20/12/2013 – 06H00 Loudéac (Breizh-info.com) – Suite à la plainte déposée par la Ligue des droits de l’homme à l’encontre du maire de Loudéac, Gérard Huet, la polémique – largement relayée par Rue89, Le Télégramme et Ouest-France – n’a cessé d’enfler. La LDH, dont le fond de commerce principal semble être de poursuivre en justice tout ce qui lui parait « politiquement incorrect », s’en prend aujourd’hui à l’élu breton pour des propos « haineux » qu’il aurait tenus à l’encontre de la communauté des gens du voyage. Quels sont donc les faits à l’origine de cette polémique ? Breizh-info a voulu en savoir plus.
S’appuyant sur la loi relative à l’accueil des gens du voyage dans les communes de plus de 5000 habitants, la préfecture des Côtes-d’Armor a récemment obligé la commune de Loudéac à financer des travaux de rénovation sur l’aire d’accueil de Cojean, pour un montant de 100 000 euros pour 15 emplacements (cf. la vidéo du conseil municipal du 14 novembre 2013).
Le 14 novembre dernier, lors du conseil municipal celui-ci a donc voté – sur injonction de la préfecture – le projet social pour les gens du voyage, comprenant la rénovation de l’aire d’accueil, à hauteur de 10000 euros. Cette rénovation comprenait notamment la réfection de l’installation électrique. Un projet de rénovation à plus grande échelle – l’infrastructure date de 1994 – est prévu dans les années à venir, avec le concours de la communauté de communes, comme c’est le cas en général pour ce type d’équipement. Actuellement, la commune de Loudéac assume seule cette gestion. Une gestion coûteuse, puisque en 2012, pour 29 130 € de recettes, la commune a dépensé 50 955 €, soit un déficit de près de 22 000 euros.
Les travaux, pour lesquels la préfecture n’avait pas fixé de délai, ont ensuite démarré. Un mois plus tard, une délégation du comité régional de la Ligue des droits de l’homme s’est rendue sur les lieux pour procéder à une « inspection ». Celle-ci a pu constater que les prises électriques avaient bien été changées, mais que l’ampérage de l’installation était toujours insuffisant et les coupures électriques fréquentes. Le bloc sanitaire était en outre, aux dires de la délégation, « une véritable infection » – la mairie étant semble-t-il mise en cause pour cet état de fait.
Pour M. Bellanger, directeur de cabinet du maire, que nous avons pu interroger par téléphone, « cette agitation est avant tout politique : M. Robert Rault, élu d’opposition (PS) et futur candidat à la municipalité de Loudéac, fait également partie de la Ligue des Droits de l’homme et tente ainsi une manœuvre politique visant à déstabiliser M. Huet. Les “coupures électriques” constatées et dénoncées par la LDH sont tout simplement dues à une utilisation intensive et inappropriée des installations électriques qui entraînent des sauts de compteurs, afin de protéger les résidents de conséquences qui pourraient être dramatiques. L’utilisation d’appareils anciens, rafistolés et usagés, la présence d’eau pourraient avoir de graves conséquences, évitées justement par la rénovation des installations électriques. »
M. Bellanger précise que la mairie a dû dépenser 3 630 euros supplémentaires au 1er décembre pour la réfection de la robinetterie et de prises électriques cassées, mais aussi pour le bétonnage d’une cuvette de WC ainsi que pour le nettoyage d’excréments retrouvés un peu partout dans et autour du bloc sanitaire. Et cela dans un souci justement de respect de l’accueil de cette population et malgré le déficit que représente déjà pour la commune l’entretien de cette aire.
Concernant les nombreuses dégradations commises sur l’aire, « des plaintes sont déposées systématiquement, mais n’aboutissent jamais, faute de témoins, faute d’enquêtes poussées également. C’est une communauté qui ne parle pas beaucoup et qui ne cherche d’ailleurs pas du tout à s’intégrer au sein de la commune. » constate le directeur de cabinet.
Revenant sur les propos de M. Huet et sur l’échange houleux lors du conseil municipal du 14 novembre dernier entre le maire et l’opposition, M. Bellanger affirme : « C’est vrai, M. Huet a un caractère bien trempé et n’entend pas se laisser marcher sur les pieds par des personnes qui défendent avant tout une idéologie. Concernant les gens du voyage, il les respecte : la preuve, à contrario de nombreuses communes où les municipalités sont excédées, le courant ou l’eau n’ont jamais été coupés, et cela malgré les nombreuses dégradations et les nombreux impayés constatés. Allez interroger les agents communaux qui doivent prêter main-forte aux agents de l’Hacienda pour nettoyer tous ces excréments, ils risqueraient de vous tenir des propos nettement plus “radicaux”. La population est excédée. Ce quartier de la commune est celui qui coûte le plus cher chaque année, alors qu’il compte le plus faible taux d’habitants. Cela incite à se poser des questions ».
Concernant cette affaire, Gérard Huet ne semble rencontrer que des soutiens dans sa ville. « « ‘Ces gens là’, ils viennent, ils consomment, ils ne s’intègrent pas et ils s’en vont. C’est peut-être leur mode de vie, mais on a aussi le droit de ne pas le partager », s’exclame une commerçante. « Le pire, c’est que ce ne sont pas eux qui demandent qu’on les aide, ce sont des militants associatifs ainsi que des politiques.»
Le maire de Loudéac, également conseiller général, briguera un 3e mandat en 2014. Peu de chance que cette querelle soulevée par l’opposition porte préjudice à ce proche de Marc Le Fur. Dans ce coin des Côtes-d’Armor, M. Huet est manifestement à l’unisson de la majorité de ces concitoyens. N’en déplaise aux ligues de vertu.
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