17/12/2013 -08H00 Nantes (Breizh-info.com) – « Après la fiscalité, c’était déjà mal parti, après l’intégration, c’est fichu », déplore un socialiste nantais. Traduction : en annonçant une remise à plat de la fiscalité, Jean-Marc Ayrault avait fragilisé sa position. En mettant en ligne les délirants rapports sur l’intégration qu’il avait commandés, il s’est assis lui-même sur un siège éjectable.
L’annonce d’une réforme fiscale, fin novembre, avait été saluée par certains comme une habile astuce tactique. En prenant l’initiative, l’ancien maire de Nantes pouvait croire s’être « remis en selle ». Des sondages d’opinion encore plus catastrophiques que les précédents avaient vite remis les pendules à l’heure. L’affaire de l’intégration est d’une nature plus radicale : elle relève du pur aveuglement politique. En voyage en Amérique du Sud, le président de la République s’est cru obligé de se recadrer durement son Premier ministre.
D’autant plus que, dit-on ici et là, il serait harcelé à la fois par les ministres, exaspérés des méthodes autoritaires de Jean-Marc Ayrault, et par les grands élus du P.S., paniqués au vu des sondages. Du coup, François Hollande reprend les manettes. Ou il fait semblant : gouverner n’est pas dans son tempérament, il lui faut un chef du gouvernement crédible. Il y a probablement du remaniement dans l’air. À condition de bien choisir le moment, suffisamment près des élections municipales pour éviter que le soufflé n’ait le temps de retomber, suffisamment loin pour que cela n’ait pas trop l’air d’une manœuvre politicienne, un changement de Premier ministre pourrait redonner un peu d’oxygène au Parti socialiste.
Une date est même dans toutes les têtes : celle du 14 janvier 2014, soixante-sept jours avant les élections. Une conférence de presse de François Hollande est annoncée ce jour-là. Elle permettrait une exécution publique entourée d’une mise en scène programmée à l’avance. On chargerait alors la mule, ou plutôt le bouc émissaire : tous les ratages des deux dernières années seraient imputés à Jean-Marc Ayrault.
Cette perspective ravive une rumeur qui avait brièvement couru voici quelques mois, celle d’un retour de Jean-Marc Ayrault aux municipales à Nantes. Techniquement, ce serait possible : le dépôt des candidatures peut intervenir jusqu’au 6 mars. Humainement, cela n’aurait rien d’étonnant. Timide qui s’est soigné, Jean-Marc Ayrault conserve un ego pointilleux. Il n’est pas du genre à accepter de s’effacer sur un échec cuisant. Et la candidate socialiste désignée, Johanna Rolland, qui lui doit toute sa carrière (elle a été son assistante parlementaire), n’a rien à lui refuser.
L’hypothèse ne suscite manifestement aucun enthousiasme chez les proches de la mairie. Parti de Nantes auréolé d’une image de « maire qui a réussi », Jean-Marc Ayrault reviendrait très affaibli par une solide réputation de loser. Et cela inciterait à réexaminer son bilan réel à la mairie de Nantes, loin d’être glorieux en réalité au regard des moyens engagés : le demi-échec de sa politique touristique, l’enlisement de grands projets comme le déménagement du CHU et la rénovation du musée des Beaux-arts, ou les tâtonnements incessants du plan de circulation pourraient peser lourd dans la balance.
Crédit photo : Parti socialiste (extrait), [CC] via Flickr
[cc] Breizh-info.com, 2013, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.