28/03/2017 – 05h30 Montreal (Breizh-Info.com) – Le Canada a adopté un projet de loi condamnant l’islamophobie. La motion M-103 condamnant l’islamophobie a été votée, jeudi 23 mars, par la Chambre des communes (parlement canadien) par 201 voix contre 91 . Cette motion avait été déposée fin 2016 par la députée libérale, Iqra Khalid, née au Pakistan et émigrée au Canada dans les années 90.
Particulièrement controversée, cette motion a finalement été adoptée, la fusillade de fin janvier 2017 dans une mosquée de Québec achevant de convaincre certains politiques et notamment le candidat à la direction du Parti conservateur du Canada, Michael Chong qui a dérogé à la ligne de parti . A noter que le Bloc québécois et les autres conservateurs ont voté contre et que les « libéraux » ont voté pour cette motion, visant justement à cadenasser les libertés, et notamment la liberté d’expression.
Dans les faits voici le libellé de la motion – intitulée « Racisme et discrimination religieuse systémiques » – qui ne constitue pas une loi, mais une recommandation pour le Gouvernement canadien :
Selon l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait :
a) reconnaître qu’il faille endiguer le climat de haine et de peur qui s’installe dans la population;
b) condamner l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques et prendre acte de la pétition e-411 à la Chambre des communes, ainsi que des problèmes qu’elle a soulevés;
c) demander que le Comité permanent du patrimoine canadien entreprenne une étude sur la façon dont le gouvernement pourrait
(i) établir une approche pangouvernementale pour la réduction ou l’élimination du racisme et de la discrimination religieuse systémiques, dont l’islamophobie, au Canada, tout en assurant l’adoption de politiques fondées sur les faits, qui soient d’application globale et axées sur la communauté,
(ii) recueillir des données pour contextualiser les rapports sur les crimes haineux et pour évaluer les besoins des communautés touchées; le Comité devrait présenter ses conclusions et ses recommandations à la Chambre dans les 240 jours civils suivant l’adoption de la présente motion, pourvu que, dans son rapport, le Comité devrait formuler des recommandations que pourra appliquer le gouvernement afin de mettre davantage en valeur les droits et libertés garantis dans les lois constitutionnelles, y compris la Charte canadienne des droits et libertés.
A ceux qui s’inquiètent d’une criminalisation du blasphème, l’Association canadienne ces libertés civiles (CCLA) veut nous rassurer. Selon sa déclaration du 17 février 2017, la CCLA rappelle que la M-103 ne restreint ni ne censure la parole. De plus, elle n’est ni un projet de loi ni une loi, elle n’a ni valeur juridique ni effet, et elle n’a pas encore été adoptée. Selon la CCLA, parler de menace ne serait qu’« hyperbole et exagération ».
Pour David Rand, président de Libres Penseurs athés, il y’a pourtant bien une menace dans cette motion : « L’utilisation du mot « islamophobie » est complètement inappropriée dans ce contexte, car, s’il existe un problème de discrimination ou de haine contre les musulmans, alors il s’agit de préjugés anti-musulmans, contre de vraies personnes et non contre la religion de l’islam. Les problèmes que pose ce terme extrêmement douteux sont bien connus et exposés par de nombreux auteurs et commentateurs. Et le titre et le texte de la M-103 confondent allègrement racisme et discrimination religieuse, comme si les deux étaient synonymiques, tandis qu’il s’agit de deux phénomènes complètement distincts.» écrit-t-il dans une tribune libre postée sur le Huffington Post Quebec tout en rappelant que la motion M-103 crée une confusion intentionnelle et inacceptable entre religion et race.
Il conclut sa tribune en écrivant : « Si la situation n’était pas si grave, il serait assez rigolo de lire une motion qui ose dénoncer à la fois l’« islamophobie » et la haine. Après tout, le livre central de l’islam, le coran, est truffé de propos haineux nombreux et virulents, contre les incroyants, contre les juifs, contre les femmes. Quelle hypocrisie ! Il s’agit, à moyen ou à long terme, d’une menace très grave pour la liberté d’expression au Canada. Tout le monde doit s’élever contre cette mesure.»
Dans son excellente analyse, M. Rand cite par ailleurs Mathieu Bock-Côté, sociologue et chroniqueur au journal de Montréal : « L’islamophobie n’est pas un concept rigoureux: c’est une arme de guerre idéologique pour faire taire ceux qui abordent l’islam avec scepticisme plutôt qu’avec enthousiasme. » .
En 1971, le Canada comptait 33 000 musulmans. Les politiques gouvernementales successives en matière d’immigration ont fait que ce nombre n’a cessé de croitre. En 2013, il était de 1 153 677 sur 36 millions d’habitants.
Crédit Photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine