27/04/2017 – 07h30 Kourou (Breizh-Info.com) –Marine le Pen est en tête dans les Outremer, même si elle est toujours deuxième, troisième ou quatrième sur chaque territoire. Si c’est elle qui a reçu le plus de voix, c’est aussi celle qui a réalisé des percées impressionnantes tant par rapport à ses résultats de 2007 qu’aux résultats de son père en 2002. Des résultats sont le fruit du contexte local de chaque territoire.
En tout, Marine Le Pen a récolté 177.627 voix (21.9%), contre 168.456 pour Mélenchon (20.9%), 168.183 pour Fillon (20.7%) et 165.556 pour Macron (20.4%). Benoît Hamon est aussi à la traîne avec 63.853 voix.
Comme d’habitude, ce scrutin a été marqué par une forte abstention – 53% au total, mais jusqu’à 67.7% à Saint-Martin et saint-Bathélémy, 60% en Guadeloupe, 65.7% en Guyane… mais seulement 41.3% à la Réunion et 36.1% à Wallis et Futuna.
Marine le Pen fait 13.5% en Guadeloupe (4e), 24.3% en Guyane (2nde), 10.9% en Martinique (4e), 23.4% à la Réunion (2e derrière Mélenchon), 27.3% à Mayotte (2e derrière Fillon), 29.1% en Nouvelle Calédonie (2e derrière Fillon), 32.5% en Polynésie (2e derrière Fillon), 18.1% à Saint-Pierre et Miquelon (2e loin derrière Mélenchon), 28.3% à Saint-Martin et saint-Bartélémy (2e loin derrière Fillon).
Elle réalise partout des percées impressionnantes – sauf à Saint-Pierre et Miquelon où elle ne gagne que 2% par rapport à 2012. En Guadeloupe, elle triple presque son score (5.1% en 2007), en Guyane, elle fait plus que le doubler, passant de 10.5 à 24.3%, en Martinique, elle le double (de 4.8 à 10.9%) et fait cinq fois mieux que son père en 2002, elle le double aussi à la Réunion (de 10.3 à 23.4%), en Nouvelle-Calédonie elle le triple (11.7% en 2007, en recul par rapport aux 18.8% du FN en 2002), comme à Wallis et Futuna (2,4% en 2012, 7.1% en 2017), et le double encore à Saint-Martin et saint-Barthélémy (11.4% en 2007).
A Mayotte, elle décuple son score, passant de 2,8 à 27.3%. En Polynésie, il est multiplié par cinq (5,7% en 2007).
Insécurité et immigration clandestine à Mayotte et en Guyane
Secouée par un mois de crise et de grève générale – qui vient de s’achever, la Guyane a adressé un vote profondément contestataire et anti-système, en mettant en tête Mélenchon suivi par Marine le Pen. Christiane Taubira, qui avait soutenu Benoît Hamon, est très nettement désavouée, ce dernier n’obtenant que 5.69%, soit presque autant que Poutou (5.24%). Dans le détail, le Pen est en tête à Cayenne (20.4%, 1824 voix) et dans plusieurs communes de la région : Regina (22.8%), Kourou (22.3%), Macouria (23,4%), Saint-Georges de l’Oyapock (32.5%), Roura (25.4%), Sinnamary (26%), Ouanary (36.8%, 7 voix), Maripasoula (24.5%), Iracoubo (24.2%).
Les promesses de Marine le Pen d’augmenter très fortement les forces de sécurité, de faire respecter les frontières de la France sur les cours d’eau frontaliers avec le Brésil et le Surinam – par où arrivent trafiquants et immigrés clandestins – de reconduire systématiquement aux frontières les clandestins et d’arrêter toutes les pompes aspirantes de l’immigration en sont certainement la cause. Outre une très forte insécurité, elle pèse sur les services publics submergés et auxquels les Guyanais ne peuvent plus avoir accès.
A Mayotte le droit du sol attire les Comoriennes
A Mayotte, confrontée elle à une très forte immigration clandestine cette fois en provenance des Comores voisines, Marine le Pen explose ses scores. L’eldorado français attire notamment les comoriennes enceintes qui gagnent l’île en barque pour y accoucher – leur enfant bénéficiera ainsi du droit du sol français et elles ne seront plus expulsables. Adoubée par les cadis, des chefs religieux musulmans qui jouent un très grand rôle dans la société mahoraise – et sont reconnus par la République (même si la justice cadiale a cédé le pas suite à la départementalisation), elle a marqué des points en promettant de lutter contre l’immigration clandestine. Professeur d’histoire-géographie à Mayotte et peu suspect de sympathies frontistes, Damien Gautreau note sur son blog de Mediapart : « Ce qui fait mouche ici c’est la politique xénophobe de Le Pen. Mayotte compte un nombre important d’étrangers entrés illégalement sur le territoire. Les locaux ont pour habitude de leur imputer tous les maux de l’île. Marine Le Pen sait en jouer et promet de renforcer les contrôles et d’augmenter les expulsions ».
Martinique : derrière le vote Le Pen, le rejet des Haïtiens
En Martinique, l’immigration n’est pas très loin alors que près d’un quart des électeurs du Prêcheur ont choisi Marine le Pen – un score inédit dans ce territoire qui est un bastion de la gauche. « Ils votent Le Pen pourquoi, à cause des dominicains et des haïtiens qu’il y a ici », tente d’expliquer une habitante de la commune interrogée par l’audiovisuel public. Le maire Marcellin Nadeau, pas satisfait par le vote Le Pen de ses administrés, témoigne également qu’il y a « la réalité d’une communauté haïtienne importante, et Le Pen donne l’impression de vouloir régler le problème des plus démunis, des plus faibles »
Polynésie : le soutien déterminant de Gaston Flosse
Ex-président de la collectivité et toujours très influent, Gaston Flosse a réussi son opération en soutenant Marine le Pen, qui réalise 32.5% en Polynésie. En s’écartant nettement de son programme national, Marine le Pen avait promis à Flosse de « développer l’autonomie » de la collectivité, tout en la maintenant en France, mais aussi de maintenir la rente de 150 millions d’euros par an garantie par Chirac en 1996, à la fin des essais nucléaires français et d’assurer les « moyens nécessaires à la réparation des conséquences de toutes nature de ces essais, sur les personnes comme sur l’environnement et l’économie du pays ».
Cependant deux électeurs sur trois ne se sont pas déplacés ; Oscar Temaru, leader des indépendantistes, a prôné l’abstention après n’avoir réussi à réunir les parrainages nécessaires pour se présenter aux présidentielles.
Nouvelle-Calédonie : un référendum pour ou contre l’indépendance qui profite à Le Pen
En Nouvelle-Calédonie, Marine le Pen est en tête dans 13 communes, alors que la moitié seulement des électeurs se sont déplacés… et 10 à 15% aux Iles Loyauté. Elle a des scores de 30 à 50% dans des communes loyalistes, notamment de la banlieue de Nouméa (Dumbéa, Païta, le Mont Dore) qui connaissent néanmoins de gros problèmes avec certains quartiers, comme la communauté canaque de Saint-Louis qui est un vrai territoire perdu de la République. Mais aussi de la côte ouest (Boulouparis, Koumac, Farino, Bourail, la Foa, Pouembout, Moindou, Poya, Kaala-Gomen. Une seule exception : à Ouegoa, dirigée par un maire indépendantiste, Marine le Pen obtient 50.97%.
Les indépendantistes, eux, ont plébiscité Benoît Hamon, qui atteint jusqu’à 59.44% à Hienghène et 56.73% à Belep .Néanmoins dans plusieurs de ces communes, Fillon ou le Pen se classent immédiatement seconds. Et avec ses 9,34%, Benoit Hamon divise le score de François Hollande en 2012 par trois. Les voix indépendantistes sont aussi allées à Mélenchon, qui fait 16,93% à Hienghène, et plus de 10% à Lifou, Thio et deux autres communes. D’autres indépendantistes enfin ont boudé les urnes.
Certains élus de droite ont déjà appelé à voter Marine le Pen, d’autres n’osent pas donner de consigne, mais avancent des explications. Pour le maire de Païta, Harold Martin, interrogé par La 1ère (France Télévisions) « les gens de ce pays sont particulièrement inquiets, ils ne peuvent plus supporter la délinquance, le laxisme de l’Etat. Ils ne peuvent plus supporter la politique, le fait que leur leader normalement non indépendantiste pratique une politique indépendantiste ». Il refuse de donner des consignes de vote et affirme que « personnellement je ne voterai pas pour Macron, je n’ai aucune confiance dans ce type. Il a dit tout et son contraire, et sur la Calédonie, il n’est pas clair du tout ».
Présidente du groupe Les Républicains au Congrès de Nouvelle Calédonie, Sonia Backès ne donnera pas non plus de consigne de vote : « En Nouvelle-Calédonie, les électeurs ont démontré très clairement leur volonté de rester dans la France, leur souhait de fermeté et de retour de l’ordre. (…) J’ai confiance en leur discernement pour déterminer lequel des deux candidats répondra le mieux aux enjeux qui attendent la Nouvelle- Calédonie, en particulier pour ce qui concerne notre maintien au sein de la République et le retour de l’autorité de l’État ».
Louis-Benoît Greffe
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
Une réponse à “Marine Le Pen plébiscitée dans les DOM-TOM où elle fait des percées impressionnantes”
Vu l ABSTENTION dans les « DOM-TOM » , ils n’ont strictement rien à foutre des élections présidentielles française sur leurs terres , EUX l’ont bien compris ! pas comme certaines minorités nationales de l Hexagone.