Edwy Plenel : un prédicateur du camp du Bien en conférence à Nantes

19/11/2016 – 06H45 Nantes (Breizh-info.com) – Edwy Plenel était à Nantes le 14 novembre pour présenter à la maison des citoyens du monde Cosmopolis son dernier ouvrage Dire nous  sous titré « contre  les peurs et les haines» dans le cadre des semaines de la solidarité internationale et du vivre ensemble. Directeur du site Web d’information Mediapart après avoir passé 25 ans au Monde, Plenel est un des journalistes français les plus influents. Il est devenu une sorte de guide spirituel pour une gauche en manque de maître à penser.  Mediapart, qui revendique 124 OOO abonnés et 4 millions de visiteurs uniques chaque mois, est une entreprise  qui marche plutôt bien.

Plenel est entré en politique comme on entre en religion, très jeune. Mais  l’ancien lycéen trotskyste nantais, comme son public, a vieilli.  A Cosmopolis, on se pressait pour l’écouter : lecteurs du Monde, disciples de Bourdieu ou de Foucaud, soixante-huitards attardés, nostalgiques des luttes anti-coloniales, dames patronnesses de Témoignage chrétien… portant, pour tenter de faire jeune, force badges, anti TAFTA, anti aéroport de NDDL…

L’orateur est brillant, il sait jouer des mimiques de son visage de paysan madré. En réalité, il donne l’impression de constamment prêcher. Pour qui se prend-t-il ? Luther, Calvin, Savonarole ? Mais il y a aussi en lui du commissaire politique et de l’inquisiteur, Fouquier-Tinville ou Torquemada ?

Si la notion de racines lui est insupportable, il s’étendra cependant longuement sur sa jeunesse, ses origines, le protestantisme de sa famille maternelle, le catholicisme devenu agnosticisme du côté de son père, la judaïté de son épouse. Il y reviendra plusieurs fois.

Actualité oblige, l’orateur évoquera pour débuter l’élection de Donald Trump – « la victoire de la méchanceté, de la laideur et de la haine ». Pas moins. Pour Plenel ce fut « un 11 septembre politique » : on a atteint un point de non retour mais il faut quand même faire face. Pour cela, explique-t-il, il faut comprendre « ce qui nous arrive ». Si on ne peut que s’accorder avec son analyse du phénomène terroriste actuel, issu des erreurs de la politique américaine  au Moyen-Orient depuis 15 ans, on le suivra difficilement sur sa volonté d’exonérer l’islam de toute responsabilité. Pour Plenel, seule la dissidence sectaire du Wahabisme est coupable.

Toute l’intervention du patron de Médiapart sera imprégnée en permanence de moraline. Il est le héraut du camp du Bien, et le bien, c’est l’égalité. Chez Plenel le rêve communiste est toujours présent, le rêve messianique d’une cité idéale où il n’y aurait ni riches ni pauvres, ni noirs ni blancs et où règneraient la justice et l’égalité parfaite. C’est cet idéal qu’il faut réhabiliter, idéal dont Charles Maurras  et Joseph de Maistre « auteurs talentueux » furent  les adversaires historiques. L’égalité, « c’est toujours ce qui met en mouvement les peuples », affirme  Plenel. Un propos pour le moins démenti par l’histoire et l’actualité !

Dénonçant «l’offensive ultra libérale du chacun pour soi », Plenel y voit en parallèle la naissance du discours de l’identité. Pour lui, ce mot c’est le mal absolu, le symbole de l’obscurantisme de l’humiliation, de la guerre de tous contre tous, de la xénophobie, de la haine, des boucs émissaires … Tout comme celui d’assimilation, mot lui aussi «terrifiant» qui «dans  la logique du parvenu veut dire : efface toi, je suis ton miroir». Ce qui l’amène à recommander d’être «à l’écoute des jeunes des quartiers qui s’ébrouent (sic) pour conquérir de nouveaux droits ». Et Plenel d’enchaîner avec un long  développement sur «la tragédie» avec laquelle nous devons vivre. L’accepter c’est accepter notre histoire. Cela l’amène au passage à féliciter la ville de Nantes «d’avoir fait le travail de la mémoire de l’esclavage » et le Président Chirac d’avoir «reconnu le rôle des élites françaises dans le génocide». Mais en cette matière, la repentance est insuffisante, il faut maintenant «ouvrir le placard des crimes coloniaux, vrais crimes contre l’humanité». Cela implique donc l’accueil sans condition «de  l’autre, le migrant».

Commentant l’actualité politique française, Plenel ne peut manquer de citer le livre sur les confessions de François Hollande qu’il qualifie de «miroir d’un dépressif président». Il refuse de parler du Front national pour lui faire la courte échelle – «le problème n’est pas l’extrême droite». Par contre il ne pardonne pas à Nicolas Sarkozy d’avoir fait campagne en 2007 et 2012 sur le thème de l’identité nationale – «la transgression majeure» – et d’avoir mis ce mot terrible dans l’intitulé d’un ministère. Pour  Plenel, Sarkozy – qui n’a fait la guerre en Lybie que «pour effacer ses liens de corruption » – n’est candidat à l’élection présidentielle que «pour ne pas avoir de bracelets aux poignets». Il l’exécute par ses mots : « monsieur Bismuth a le feu aux fesses ».

Le Premier ministre Manuel Valls ne trouve pas grâce non plus à ses yeux. Pour avoir envisagé la déchéance de nationalité, il est condamné à jamais, c’est « l’homme de la République punitive ».

Alors, comme disait Lénine, que faire ?  Plenel, qui «ne sacralise pas le vote», plisse les yeux pour inviter son public à être stratège, à jouer au GO, à « voter Juppé dès les primaires ».

Pour un homme qui, auparavant, avait, évoqué les mânes de Liebknecht et Rosa Luxembourg, cité Jaurès et Gramsci, la chute est dure et ce n’est pas la citation de Romain Rolland, l’auteur d’Au dessus de la mêlée : « il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté » qui le relèvera.

Après avoir maintes fois répété au cours de la soirée qu’il est un  «visionnaire» ou qu’il sait «qu’il a raison»(!), Edwy Plénel conclura la soirée en avouant : « je prêche un peu, excusez-moi ». Impossible d’en douter…

C B

Photo : Ophelia Noor/Flickr (cc)
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3 réponses à “Edwy Plenel : un prédicateur du camp du Bien en conférence à Nantes”

  1. Marie Martin dit :

    Disciple de l’ONU.

  2. Roban dit :

    Je suis surpris que Breizh-info donne la parole à cet abruti !

  3. Abrux dit :

    Il faut surtout laisser parler Plenel. Il a réussi à subventionner Mediapart pourtant un journal internet.

    J’ai relevé ce memorial sur l’esclavage pas très loin de « l’ancienne baignoire nationale ». Il y a matière à ré-information sur ce sujet et quelques bons articles.

    La traite des noirs est un chapitre de l’esclavage. Le commerce triangulaire est également un chapitre de la traite des noirs.

    Le plus gros chapitre de la traite des noirs est occulté et pas seulement en France.

    Au cours du temps, en langue arabe noirs et esclaves sont devenus synonymes et pour cause. Pendant plus d’un millénaire les esclaves sont remontés du sud vers le Maghreb, vers l’Arabie, vers l’empire Ottoman. A Zanzibar le grand centre commercial, on castrait, seul 1 sur 10 survivait à l’opération. Il serait bien qu’au mémorial de Nantes on expliqua pourquoi il n’y pas de population noir dans ces pays ? En 1963 à Zanzibar, il régnait encore une telle haine que tout les arabes ont été massacrés.

    Le mémorial de JM Ayrault se devait d’attirer des voix sans en perdre d’autres.

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