste Séassau – qui tient son pouvoir politique du PS local dont il est le satellite – qui lui a proposé un débat bien verrouillé avec le candidat LR-UDI, Bainvel. Investi par EELV, Jean-Michel Mézange, issu de la société civile, n’entend pas se laisser faire. Nous avons rencontré ce drôle de candidat qui, bien que censuré par nombre de médias qui craignent de provoquer le tout-puissant de Rugy, veut continuer à se battre pour l’écologie politique. Sans langue de bois.
Dans la première circonscription, 17 candidats se présentent, à savoir Margot Medkour (SE), Hélène Defrance (LO), Sylvie Clabecq (LFI), Sarah Frison (Parti animaliste), Philippe Renaud (PB), Antoine Nivard (Nous citoyens), Blandine Krysmann (PCD), Jean-Michel Mézange (EELV) donc, Guylène Friard (FN), Michel Beaupré (UDB-MBP Oui la Bretagne), Hippolyte Routier (DLF), Aymeric Seassau (PCF-FG), Julien Bainvel (LR-UDI), François de Rugy (En Marche), Nicole Girel (Confédération pour l’homme, l’animal, la planète), Sylvie Garcia (UPR), Brunel Guillaume (SE).
Breizh Info : Jean-Michel Mézange, pouvez-vous vous présenter ?
Jean-Michel Mézange : J’ai 52 ans, je ne suis pas marié, j’ai un enfant. Je suis Nantais depuis 1996, je dirige depuis 2007 la SCOP Tierrhabitat (7 salariés) qui construit des bâtiments en matériaux naturels et j’ai fondé en 2010 la plateforme régionale d’innovation Echobat développement dont je suis administrateur.
Breizh Info : De quand date votre engagement en politique ?
Jean-Michel Mézange : De quatre mois.
Breizh Info : Pourquoi dans la première circonscription ?
Jean-Michel Mézange : EELV cherchait, pour se présenter face à De Rugy, quelqu’un de la société civile. J’ai un engagement dans l’écologie et l’économie sociale et solidaire depuis plus de 20 ans. J’ai envoyé un CV et une lettre de motivation, et j’ai été pris.
Breizh Info : Que pensez-vous du député sortant De Rugy ?
Jean-Michel Mézange : C’est un parfait représentant de la politique telle que je la condamne. C’est un politicien de carrière qui n’a jamais bossé dans sa vie, il rêve d’être ministre depuis qu’il est tout petit, il est militant depuis l’âge de 16 ans, bref, un membre de l’entre-soi politique avec lequel En Marche prétend pourtant finir.
Breizh Info : Aymeric Séassau a émis l’initiative d’un débat avec les candidats issus des plus grandes forces politiques – sauf la France Insoumise et le FN, façon d’asseoir sa légitimité mais aussi d’éliminer les contradicteurs. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Michel Mézange : De Rugy a répondu qu’il y venait pour peu qu’il n’y ait que les candidats des forces politiques qui ont obtenu plus de 5% des suffrages à la présidentielle sur la circonscription. C’est pratique pour exclure tout un tas de monde. Par exemple, moi, on m’a dit que je n’y suis pas invité car je ne suis pas représentatif : comme le PS de Hamon, anti-aéroport et anti-nucléaire soutient sur la circonscription le pro-nucléaire et pro-NDDL Séassau, je ne bénéficie pas du capital politique acquis par les voix PS-Verts pendant la présidentielle sur la circonscription.
Breizh Info : Allez-vous donc ne pas venir au débat ?
Jean-Michel Mézange : Ils rêvent. Un peu que je vais y aller !
Breizh Info : Quelle est votre opinion sur Séassau, qui a proposé ce débat ?
Jean-Michel Mézange : C’est quelqu’un qui vit de la politique, c’est l’archétype du politicard local qui louvoie, qui s’organise pour conserver son poste. En fait, Bainvel, de Rugy, Séassau, ils sont tous en train de préparer les municipales de 2020.
Breizh Info : Il est étonnant qu’EELV ou même Pascale Chiron soient restés silencieux face à votre exclusion de ce débat. Surtout Pascale Chiron, elle est élue dans la majorité à Nantes, et son score aux municipales [14.55% au premier tour avec sa liste EELV, NDLA] lui donne voix au chapitre, bien plus que Séassau d’ailleurs.
Jean-Michel Mézange : Elle est sans doute trop préoccupée par sa campagne. Le peu de soutien des élus EELV m’a surpris. Ils sont tous en train de préparer les municipales 2020. Tout le monde est au garde-à-vous devant le PS local.
Breizh Info : Revenons à Séassau, qui se plaignait dernièrement que les Verts ou La France Insoumise ont ignoré ses tentatives d’union à gauche…
Jean-Michel Mézange : Il joue pour sa gueule ! Il envoie un petit jeune pour dire que les décisions se prennent au niveau départemental ou national, mais pas sur la circonscription. Quant à la France Insoumise, elle ne veut pas qu’on se rencontre. Séassau veut un rassemblement au niveau de toute la ville de Nantes, pour servir ses ambitions, et surtout pas au niveau du citoyen. Puis l’union à la gauche, il est gentil, mais qu’est-ce que le PC rassemble à gauche ? Je n’ai rien contre les ouvriers, mais défendre les ouvriers quand on est au XXIe siècle, à Nantes, bon… Être ouvrier n’est pas une fin en soi.
Breizh Info : Pensez-vous que De Rugy est soucieux de ses électeurs ?
Jean-Michel Mézange : Il n’en a rien à carrer. Il vise le perchoir de l’Assemblée nationale, et il n’est vraiment pas content d’avoir un opposant écolo, d’autant que moi, il me connaît. Je suis arrivé à Nantes en 1996 et j’ai été un an adhérent des Verts en 2000.
Breizh Info : Quelle impression en avez-vous retiré ?
Jean-Michel Mézange : Que c’était une secte, autour de De Rugy notamment. Ils donnent beaucoup de leçons mais ne sont pas du tout exemplaires. Ce que je fais moi, ça fonctionne, j’ai donc des choses à dire sur cette base.
Breizh Info : Quelles idées entendez-vous défendre dans la circonscription ?
Jean-Michel Mézange : Déjà, avoir plus de contacts avec les gens. Partager des exemples qui fonctionnent avec les gens. Aider aussi à la reconversion professionnelle. Je rencontre beaucoup de banquiers ou d’informaticiens qui passent un CAP charpente car pour eux ça fait sens. Developper l’isolation des bâtiments avec des matériaux naturels et la faciliter par la commande publique.
Breizh Info : Vous priez pour votre chapelle en somme ?
Jean-Michel Mézange : Oui, mais je ne suis en politique que depuis quatre mois. Je n’ai pas fait ma carrière en fonction de mes engagements politiques. Et il y a aussi une exigence climatique, celle de la prise en compte du réchauffement.
Breizh Info : Quelle est votre opinion de Macron ?
Jean-Michel Mézange : C’est un pur bébé du système, un libéral qui a fait ses classes chez Attali, a bossé chez Rothschild.
Breizh Info : Aujourd’hui, la gauche apparaît en crise suite à l’élection de Macron. Quelle pourrait être la porte de sortie ?
Jean-Michel Mézange : Lui donner une nouvelle colonne vertébrale qui serait l’écologie politique pour qu’elle résiste ; l’écologie doit devenir le fondement de toute politique à partir d’aujourd’hui.
Breizh Info : Que pensez-vous de la médiation instituée par Nicolas Hulot, ministre de l’Ecologie de Macron, au sujet de Notre-Dame des Landes ?
Jean-Michel Mézange : Je suis contre l’aéroport et pour le maintien de la ZAD. La médiation de Hulot va dans le bon sens, mais il reste à savoir ce que Macron a en tête, s’il veut défendre l’écologie ou attraper le maximum de députés à l’Assemblée en se servant de Hulot, on n’en sait rien. C’est du reste l’opportunité pour EELV de venir en soutien indépendant à Hulot, qu’on connaît bien et qui défend la cause. Je suis en marche depuis bien avant ceux d’En Marche, et moi ça marche, ce ne sont donc ni eux, ni les Insoumis qui vont m’apprendre à marcher.
Breizh Info : De Rugy est le candidat du système, celui qui a les faveurs à la fois de la gauche locale qui tient Nantes et la métropole, et de la gauche au pouvoir. Un candidat « officiel » comme on disait à l’époque du second Empire ou de la Troisième République – encore que les Bretons leur préféraient souvent ceux de l’opposition, qui était alors essentiellement monarchiste. Un candidat qui comme Macron a les faveurs des médias. Ce qui n’est pas votre cas ?
Jean-Michel Mézange : La fille qui s’occupe de ma com’ est la présidente de l’association nationale des médias indépendants. Et même avec elle, certaines radios associatives qui sont financées par la Ville ont peur de me recevoir car si je l’ouvre, elles craignent de perdre leur financement. Ouest-France m’a fait savoir qu’ils ne feront rien de plus que de passer la tribune de 1200 signes qu’ils proposent à chaque candidat [certains font l’objet d’un petit interview avec photo, NDLA]. AlterNantes m’a répondu qu’avec 17 candidats, ils ne pouvaient pas donner la parole à tout le monde, c’est bien pratique. Ils sont tous à préserver leurs petits intérêts. Je ne fais pas partie de l’entre-soi et ils me le font comprendre.
Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe
Crédit photos : DR
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