24/03/2017 – 07H15 Rostrenen (Breizh-info.com) – Le Centre Bretagne est sinistré médicalement, et cela s’aggrave avec les années.
Concernant les dermatologues, c’est impressionnant. Si vous habitez à Rostrenen, il y’en a une à Carhaix (Mme Bernard-Cuguen) qui doit être tellement débordée qu’elle est impossible à joindre. Deux à Pontivy (33km). Un à Loudéac, à 42km de Carhaix (M. Nilias). 3 à Hennebont (48km), une à Quimperlé (45km) et pour le reste….il faut aller dans les grandes villes et se rapprocher de la côte !
Mais trouver un dermatologue, y compris à des dizaines de kilomètre de son domicile, n’est pas l’assurance d’avoir un rendez-vous. Loin de là.
De Guingamp à Quimper, de Châteaulin à Pontivy, nous avons appelé un bon nombre de dermatologues. La réponse, dans la majorité des cas : « De quelle commune venez vous ? » demande la secrétaire médicale. La simple évocation d’une commune se situant à plus de 20 km des grandes villes bretonnes suffit à faire dire à notre interlocutrice : « désolé, mais nous ne prenons que la clientèle locale, il n y a plus de place ».
Plus de place, c’est le terme qui revient quasiment à chaque fois. Et lorsqu’il y a de la place, on nous a proposé, début mars, des rendez-vous pour fin juillet 2017, septembre 2017 et même, avec le ton le plus sérieux du monde, un rendez-vous pour fin janvier 2018….
Pour pouvoir se faire soigner plus rapidement, il n y a pas le choix pour les habitants du Centre-Bretagne : ou bien se présenter aux urgences médicales, à Guingamp, à Carhaix, à Pontivy, en cas de soucis dermatologique récurrents et obliger les services à vous prendre en charge (aux frais du contribuable). Ou bien passer par un médecin généraliste (et donc faire débourser inutilement une consultation à la sécurité sociale simplement pour espérer – ce qui n’est pas garanti – une consultation dermatologique en urgence) .
Ou bien avoir des connaissances bien placées qui peuvent vous trouver rapidement un rendez-vous ici ou là, y compris à de nombreux kilomètres.
Pour trouver un dermatologue dans le Centre Bretagne, c’est donc la loi de la jungle. Il en va de même pour trouver un ORL (un à Carhaix, un à Gourin, puis Hennebont, Noyal-Pontivy …) et pour de nombreuses autres spécialités médicales !
Après les médecins généralistes, les dentistes, les dermatologues arrivent en 3ème position des spécialités médicales les plus touchées, en France, par la pénurie. Problème : les effets de l’assouplissement du Numerus Clausus, censé favorisé l’accession à la profession d’un plus grands nombre de jeunes étudiants français, ne se verront que dans dix ans comme le souligne ReAGJIR, qui est le Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants en France
Des solutions pour lutte contre le désert médical ?
« Pour les dix prochaines années, il est nécessaire de proposer des mesures incitatives et effectives rapidement. » explique le Dr Augros, présidente de ReAJIR. Pour ce syndicat, cette lutte contre les déserts médicaux passe par l’amélioration de la situation des remplaçants, mais aussi par repenser la rémunération des médecins.
D’autres idées, en vrac, sont émises, ici par les professionnels, là par les usagers :
Rendre obligatoire l’ouverture de cabinets médicaux dans les petites villes, et empêcher les médecins de s’installer dans celles où il n’y a suffisamment de généralistes. Renforcer la qualification des infirmières et développer leurs expertises pour qu’elles puissent renouveler des ordonnances pour les malades chroniques et s’occuper d’eux.
Proposer des parcours subventionnés aux jeunes médecins avec obligation de résidence de 10 ans dans un désert médical. Regrouper les médecins dans des maisons médicales avec plusieurs disciplines sous le même toit. Certains évoquent même la nomination, comme pour certaines catégories d’emploi, des médecins et des spécialistes, dans telle ou telle région, en fonction de l’ordre des résultats au concours, ou d’autres critères comme cela se fait dans d’autres catégories d’emplois.
Le Figaro a lancé un sondage récent, avec pour question : « Avez-vous déjà renoncé à des soins en raison des délais d’attente ? » . Le verdict est dur : 69% de Oui, sur plus de 18 000 votants.
Une chose est certaine : il y a urgence, car c’est toute une partie de la population qui – sans faire le moindre bruit par ailleurs – n’a pas (ou très mal) accès aux soins, et cela alors que la France se targue d’être une grande puissance mondiale !
Yann Vallerie
Crédit Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
2 réponses à “Rostrenen. Pas de dermatologues pour les habitants du Centre-Bretagne”
Il suffit de traverser le Centre Bretagne comme nous l’ avons fait l’ été dernier en allant en vacances vers Concarneau pour se rendre compte que ce Centre Bretagne ( hormis Carhaix) est devenu un désert à tous les points de vue !!!!
Paris et le désert hexagonal …. A tout prendre il vaut mieux faire quelques heures de route que d’aller voir un dermatologue d’importation sans lien avec la Bretagbe et parachuté au coin de la rue. Mais bien entendu la situation idéale serait celle d’une Bretagne qui décide pour elle-même et où ses médecins auraient les moyens de rester au pays.