Trump, Clinton : comment le président des États-Unis est-il élu ? [Mode d’emploi]

Tout au long des élections américaines de 2016, retrouvez chaque vendredi l’analyse de Pierre Toullec, spécialiste de la politique américaine et des États-Unis en exclusivité pour Breizh Info.  L’occasion de mieux comprendre les enjeux et les contours d’élections américaines finalement assez mal expliquées par la majorité de la presse subventionnée – sponsor démocrate de longue date. L’occasion également d’apprendre ce qui pourrait changer pour nous, Européens, suite à l’élection d’un nouveau président de l’autre côté de l’Atlantique.

Comment le président des États-Unis est-il élu ?

Comprendre le système électoral américain est particulièrement complexe pour les non-Américains, mais aussi parfois pour les citoyens eux-mêmes qui connaissent tout juste les règles de leur État ! L’une des erreurs à ne pas commettre pour le comprendre est de penser les États-Unis comme une nation. Ils n’ont pas été créés ainsi.

Le concept « d’une nation » n’a été introduit qu’après la guerre de sécession (1865) et le concept « d’une nation sous Dieu » (One Nation Under God) seulement en 1954. A l’origine au moment de l’indépendance et dans les années qui ont suivi, les « 13 colonies » se considéraient comme quatorze nations indépendantes (quatorze car le Vermont a déclaré son indépendance vis-à-vis du New Hampshire pendant la Guerre d’indépendance, en partie liée aux luttes entre cet État et celui de New York pour réclamer la souveraineté sur ce qui deviendra en 1777 le Vermont) vaguement liées par une alliance non-contraignante.

Cet héritage fait que chacun des cinquante États possède sa propre constitution. Chaque État est donc souverain sur la manière dont l’élection se déroule pour chaque position électorale (du sheriff au sénateur). Pour de nombreuses élections, une majorité d’États a conservé l’héritage anglais du « First Past The Post », c’est-à-dire une élection à un tour qui désigne celui qui a remporté le plus de voix comme le vainqueur de l’élection même si personne n’obtient 50% des voix. Mais certains États ont choisi un fonctionnement différent.

Par exemple, pour la plupart de leurs votes, la Géorgie et la Louisiane ont adopté un système similaire au système français avec deux tours : l’élection se tient entre un grand nombre de candidats (parfois du même parti, faisant que des primaires ne sont pas toujours mises en place), puis un « run-off », l’équivalent de nos seconds tours, se tient entre les deux candidats ayant reçu le plus de voix.

Il faut ajouter à cela qu’en plus d’un grand nombre de postes pour lesquels les citoyens votent (dans la majorité des États, les ministres, maires, élus municipaux, etc. sont élus indépendamment. Il est ainsi commun de voir un gouverneur républicain ayant un lieutenant-gouverneur démocrate, un ministre de l’agriculture indépendant, etc.), les électeurs sont libres d’imposer un vote sur une résolution pour modifier la constitution de l’État ou imposer une loi sur laquelle les Congrès locaux n’auront aucun pouvoir pour bloquer la décision populaire.

Ainsi, en 2016, un très grand nombre d’États ont mis en place des référendums sur la légalisation du cannabis et bien d’autres sujets (port d’arme, règles commerciales, règles environnementales, etc.). Enfin, en plus de tout cela, les citoyens votent en même temps pour leurs sénateurs et représentants fédéraux et leurs gouverneurs, leurs membres du gouvernement, leurs sénateurs et représentants locaux, qui chacun ont des règles électorales différentes et des durées de mandat potentiellement différentes.

Cette extrême complexité fait que les « bulletins de votes » ressemblent davantage à de longues listes difficilement compréhensibles pour les Européens. Voici à quoi ressemblait par exemple le bulletin de vote pour les élections de 2003 en Californie (année non-présidentielle, donc avec moins d’options que d’habitude).

bulletin_us

Le système de vote est tellement complexe qu’il est la raison pour laquelle tant d’États choisissent de passer par un vote électronique, beaucoup plus simple à gérer, notamment pour comptabiliser les voix. Pire, dans certains États, ce n’est pas le gouvernement qui est en charge de constituer ces listes de vote : chaque comté doit le faire.

Enfin, cet exemple ci-dessus de la Californie n’est qu’une représentation loin d’illustrer la complexité du vote manuel : il n’est pas rare que les électeurs doivent passer en revue plusieurs pages de candidats sur un grand nombre de positions éligibles et de référendums.

Aux États-Unis, le vote n’est donc pas une affaire de quelques minutes. Les longues files d’attentes que l’on peut voir le jour des élections viennent du fait que même avec un vote électronique, les électeurs doivent passer parfois plusieurs dizaines de minutes dans l’isoloir pour passer en revue l’ensemble des sujets sur lesquels ils peuvent s’exprimer.

Le calcul de l’abstention en est ainsi complexe à déterminer avec précision : tous les électeurs qui se déplacent ne s’expriment pas sur tous les sujets. Ainsi, un taux d’abstention aux élections présidentielles de 40% ne signifie pas que 40% des citoyens ne se sont pas déplacés. Cela signifie que 40% d’entre eux ne se sont pas déplacés ou bien se sont déplacés et ont voté pour d’autres sujets mais pas pour l’élection présidentielle.

L’incroyable complexité que représente un jour de vote aux États-Unis

Additionnez à cela le fait que dans plusieurs États, tous les bulletins de vote doivent être bilingue anglais-espagnol et indiquer de nombreuses informations sur les candidats (État d’origine, profession, sexe, appartenance religieuse, etc.) et vous commencez tout juste à toucher du doigt l’incroyable complexité que représente un jour de vote aux États-Unis.

Il faut aussi ajouter que tous les ans, le premier mardi qui suit le premier lundi du mois de novembre, certains Etats votent pour différentes positions. Dans certains, les électeurs peuvent être appelés à voter tous les ans.

Nous n’avons pas ici abordé la question des mandats de longueur différente, des limitations du nombre de mandats possibles (exemple, en Virginie il n’est possible d’être gouverneur qu’une seule fois alors qu’au Texas il n’y a pas de limite sur le nombre de mandats possibles pour le même poste).

Rassurez-vous : si vous avez l’impression de ne pas comprendre le système électoral américain, c’est normal. Même les spécialistes ont tendance à se spécialiser sur un Etat en particulier pour réellement comprendre le système et laissent d’autres apprendre les rouages des quarante-neuf autres Etats.

L’élection présidentielle américaine moderne

Pour l’élection présidentielle, l’héritage confédéral des premières années suivant la déclaration d’indépendance n’a pas été complètement perdu. Lorsque le poste de président des États-Unis a été créé, l’idée était de réaliser une élection la plus indirecte possible pour conserver tous les pouvoirs entre les mains des citoyens et des États et de faire du poste de président un simple faire-valoir sans réels pouvoirs.

Pour ce faire, le système mis en place fut de ne pas faire voter directement les citoyens. Sur la base du «first past the post» combiné au «winner take all», le collège électoral mis en place donnait le pouvoir à des élus spécifiquement désignés pour élire le président des États-Unis. Chaque État reçoit un nombre de « grands électeurs » et le candidat qui remporte le plus de voix remporte tous les grands électeurs de cet État. Si de nombreuses réformes ont été mises en place à la fin du XVIIIème et au début du XIXème siècle, ce concept de base est toujours en place. Les citoyens votent et le candidat qui reçoit le plus de votes remporte l’ensemble des grands électeurs. Ces derniers se réunissent au cours du mois de décembre de l’année électorale et doivent exprimer leur choix final avant le 3 janvier suivant.

Chaque État n’a pas le même poids démographique. Le nombre de grands électeurs en tient compte. Ils sont comptabilisés de la manière suivante : chaque État reçoit deux grands électeurs pour représenter leurs deux sénateurs puis un grand électeur par siège de représentant. Ceci signifie que tous les États ont au minimum trois grands électeurs et les plus peuplés peuvent en avoir plusieurs dizaines (exemple, la Californie élit 55 grands électeurs et le Texas 38). Seuls deux États (le Nebraska et le Maine) ont décidé de modifier les règles. Le système n’est plus un «winner take all». Seuls les deux votes représentants le Sénat sont alloués selon cette règle. Leurs deux autres sont alloués en fonction du résultat du candidat à l’élection présidentielle par circonscription législative. Enfin, Washington DC n’est pas un État mais vote aussi pour élire trois grands électeurs.

Pour remporter l’élection présidentielle, un candidat doit obtenir 270 grands électeurs. La comptabilisation du vote populaire (le vote des citoyens) ne compte que pour la décision dans chaque État et n’a pas d’impact direct sur le résultat final. C’est ainsi qu’au cours de nombreuses élections, des présidents ont été élus sans que qui que ce soit reçoive au moins 50% des voix des citoyens (depuis la Seconde Guerre mondiale, ce fut le cas en 1948, 1960, 1968, 1992, 1996 et 2000, un phénomène loin d’être rare).

Si aucun candidat ne parvient à obtenir 270 grands électeurs avant le 3 janvier, c’est alors la Maison des Représentants et sa nouvelle majorité qui votera pour désigner le président. S’ils ne parviennent pas à trouver une majorité avant le 20 janvier, c’est le président de la Maison des Représentants qui devient président des Etats-Unis jusqu’à ce que cette même chambre législative parvienne à trouver une majorité d’au moins 218 représentants pour désigner le nouveau président.

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Les résultats de l’élection présidentielle de 2012 : les numéros représentent le nombre de grands électeurs de chaque Etat. Le gouverneur Mitt Romney a remporté 24 Etats contre 26 pour le président Obama, mais ce dernier ayant reçu le soutien de davantage d’Etats très peuplés, sa victoire au niveau des grands électeurs fut beaucoup plus large qu’exprimé par le vote des citoyens.

Source : RealClearPolitics

Quels scenario possibles en 2016 ?

Cette campagne a été tellement chaotique et les sondages sont si serrés qu’il n’est pas possible de prédire le résultat de l’élection. Bien entendu, chaque camp, du côté républicain et du côté démocrate, affirment qu’il va gagner. Cela ne signifie pas qu’ils le pensent ni qu’ils soient honnêtes. Dire aujourd’hui que l’un des candidats va gagner l’élection avec certitude est intellectuellement malhonnête et ressemble davantage à un pari ou un espoir qu’une réalité. C’est facile : en gros, vous avez une chance sur deux d’avoir raison et si vous avez tort dans votre affirmation cela n’a pas réellement de conséquences.

La raison en est simple : pour la première fois depuis des dizaines d’années, un grand nombre d’États sont considérés comme «indécis». De plus, le rejet des deux candidats républicain et démocrate par les électeurs fait qu’il est difficile d’estimer quel sera le montant de l’abstention et quelle sera la proportion de votes dirigés vers les candidats tiers. Or, même un faible résultat de la part de Gary Johnson, Evan McMullin et Jill Stein peut complètement modifier les cartes. Ainsi, en 2000, en recevant seulement 2,74% des voix, Ralph Nader, candidat des verts, a donné la victoire à George W Bush. Or, nationalement, Gary Johnson est crédité de 4,8% d’intentions de vote et Jill Stein 1,8%, des résultats très largement suffisant pour faire basculer un État dans un camp ou un autre.

Pour bien illustrer la difficulté à réaliser une prévision, observons la carte actuelle des intentions de vote :

vote_intention

Source : RealClearPolitics

Chaque État en gris représente un « swing state », c’est-à-dire un État où les sondages donnent Hillary Clinton et Donald Trump dans la marge d’erreur. Depuis 2000, aucune élection n’a vu une telle incertitude et il est clair que les candidats démocrate et républicain sont tous les deux très loin des 270 grands électeurs nécessaires.

Les États en rouge sont ceux qui favorisent Donald Trump. Plus la couleur est foncée, plus il a de chances de remporter l’État. Plus elle est claire et proche du rose, moins le soutien est fort.

Ceux en bleu favorisent Hillary Clinton. Les variations de couleur fonctionnent de la même manière.

Les points d’interrogation jaunes représentent les États dans lesquels les candidats indépendants ont le plus de chances d’avoir un impact très fort sur le résultat. Dans plusieurs d’entre eux (tous en faveur de Donald Trump), il n’y a pas réellement eu de sondages réalisés au cours des dernières semaines. Or, au Wyoming, en Alaska, en Idaho et au Montana, Gary Johnson a investi beaucoup d’énergie. Il espère remporter l’Alaska et le Nouveau-Mexique. L’impact de sa présence peut changer le résultat du vote dans tous ces États ainsi qu’au Colorado où la présence de ses équipes est aussi importante.

En Utah, en Arizona et au Nevada, la forte population mormone rend aussi difficile de savoir qui a une chance de remporter l’élection. Le candidat indépendant Evan McMullin est lui-même mormon et conservateur. Il a basé sa stratégie sur une victoire en Utah et souhaite empêcher Donald Trump de remporter l’Arizona tout en laissant Gary Johnson empêcher Hillary Clinton de remporter le Nouveau-Mexique. Ces résultats dans l’ouest des États-Unis pourrait modifier toute l’élection.

Cette incertitude fait que quatre scenarios sont possibles lorsque nous aurons les résultats finaux mercredi matin.

Premier scénario : victoire de Hillary Clinton

Il est vrai que Hillary Clinton possède le plus de chances de l’emporter car elle possède une base électorale d’États très peuplés qui voteront très probablement pour elle quoi qu’il arrive. Cette avance fait qu’elle n’a pas besoin de remporter autant d’États indécis que Donald Trump. Le site d’analyse fivethirtyeight donne sa victoire probable à 63,3% (chiffre mis à jour toutes les trois à six heures). Même si Donald Trump remporte les États cruciaux de Floride, Ohio, Iowa et New Hampshire (tous remportés par Barack Obama en 2008 et 2012), Hillary Clinton parvient toujours à s’imposer et gagne de justesse l’élection présidentielle.

Dans cette hypothèse, il reste trois Etats qui pourraient faire basculer l’élection. Si un seul de ces trois Etats bascule dans le camp républicain, alors Donald Trump remportera le vote.

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Second scénario : victoire de Donald Trump

Ces trois États cruciaux sont la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Michigan. Aucun autre État ne serait, seul, en mesure d’inverser le résultat du vote (mais une combinaison de plusieurs États pourrait aussi donner la victoire à Donald Trump).

Partons sur l’hypothèse qu’un seul de ces trois États fini par voter Donald Trump : la Pennsylvanie.

Ce seul changement ferait gagner le milliardaire. Si les trois États finissent par voter en sa faveur, il monte à 306 grands électeurs et ce sera considéré comme une large victoire et une défaite totale pour Hillary Clinton. Ajoutons encore la possibilité qu’Evan McMullin et Gary Johnson parviennent à prendre une part importante des votes au Colorado, en Arizona et au Nouveau-Mexique sans parvenir à remporter un seul de ces États. Donald Trump pourrait obtenir le chiffre de 320 grands électeurs en remportant le Colorado et le Nouveau-Mexique. Il sera quasiment à égalité avec le score du Président Obama en 2012 et pourra affirmer que les américains lui ont donné un véritable mandat pour gouverner.

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Troisième scénario : personne ne gagne le 8 novembre mais Clinton ou Trump deviendra président

L’hypothèse d’une victoire de Donald Trump est bien réelle. Mais penchons nous sur un État que nous avons peu abordé pour le moment : le Nevada. Selon FiveThirtyEight, il s’agit de l’État le plus serré et difficile à prédire. Avec une forte population mormone mais l’essentiel de l’activité basée à Las Vegas et dans sa banlieue proche, il s’agit aussi d’un État en rapide transformation avec une forte population hispanique et hispanophone.

Autant les Afro-américains semblent peu passionnés par cette élection et devraient beaucoup moins se déplacer aux urnes que pour le président Obama (ce qui pose un grave problème pour Hillary Clinton en Floride et en Caroline du Nord), les Hispaniques, eux, semblent beaucoup plus motivés que par le passé et s’orientent davantage vers la candidate démocrate. Au Nevada en particulier, la proportion d’Hispaniques ayant participé au vote anticipé est historiquement élevée. Si l’on conserve l’hypothèse précédente de la victoire de Donald Trump en Pennsylvanie mais que Hillary Clinton remporte le Nevada, alors aucun des deux candidats ne remporte l’élection !

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A égalité à 269 grands électeurs, il n’y a qu’une seule certitude : Hillary Clinton ou Donald Trump sera élu président des Etats-Unis. Mais la manière dont cela va se passer peut-être complètement chaotique.

En première hypothèse, la constitution couvre ce genre de possibilité. Si les grands électeurs respectent leur engagement et que le collège électoral reste bloqué à 269 votes pour chaque candidat, alors c’est la Maison des représentants qui devra élire le nouveau président après le 3 janvier 2017.

Seconde hypothèse, les grands électeurs décident de ne pas respecter leur engagement à voter pour Trump ou Clinton : si plusieurs d’entre eux décident de changer de bord, prédire le vainqueur avant le 3 janvier devient particulièrement compliqué. Qui osera ? La pression sur les épaules des grands électeurs sera alors immense. Habituellement quasiment ignorés par les médias et les hommes politiques, ils seront au cœur de l’actualité jusqu’au 3 janvier prochain.

Cela deviendra l’unique sujet de discussion sauf nouveau scandale pour l’un des deux candidats.

Il est certain que dans un tel scénario, les deux bords lanceront de nombreuses actions en justice pour qu’un recompte des voix soit réalisé d’ici au 3 janvier, de manière similaire à ce qui s’est passé en Floride en 2000 mais cette fois au niveau national.

Quatrième scénario : personne ne gagne le 8 novembre mais personne ne sait qui peut devenir président

La volatilité de la situation modifie toutes les cartes dans cette élection et deux candidats comptent bien en profiter : Evan McMullin et Gary Johnson. Tous les deux particulièrement proches de Hillary Clinton et Donald Trump dans les sondages en Utah (pour McMullin) et au Nouveau-Mexique (pour Gary Johnson), si un seul des deux parvient à réussir son pari, il devient possible que personne ne remporte l’élection présidentielle.

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Il y a une certitude : si certains grands électeurs pourraient décider de modifier leur vote d’ici au 3 janvier, ceux qui se sont engagés à voter Gary Johnson ou McMullin leurs sont beaucoup plus fidèles. En effet, ces candidats au poste de grand électeur se sont engagés pour ces personnes spécifiquement. En revanche, les grands électeurs républicains et démocrates se sont engagés pour leurs partis avant de connaître leurs nominés. Étant donné leur impopularité, ils sont les plus à même de modifier leur vote après le 8 novembre.

Autrement dit, si Gary Johnson ou Evan McMullin remporte leur État cible, il faudrait un vaste mouvement de démocrates qui se tournent vers Donald Trump ou un vaste mouvement de républicains qui décident de voter pour Hillary Clinton pour qu’un candidat remporte la victoire avant le 3 janvier.

Si personne ne remporte l’élection avant début janvier mais que quatre candidats ont obtenu au moins un vote de grand électeur, alors toutes les cartes sont sur la table. La Maison des représentants devra choisir entre quatre candidats. Les républicains devraient conserver le pouvoir dans cette chambre mais ils sont divisés sur Donald Trump. Plusieurs d’entre eux ont affiché leur soutien à Gary Johnson et plusieurs élus ou ex-élus républicains de différents États ont officiellement soutenu Evan McMullin. Le Parti Républicain, majoritaire mais profondément divisé, pourrait devoir chercher à trouver une majorité entre trois candidats portant ou ayant porté un jour l’étiquette « républicain ».

Si Gary Johnson et/ou Evan McMullin remportent leur Etat et que ni Donald Trump ni Hillary Clinton n’obtiennent de majorité, alors n’importe lequel de ces quatre candidats pourra devenir président et les sondages tout comme les résultats électoraux n’auront plus aucun impact. Tous les quatre auront autant de chances de remporter l’élection et Trump et Clinton perdront alors leur statut de favori.

En conclusion :

Ces quatre scenarios représentent des possibilités fondamentalement différentes. Ils montrent à quel point il est difficile de savoir ce qui va se passer. Pour chacun d’entre eux, de nombreux détails peuvent changer. Certains États peuvent finir par voter différemment de mes hypothèses. Hillary Clinton ou Donald Trump peuvent tous les deux se retrouver avec une très large victoire ou bien les indépendants peuvent réaliser un score inattendu.

Revenons à notre première carte :

clinton5

Cette carte montre l’étendue de l’inconnue dans laquelle nous sommes. Chaque État en gris, en bleu clair, en rose ou avec un point d’interrogation jaune peut voter pour l’un des quatre candidats. Il n’y a qu’une seule probabilité sur laquelle on est à peu près sûr : Donald Trump va remporter au moins 136 grands électeurs et Hillary Clinton 168. Cela laisse 234 grands électeurs à se répartir. A cette heure, personne ne sait ce qu’il va se passer et quoi qu’il arrive, nous ne saurons que mercredi matin la conclusion de cette année 2016 chaotique – à condition qu’un vainqueur soit réellement désigné et que le résultat ne soit pas repoussé à janvier 2017.

Pierre Toullec

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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4 réponses à “Trump, Clinton : comment le président des États-Unis est-il élu ? [Mode d’emploi]”

  1. Abrux dit :

    Etrange, bizarre… Mouais. Je trouve ce système largement supérieur au système français. Souple et durable.

    Moins de 600 députés pour 320 millions d’américains. 50 états de 5,4 millions d’habitants en moyenne. Avec 100 sénateurs pour ces 50 états.

    Le systeme français part avec un lourd handicap économique avec la charge des élus inutiles. Au dessus le parlement EU qui élit la structure US en prime. En dessous un conseil de Bretagne pléthorique pour gérer 1% du PIB.

    Culture : pas de langue officielle au niveau fédéral. Les états font ce qu’ils veulent. La Louisiane a officialisé anglais et français, certains états ont des langues indiennes, pas besoin du président pour cela.

    Pierre Toullec pourrait dans un prochain article nous décrire la différence de pouvoir entre un président US et un président Français.

  2. Augustin dit :

    Résumé de l’article : on est dans la merde…

    Trump élu = guerre civile
    Clinton élue = guerre mondiale
    N’importe quel autre reportera le problème à dans quatre ans…

  3. Pascal mintros dit :

    En tout cas , bravo il y a contrairement aux prévisions des autres eu une grande honnêteté dans votre analyse .

  4. Pierre dit :

    À relire cette longue analyse de Pierre Toulec un mois après, on se demande s’il est spécialiste de la politique américaine, ou spécialiste pour brasser de l’air…
    J’ai notamment relevé dans tout ce verbiage un phrase caractéristique :
    « le premier mardi qui suit le premier lundi du mois de novembre »…
    Euh oui…
    Un mardi qui suivrait un lundi, c’est effectivement quelque chose de relativement rare, un peu comme les éclipses de soleil, ou les passages de comètes, un événement pour sûr à ne pas louper !
    Avec un gugusse qui a l’air spécialiste de l’enfilage de mouches, on est bien barrés

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