MàJ 18/5/2016 : Les toilettes du marché des Américains ont été réparées et rouvertes avant le 8 mai, suite à notre article. Par ailleurs l’éclairage des toilettes des commerçants du marché Zola, mentionné dans cet article, a aussi été réparé depuis.
04/05/2017 – 09H00 Nantes ( Breizh-info.com) – Ce matin, les sanisettes – cadenassées depuis neuf semaines – situées au début du boulevard des Américains, face à l’église Sainte-Thérèse et au tram, étaient ornées d’une banderole « Respecter une ville propre c’est respecter la dignité des gens qui l’animent. Neuf semaines sans toilettes ça suffit ! Les commerçants du marché ». Après avoir écrit à la mairie puis à Nantes Métropole, les commerçants et surtout les commerçantes du marché des Américains crient leur ras-le-bol devant l’inaction des pouvoirs publics nantais, incapables de réparer des sanisettes depuis bientôt deux mois.
La semaine dernière, alors que ce sont les ordures laissées par la grève des éboueurs qui empoisonnaient la vie du marché, nous avions interrogé le placier sur ce sujet. Il nous avait avoué que les sanisettes – pourtant fabriquées en France – étaient en panne, la porte ne fermant plus, et devaient être carrément changées. Il avait proposé de faire mettre des WC chimiques en attendant leur remplacement mais rien n’avait été fait. Il y a un mois déjà, trois sanisettes semblables – dont déjà celle de Sainte Thérèse – avaient été cadenassées puis avaient été rouvertes après notre intervention et celle de commerçants et riverains du quartier Viarme.
Sans lendemain pour le marché des Américains, où la situation suscite une floraison de réactions – nous sommes au printemps. Un crêpier trouve ainsi que « quand on tient un banc de 6 à 13h c’est anormal qu’on n’ait pas de WC » et parle de faire venir l’inspection du travail – en effet, pour les vendeurs et autres salariés des entreprises présentes sur le marché, la présence de WC est une obligation… Dont la municipalité nantaise (socialiste) s’affranchit gaiement ; du reste, leur logiciel politique n’oblige plus au respect des travailleurs.
Karine, qui vend des plats préparés, trouve la situation « grave. On se retient toutes, en plus ici il n’y a pas de café qui pourrait faire l’affaire, ou un commerce accueillant – comme c’est le cas au bourg de Saint-Herblain, où on va au centre médical. On risque des problèmes de santé en plus, mais c’est comme si les pouvoirs publics n’en avaient rien à faire ».
Deux commerçants – au moins – ont écrit à la mairie. Le crêpier qui exploite A la bonne galette a écrit « il y a un mois et demi à la mairie ; on n’a toujours pas eu de réponse ». Son voisin, le vendeur de primeurs Panier Fraîcheur, s’est lui aussi fendu d’un « recommandé à la mairie. On a demandé deux toilettes de chantier pour les 200 commerçants et vendeurs que nous sommes, et nos clients. Pour toute réponse, on nous a dit de s’adresser à Nantes Métropole dont dépendent les WC. Bref, personne n’est responsable, plus il y a de monde et moins on avance », conclut le commerçant, excédé.
Une vendeuse de fromages un peu plus bas trouve l’absence de WC « handicapante, surtout sur un marché où l’on travaille plusieurs heures. Puis c’est un peu gênant à dire, mais entre femmes on en parle, quand on a nos règles, on a besoin d’y aller, c’est carrément indispensable. On devrait avoir des WC de chantiers ou des toilettes sèches, les solutions existent mais il y a de la mauvaise volonté en face ». Son voisin qui fait des confitures trouve que c’est carrément « honteux. Faut que les services techniques fassent leur travail et réparent. Nous, on n’est que des commerçants ».
Une cliente prend la défense des vendeuses et dénonce le « manque de respect des vendeurs et de la clientèle », tandis que le vendeur bio qui la sert brocarde le « laisser aller » qui règne sur les marchés nantais. Il est vrai que lorsqu’on compare les marchés de la Côte, notamment ceux de la Baule et de Piriac, aux marchés nantais, la comparaison n’est clairement pas en faveur de Nantes. Propre, ergonomique avec ses parkings et locaux techniques au sous-sol, mais aussi ses ascenseurs à chariots, et flambant neuf, celui de La Baule est à des années lumières des halles de Talensac, certes labellisées Patrimoine du XXe siècle, mais tout à fait vieillottes.
Fabienne, qui travaille pour la Fromagerie du Marais, l’avoue : c’est elle qui a mis en place la banderole, mais avec l’assentiment de tous. « J’ai envoyé un courrier il y a 12 jours. Je n’ai pas eu de réponse, pourtant les placiers l’ont vue. C’est inadmissible, rien ne bouge. J’arrive à 6h30, je rentre à la ferme à 14h, tout ce temps je me retiens et je ne bois rien ». Et dire que certains commerçantes ont plus d’une heure de route et rentrent chez elles à 15h30, voire plus tard encore… « Eux, à Nantes Métropole, ils prennent bien leur café le matin et ont des toilettes en état de marche, pour eux notre problème ce n’est rien du tout », complète la vendeuse, qui trouve bien ironique qu’il y a « quatre mois, le placier a distribué un courrier demandant aux commerçants de bien utiliser ces sanitaires, car les gens du quartier se plaignaient, et maintenant on n’a plus rien ! ».
A Nantes Métropole, personne ne sait rien
Lesdits sanitaires dépendent du Pôle de proximité Nantes ouest de Nantes Métropole, basé à l’ancienne mairie annexe de Chantenay (02.28.03.47.00). Vers 14 heures, le message posé sur la sanisette y a bien été reçu – les placiers l’ont relevé et signalé quand ils sont arrivés une demi-heure avant pour la fin du marché.
Cependant, au pôle Nantes Ouest, si on nous confirme qu’une « réparation [de la porte en panne] est prévue », aucune précision sur les dates ou les délais ne peut être donnée. Mieux encore, le pôle ne sait pas qui est le délégataire chargé de l’entretien desdits WC et des réparations s’il y a lieu.
Nous sommes en France, un pays sur-administré où la moindre rôtissoire, sucette publicitaire ou affiche posée sur la voie publique donne lieu à un agrément et des tas de paperasses, mais les pôles de proximité de Nantes Métropole ne savent pas qui gère quoi sur leur territoire. Rassurant. Le contact qu’ils nous donnent, et dont ils affirment qu’il est leur interlocuteur sur le dossier, ne sait rien, lui non plus.
Nous remontons donc au service communication central de Nantes Métropole, qui commence par nous dire que lui non plus n’est pas au courant (!) – malgré les courriers et les démarches des commerçants auprès des placiers – avant d’assurer quelques heures plus tard « comprendre et prendre en compte l’exaspération des commerçants« . Il affirme que les fameuses sanisettes ont connu plusieurs interventions techniques suite à des vandalismes récurrents. Nantes métropole assure qu' »une nouvelle réparation sera faite » mais sans en donner les délais et sans pouvoir assurer que les WC seront opérationnels pour le marché de mardi prochain.
D’autres problèmes de sanitaires depuis des semaines sur les marchés et dans les quartiers nantais
Les quartiers « sensibles » sont une priorité affichée par la mairie et la métropole de Nantes. Dans les faits, rien n’est moins sûr. Un agent du service nettoiement de Nantes Métropole, que nous avons rencontré, est tout à fait au courant du problème des sanisettes du boulevard des Américains – même si lui non plus ne sait pas quelle est l’entreprise délégataire chargée de leur entretien. « Il y en a au moins deux autres qui sont aussi fermées depuis longtemps », nous affirme-t-il. « Une au Breil Malville, rue Jacques Feyder près du square, est fermée depuis des mois. Et celle qui se trouve près des Dervallières, depuis six mois ! ».
Par ailleurs, les commerçants des marchés signalent d’autres problèmes de sanitaires. A la Marrière (près du rond-point de Paris), « ça fait trois semaines qu’il n’y a plus de WC », explique Fabienne. « Il y a eu une fuite sur l’école à côté, du coup ils ont tout fermé et là c’est pareil, on a beau s’adresser aux placiers, rien ne bouge ». Place Zola, où il y a des sanitaires aussi, c’est la propreté qui fait débat, selon une autre vendeuse : « ils sont dégueulasses, il faudrait les nettoyer deux fois dans la matinée. Et comme la lumière est en panne – il y a un fil à rebrancher, nous a expliqué le placier, qui nous a dit aussi qu’il était trop petit pour le faire – ça n’arrange rien ».
En attendant, on se demande à quoi sert l’imposant budget consenti par Nantes Métropole à l’entretien des sanisettes. En 2010, une annexe au rapport du budget primitif (page 81) constatait que les crédits correspondant « à la location et à l’entretien des sanisettes » s’élevaient à 522.000 € annuels payés par les contribuables de Nantes et des communes de la métropole. Cet argent disparaît-il dans la chasse d’eau ?
Louis-Benoît Greffe
Crédit photo : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2017 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
2 réponses à “Nantes. 9 semaines sans toilettes au marché des Américains, le ras-le-bol des commerçants [MAJ]”
Ne pas oublier que Nantes est dirigée par des socialistes!Autrement dit si vous voulez vivre convenablement allez vivre ailleurs!!!!!!!
Vivre on s’en fout, on veut travailler !
On vit déjà ailleurs !