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Un douloureux mois d’octobre pour Jean-Marc Ayrault

18/10/2016 – 06H30 Nantes (Breizh-info.com) Avoir été maire de Nantes ne prédestinait pas Jean-Marc Ayrault à devenir ministre des Affaires étrangères. Sa gestion des affaires syriennes au cours du mois d’octobre a été marquée par une rafale de quatre ou cinq maladresses.

Il y a eu d’abord sa réaction aux frappes qui ont touché l’hôpital Sakhour, l’un des principaux hôpitaux d’Alep, le 1er octobre. Il a aussitôt condamné un « crime de guerre » caractérisé par un « ciblage systématique des structures et des personnels de santé », soulignant, après cinq ans de guerre, « l’urgence d’ une cessation immédiate des hostilités ». Or l’origine du bombardement est inconnue. Les témoins ont d’abord évoqué plusieurs barils explosifs, avant que les rebelles n’incriminent sept roquettes tirées par des avions russes et des hélicoptères syriens. Le nombre des victimes (deux morts et treize blessés, selon une organisation caritative américaine) évoque plus un « dommage collatéral » qu’une opération militaire délibérée. Avant toute enquête internationale, le ministre des Affaires étrangères a néanmoins tenu responsables « le régime syrien et ses alliés » (sous-entendu la Russie).

Il semble bien que ce bombardement ait été le prétexte d’un barrage d’artillerie médiatique. Ce Nième épisode des souffrances infligées aux populations civiles depuis les débuts de la guerre qui oppose depuis cinq ans, selon des configurations compliquées, le régime de Bachar Al Assad, l’État islamique, une dizaine de groupes rebelles plus ou moins teintés d’islamisme, l’Irak, les États-Unis, la France, la Russie et quelques autres, a fait l’objet d’une couverture de presse disproportionnée qui évoque un certaine concertation. Faute de pouvoir intervenir sur le terrain pour empêcher la victoire annoncée du régime syrien, la France a tenté d’employer l’arme de la communication.

Le faire-valoir de Poutine

Pour donner de la solennité à cette campagne, Jean-Marc Ayrault a alors rencontré ses homologues russes, Sergueï Lavrov, puis américain, John Kerry. Cette séquence malheureuse a donné le sentiment que le Français allait rendre compte à l’Américain de sa visite aux Russes. Ce qui affaiblissait d’emblée l’opération, suivante, une intervention grandiloquente devant le conseil de sécurité des Nations unies en vue de faire adopter une résolution réclamant l’arrêt des combats. Ce texte aurait pu aboutir moyennant certains amendements demandés par la Russie. Tel qu’il a été rédigé, il n’avait aucune chance d’aboutir puisque la Russie pouvait y opposer son veto – et c’est bien ce qui s’est produit. Il s’est donc ramené à une gesticulation stérile qui faisait apparaître les Français une fois de plus comme « de grands diseurs et de petits faiseurs ».

Pour couronner le tout, en agitant la menace d’une annulation de la visite de Vladimir Poutine à Paris (où il devait inaugurer un centre culturel orthodoxe), Jean-Marc Ayrault a offert au président russe l’occasion de se donner le beau rôle, celui du dirigeant sage qui diffère sa visite en attendant que ses interlocuteurs retrouvent leur calme. Ce qui revenait au passage à dégrader encore un peu plus l’image de François Hollande : Jean-Marc Ayrault n’aura pas mieux servi le président de la République au quai d’Orsay qu’à l’hôtel Matignon.

L’hôpital d’Alep occulte celui de Nantes

Ce cas d’école de ratage diplomatique doit probablement quelque chose à la personnalité de son auteur. Avant de devenir un responsable socialiste, Jean-Marc Ayrault était un catholique de gauche. Il a assidûment fréquenté la JAC dans la petite ville angevine de sa jeunesse. Il lui en est resté un sentiment de péché originel qui a toujours influencé sa vie politique. Il y a chez lui « comme une blessure et une douleur » résume le président de la République dans le livre de Davet et Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça… paru chez Stock cette semaine. Le monument de l’abolition de l’esclavage érigé à Nantes témoigne de sa propension à gratter les cicatrices.

Comme chaque année au mois d'octobre, Nantes commémore avec solennité l'exécution de 50 otages par l'armée allemande. Mais pas les 1500 morts et 3000 blessés des bombardements.

Comme chaque année, Nantes commémore l’exécution de 48 otages par l’armée allemande en octobre 1941. Les bombardements meurtriers de septembre 1943 sont rappelés plus discrètement.

Du moins, certaines cicatrices sélectionnées. Car un bombardement d’hôpital aurait dû lui évoquer quelque chose. Le 16 septembre 1943, écrit Paul Caillaud[1], « le bombardement de l’Hôtel-Dieu [de Nantes] fit, dans le personnel hospitalier, 36 blessés et 40 morts ». Jean-Marc Ayrault, qui a présidé maintes cérémonies municipales relatives à la Seconde guerre mondiale, n’a jamais évoqué le souvenir des pilonnages alliés de septembre 1943, qui ont fait plus de 1 500 morts et de 3 000 blessés à Nantes. Il ne semble pas que ce souvenir, pourtant plus récent que l’abolition de l’esclavage, ait davantage été évoqué lors de la visite de Jean-Marc Ayrault à John Kerry le 7 octobre.

Crédit photo :  U.S. Department of State via Wikimedia Commons source d’origine.
[cc] Breizh-info.com, 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

[1] Nantes sous les bombardements 1941-1945, association Nantes par le livre, Nantes, 1978, p. 38.

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2 réponses à “Un douloureux mois d’octobre pour Jean-Marc Ayrault”

  1. Charles Hoursain dit :

    Personnellement je n’ai jamais considéré que Mr Ayraut ait des capacités à être ministre des affaires étrangères….Il a été placé là par Hollande ( dans le gouvernement de Valls),alors que son passage de premier ministre,antérieurement,eut été un fiasco..Il contribue,comme son » patron » à plonger la France dans une sorte de déchéance totalement aux ordres des USA..Un simple valet…Bah!..2017 le renverra dans un poste  » plus local » sans responsabilité d’Etat..Contrairement à Djac Lang,que les dirigeants socialistes continuent à lui attribuer des fonctions ( d’Etat),et que les médias encensent régulièrement..Ce type aura eu la chance de profiter – jusqu’à sa mort- des largesses de l’Etat….

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