Si proche et pourtant si négligé
La proximité d’un vignoble avec une ville n’y fait rien à l’affaire, situé aux portes de Lyon, le petit vignoble des coteaux du Lyonnais demeure profondément ignoré de la prospère métropole. Négligé sous la pression tarifaire de la grande braderie du Beaujolais, éclipsé par l’ombre de voisins plus prestigieux -Côte Rôtie et Condrieu- la jeune appellation bataille pour sa survie. À commencer par son aire de plantation réduite à 350 hectares, quand le vignoble en comptait plus de 12 000 avant la crise du phylloxera. Le déclin spectaculaire des coteaux du Lyonnais contredit la vieille loi du commerce vitivinicole* faisant de la présence d’un grand centre urbain l’une des conditions à l’essor des vignobles environnants. Un postulat déjà mis à mal par l’atonie des vignes parisiennes et l’ancienne reconversion de la production de l’Orléannais en vinaigre…
Un vignoble en concurrence avec d’autres usages
Les fondements de ce paradoxe sont surtout à chercher du côté de la pernicieuse intrication des franges de l’agglomération avec le finage du vignoble .Après tout, Lyon a toujours regardé la rive droite, occupée par les monts du Lyonnais, comme un espace récréatif propice à l’implantation des villégiatures de la bourgeoisie lyonnaise. Outre sa cohabitation avec le mitage urbain, la vigne se doit de composer avec de grandes étendues boisées, des vergers, des prés, de sorte qu’elle ne se livre que sous forme d’îlots épars .Il en résulte une absence d’identité paysagère contribuant à l’indifférence des Lyonnais vis-à-vis d’un vignoble en mal de visibilité car trop phagocyté par les multiples conflits d’occupation de son territoire.
L’inclémence des cieux
S’ajoute la rudesse d’un climat semi montagnard pouvant se montrer très dissuasif à l’égard des velléités d’extension sur les hauteurs de cette petite montagne culminant à 500 mètres d’altitude. Si quelques vignes s’y aventurent, les terroirs les plus privilégiés se concentrent dans le secteur rhodanien de Millery, installés sur d’avantageux terrains morainiques. Le terrible millésime 2013 est venu rappeler que le pays lyonnais peut subir l’inclémence des cieux au travers de gels tardifs et d’une pluviosité exceptionnelle. En dépit de ces conditions difficiles, les coteaux du Lyonnais profitent d’une situation de transition entre le Beaujolais et les influences sudistes de la vallée du Rhône, apte à personnaliser ses vins en comparaison de son encombrant voisin. Les deux cépages principaux, gamay et chardonnay, se montrent sous des profils affirmés et très concentrés chez les meilleurs serviteurs de l’appellation.
L’amorce d’une renaissance grâce à de nouveaux vignerons.
L’attrait récent pour ce vignoble au foncier accessible par son prix, se traduit par la venue de nouveaux acteurs extérieurs, armés d’un savoir-faire précieux pour la reconquête du potentiel sous-estimé des vignes lyonnaises. L’arrivée du célèbre domaine Clusel-Roch de la Côte-Rôtie par le truchement d’un petit négoce haut de gamme, représente le premier jalon au réveil de ce terroir. La cuvée « Traboules » vendue aux environs de 10€, obtenue sur des rendements contenus à moins de 20 hectolitres par hectare, révèle avec éloquence les ambitions d’un gamay très consistant, rehaussé de superbes notes épicées.
Bien que la coopérative compte encore pour 60 % de la production de l’appellation, quelques « vieux » domaines œuvrent au renouveau qualitatif, tout particulièrement celui de la Petite Gallée conduit en « bio » par Patrice Thollet. Il faut avoir une attention particulière pour son impressionnant chardonnay , cuvée « les moraines », à moins de 10€.Tout à fait capable de rejouer le trublion du jugement de Paris de 1976*, en parfait remplaçant du chardonnay 1973 du château Montelena vainqueur des plus grands bourgognes blancs de la côte de Beaune. La densité et le gras de ce chardonnay richissime en texture et en flaveurs miellées se fixent sur un très haut niveau d’équilibre et de complexité, totalement hallucinant pour son prix !
Raphno
* « Si vous n’êtes en lieu pour vendre votre vin, que ferez-vous de votre vignoble ? » Olivier de Serres
*Jugement de Paris : célèbre dégustation à l’aveugle organisée par le journaliste de Decanter, Steven Spurrier, durant laquelle la suprématie des grands bordeaux et des bourgognes fut mise à mal face aux qualités des meilleurs vins de la Napa Valley.
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Une réponse à “Ces vignobles que nous avons oubliés (2) : les coteaux du Lyonnais”
Presque plus personne ne se souvient ici que des variantes de patois de la famille francoprovençale (ou arpitans, ou savoyards) se parlaient jadis jusqu’aux portes de Lyon … J’ai eu l’immense privilège de les entendre et de les comprendre … et quelque fois même de les parler :
J’espèro que vo faré in piti viron vé chi-no, din lo Liyonè ! O no fare plèzé de vo vère à la féta de San-Safurin.
O n’é jamè tro târ pa essayi de bien fére, è j’espèro éto que vo faré de tinz in tin in piti viron su lo site internet http://nontra.lingua.free.fr è éto http://clouef.canalblog.com
Vétcha, tot’ y è, en vo remerçayant.
Portâ-vouo bien è menagi-vo !