Brest. La FNSEA veut « repenser le projet agricole européen »

30/03/2017 – 06h30 Brest (Breizh-Info.com) – La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) était réunie en congrès à Brest le 29 mars 2017. Point d’orgue de cette réunion d’agriculteurs venus de toute la France, la présentation du rapport d’orientation du syndicat pour l’année 2017. Intitulé Nos propositions pour « mieux d’Europe », il est entièrement dédié à la question de la politique agricole européenne.

La peur d’un « Frexit »

L’introduction de ce rapport est limpide : « Notre objectif est de faire des propositions, d’apporter notre pierre à l’édifice pour consolider l’édifice européen. Des propositions pour « mieux d’Europe », parmi lesquelles le projet agricole européen trouve toute sa place. »

Pourtant, un tiers du rapport est consacré à un état des lieux peu optimiste, qualifié de « lucide » par les auteurs du rapport. Sur la question qui intéresse la FNSEA – l’agriculture -, la FNSEA déplore l’absence de vision sur le rôle de l’agriculture en Europe. Quant à la question de la gouvernance démocratique des institutions, la FNSEA reconnaît volontiers qu’il est compliqué de savoir qui est responsable de décisions européennes, au moins sur les questions agricoles. La rapport mentionne ainsi une « dérive technocratique » de l’Union européenne.

Mais malgré un constat assez dur, la FNSEA considère qu’il faut améliorer l’Union européenne plutôt que d’en sortir. C’est ainsi que le rapport contient un court passage narrant l’hypothèse d’un « frexit » catastrophique. Cette fiction alarmiste et catastrophiste repose sur des analyses d’économistes selon les rapporteurs.

Les propositions de la FNSEA sur l’Union européenne

FNSEA Europe

Jérôme Volle présente le rapport à Brest

Lors de la présentation du rapport, une vidéo de Xavier Beulin a été jouée. Dans cette intervention posthume, il déplorait l’élargissement de l’Union européenne qui, selon lui, « a empêché la consolidation de l’Europe. » Pour lui, l’Europe est véritablement un impératif géopolitique. Dans cette intervention, il s’interrogeait sur la possibilité de sortir de l’ornière et proposait finalement de consolider d’abord l’Union européenne parmi les 19 pays de la zone euro.

Dans ce rapport, les préconisations de la FNSEA pour faire face aux « replis nationaux » sont les suivantes :
– Davantage de convergence des politiques économiques, sociales, fiscales et environnementales
– L’affirmation de politiques communes à travers des coopérations entre Etats membres
– Un budget européen renforcé dans lequel la PAC ne serait plus une variable d’ajustement
– Une Europe qui s’affirme et protège sur la scène internationale
– Une Europe moins technocratique par une meilleure gouvernance des élus, qui s’appuie davantage sur les organisations représentatives.

Pour consolider la future PAC post-2020, la FNSEA a plusieurs revendications :
– Prévoir pour les agriculteurs professionnels des soutiens adaptés aux objectifs de durabilité de l’agriculture européenne ;
– Offrir une palette d’outils pour accroître la résilience des exploitations ;
– Redonner du pouvoir aux producteurs dans la chaîne alimentaire où les risques et les responsabilités doivent être partagés ;
– Privilégier une approche environnementale basée sur l’engagement et la confiance plutôt que sur la norme ;
– Promouvoir une agriculture moderne et innovante en favorisant l’investissement et la recherche ;
– Disposer d’un budget de la PAC à la hauteur de ces ambitions.

La concurrence déloyale et les difficultés d’harmonisation, un non-dit du rapport ?

FNSEA Brest Europe rapportC’est l’un des sous-titres du rapport : « L’Union européenne doit être plus harmonisée et solidaire ».
Interrogée sur la grogne des viticulteurs du Languedoc confrontés à la concurrence espagnole, Christiane Lambert admet que l’Union européenne pose de graves problèmes aux agriculteurs français : « Il s’agit d’un mal récurrent de l’Union européenne. Sur le volet social notamment, les dissensions font qu’ aujourd’hui, l’heure de travail est en France à 13 € tandis qu’elle est à 6 € en Espagne et en Italie et à 4 € en Pologne. Cela créé de la concurrence déloyale. Idem pour certaines normes sanitaires. »

La solution pour les auteurs du rapport ? Harmoniser les normes européennes, notamment sur le coût du travail. « Il faut une impulsion européenne pour relancer un mouvement de convergence. En débutant par exemple, par la mise en place d’un salaire minimum dans chaque État membre, correspondant à un pourcentage du salaire médian national, un signal fort serait donné en faveur de la convergence. »

Problème pour un agriculteur : « Qui dit harmonisation dit effort des deux parties. Pour certains pays il s’agirait d’augmenter le salaire minimum tandis que pour d’autre il y aurait un risque qu’il soit abaissé. Je vous laisse deviner dans quel camp on serait… »

La FNSEA a donc décidé de vouloir « mieux d’Europe » sans pour autant apaiser les craintes des agriculteurs sur la concurrence déloyale. La grande majorité des agriculteurs présents adhéraient au message pro-européen martelé par la direction de la FNSEA. Mais l’harmonisation sociale des États-membres reste un gros point d’interrogation pour tous les agriculteurs interrogés sur ce point.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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4 réponses à “Brest. La FNSEA veut « repenser le projet agricole européen »”

  1. Jack Mansfield dit :

    Il pourront faire toutes les réunions et projets qu’ils veulent, l’UE les enverra promener, car tout est décidé sans leur avis et même quand les députés, membres du parlement européen émettent des objections ou recommandations, l’UE s’en fiche. Il faut quitter l’UE pour espérer voir les choses bouger. Pas de réunions inutiles….

  2. Ghislaine Launay dit :

    Des bouzeux de salon, nourris des subventions de la pac qu’ils biberonnent depuis des lustres et donc manipulés par les technocrates européens, incapables de concevoir autre chose que l’agriculture productiviste promue par leur maîtres. Souvenons nous, il n’y a pas de pays sans paysans et chaque disparition d’une unité de vie paysanne supprime 6 vrais emplois dans les campagnes.

  3. concepto dit :

    Le Frexit, et vite, pour une agriculture française forte de sa diversité, de sa qualité, de son originalité.

  4. Alain dit :

    Franchement, les Bretons qui se font mener par le bout du nez par la France et ses syndicats, et qui rêvent de réformer l’Europe alors qu’ils ne sont pas fichus de se battre pour obtenir un ministère breton de l’agriculture afin de pouvoir discuter directement avec l’Europe sans passer par Paris et être à égalité avec les autres paysans européens!

    La Bretagne dont la France lui interdit de gérer directement les aides de la PAC à la différence des autres territoires en Europe! Vive la France….n’est-ce pas?!

    Et ces autres Bretons qui demandent plus de France…. fier d’être colonisé!

    L’agriculture en Bretagne quand ça marche on appelle cela le « plan français », puis quand cela se casse la figure on appelle cela le « modèle breton » et la « faute de l’Europe »!

    Allez sortons le « triliv », puis enterrons nos paysans bretons… comme ça plus de problème, ils irons bosser dans les banlieues à la gloire de la France!

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