Nantes. Thomas Tihy (conseiller national Les Républicains) : « Emmanuel Macron n’a pas besoin que l’on fasse campagne pour lui » [Interview]

04/05/2017 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – En réponse à une tribune publiée par  l’Opinion par des jeunes cadres LR et appelant à voter Macron, plus de 150 jeunes élus et cadres des Républicains refusent la consigne de vote en faveur d’Emmanuel Macron et publient une tribune libre (voir ici) qui se conclut ainsi :

Par cohérence avec notre action militante, nous nous refusons à voter pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle. Nous nous refusons également à donner une quelconque consigne de vote : encore une fois, les Français se refusent à les suivre et ils doivent rester pleinement libres de leur vote.

Les mots d’Eric Ciotti, dès dimanche soir, étaient clairs : « J’appelle dès maintenant notre famille politique à se rassembler pour les élections législatives ».
L’objectif est donc maintenant celui des élections législatives, les 11 et 18 juin. A défaut de présider, la droite et le centre peuvent gouverner. Nous devons donc nous mobiliser pour les faire gagner !

Parmi les signataires, on retrouve plusieurs jeunes Républicains de Bretagne – sachant que la liste s’agrandit. Deux d’Ille-et-Vilaine (dont Philippe Thomazo, ancien délégué national de l’UNI), trois du Morbihan (dont Amandine Chollet, ancienne coordinatrice régionale des JR), mais également 21 de Loire-Atlantique, dont leur responsable départemental, Thomas Tihy.

Nous avons fait le point avec lui sur ce mouvement d’une partie de la jeunesse des Républicains contre certaines prises de position en faveur d’Emmanuel Macron, incomprises par beaucoup de militants et sympathisants, suicidaires pour certains.

Breizh-info.com : Pourquoi avoir décidé de publier cette tribune libre sur Valeurs actuelles appelant à ne pas voter pour Emmanuel Macron, ce qui va à l’encontre des appels des principaux dirigeants des Républicains ?

Thomas Tihy : Comme la plupart des militants, nous avons été choqués de voir plusieurs de nos élus se précipiter dès le soir du premier tour dans les bras d’Emmanuel Macron. D’autant que certains accompagnent leur démarche par des consignes de vote en sa faveur et des menaces d’exclusion à l’encontre des militants qui refusent de les suivre. Tout cela est par ailleurs en contradiction avec la ligne décidée par le Bureau politique des Républicains, qui se contente de refuser le Front national. Emmanuel Macron n’a pas besoin que l’on fasse campagne pour lui. Chacun est libre de son vote, nous refusons toute consigne, c’est le sens de notre démarche.

Breizh-info.com : Chacun est donc libre, y compris de voter Marine Le Pen ?

Thomas Tihy : Le sens de notre tribune est uniquement de refuser le piège de se fondre dans une coalition avec Emmanuel Macron. Les électeurs sont libres de leur vote, ils sont assez grands, intelligents et sages pour décider en conscience, ils feront de toute façon ce qu’ils veulent dans l’isoloir. Nous avons perdu le premier tour, quelle légitimité ou autorité avons-nous pour dire aux gens ce qu’il faut faire ? Nous devons avoir de l’humilité à l’égard des électeurs. Plusieurs choix s’offrent à eux, notamment le vote blanc, qui doit être respecté, comme l’ont demandé Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et Éric Ciotti.

Breizh-info.com : Et vous, pour qui voterez-vous ?

Thomas Tihy : Je ne parle pas ici en mon nom, mais au nom de la centaine de jeunes ayant signé cette tribune. Je garde ainsi mon vote pour moi, qui n’a de toute façon que peu d’importance. Je ne suis qu’un électeur parmi d’autre.

La seule chose que je peux vous dire, car nous le disons dans la tribune, c’est que par souci de cohérence avec la campagne que nous avons menée pendant des mois, nous ne voterons pas pour Emmanuel Macron.

Breizh-info.com : Parmi les signataires de la tribune, beaucoup de jeunes de Loire-Atlantique, mais très peu des autres départements Bretons (ni Finistère ni Côtes d’Armor) Pourquoi ?

Thomas Tihy : Nous avons activé nos premiers réseaux (ceux qui ont réagi vivement au soir du premier tour). Mais depuis, il y a des signatures qui sont venues se rajouter. Il ne faut donc pas tirer de conclusion rapide sur les départements dont les gens sont issus. Quand vous lisez la liste des signataires, vous voyez que les jeunes viennent de toute la France : élus locaux, cadres du parti, militant ou issus d’autres formations politiques.

Breizh-info.com : Vous donnez rendez-vous aux législatives. Mais n’est-ce pas un peu compliqué de donner ce rendez-vous vu l’éclatement petit à petit de votre parti. Notamment à la vue des réelles différences chez les ténors du parti, mais y compris avec la base ; il semblerait que les idées fondamentales soient de plus en plus différentes en votre sein ?

Thomas Tihy : Il est clair que pour nous, cette précipitation dans les bras de Macron est une mauvaise chose avant les législatives, puisque cela est propice à créer le flou. Il est important de se rappeler que l’élection se joue à 4 tours, avec la présidentielle, puis les législatives. Notre projet et nos valeurs n’ont ainsi pas disparu parce que notre candidat a perdu la présidentielle. Comment vouloir incarner une opposition à Emmanuel Macron en juin si on fait campagne pour lui en mai en lui servant de marchepied ?

Cependant, la décision du Bureau politique de désigner François Baroin comme notre chef de file national pour les législatives est une bonne nouvelle. Notre projet va pouvoir être présenté et défendu de façon claire aux Français par une personnalité bien identifiée. La victoire est possible.

Breizh-info.com : Vous parlez de François Baroin, mais il a appelé à voter Macron …

Thomas Tihy : Oui, sur le vote du second tour, cela montre bien la difficulté. Mais François Baroin est très clair sur le refus de coalition avec Emmanuel Macron. Il rejette ceux qui finalement se voient bien travailler main dans la main avec l’hériter de François Hollande.

Il veut clairement montrer nos différences majeures entre la droite et Emmanuel Macron en assumant nos valeurs. Dans l’idéal, nous pouvons viser la cohabitation, qui n’est pas la même chose que la coalition. Avec la cohabitation, la droite disposerait d’une majorité parlementaire lui permettant de freiner le projet d’un président de la République élu par défaut.

Propos recueillis par Yann Vallerie

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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5 réponses à “Nantes. Thomas Tihy (conseiller national Les Républicains) : « Emmanuel Macron n’a pas besoin que l’on fasse campagne pour lui » [Interview]”

  1. alaintassin dit :

    Cette photo ne vous rappelle rien?Il se prend pour qui?C’est vrai qu’à cette époque il n’était pas né!

  2. franp dit :

    La photo est intéressante. Pourriez-vous s’il vous plait nous indiquer le débat au cours duquel elle a été prise ? D’avance merci.

  3. Richard Coeur dit :

    Mr. Thily devrait fonder un nouveau parti avec les Républiciains qui pensent comme lui.

    Après tout, les Fillon et Juppé ont appelé à l’Union avec les Communistes de Mr. Hue et ont tout fait pour faire triompher le candidat du Système qu’ils aiment tant.

    La France a besoin d’une alternative Libérale et Eurosceptique et non d’Eurolâtres quasi-Socialistes.

    Quand aux Républicains, la dégelée qu’ils vont prendre aux Législatives « qu’ils ne pouvaient pas perdre » va être légendaire et la France va probablement se retrouver avec une nouvelle majorité Socialiste (mais sous un autre nom, c’est tellement mieux!!)

  4. Gwendal Pennanech dit :

    Tous les partis politiques français sont les fossoyeurs de la Bretagne. C’est nous demander si nous préférons un cercueil en sapin, en hêtre , en chêne…

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