09/09/2016 – 06H15 Nantes (Breizh-info.com) – Moins de 2500 personnes étaient réunies à Nantes le 7 septembre sur l’esplanade des anciens chantiers Dubigeon – disparus il y a 30 ans, tout un symbole – à l’appel de tous les syndicats s’opposant à la loi travail : CGT, FO, FSU, SUD Solidaires, UNEF, FIDL… avec en vedettes américaines Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly respectivement secrétaires généraux de la CGT et de FO.
Une faible mobilisation alors que des délégations avaient été amenées des 5 départements de la région. Les gros bataillons étaient exclusivement CGT et FO. Beaucoup de retraités dans l’assistance, majoritairement d’âge mûr, et composée de militants du secteur public, des collectivités territoriales et municipalités, de la SNCF, de l’Éducation nationale…
Au nom de l’intersyndicale le premier intervenant dénonça la «novlangue» du gouvernement et des médias contre le monde du travail – un vocable emprunté à la réinformation et très éloigné de la traditionnelle logomachie ouvriériste – et la première capitulation de François Hollande : signature du pacte budgétaire européen en 2012 suivi du pacte de responsabilité pro MEDEF.
Plusieurs militants syndicaux s’exprimèrent à la tribune avant les leaders nationaux. L’intervention du responsable CGT de la raffinerie de Donges, en grève plus de 3 semaines au printemps dernier, fut particulièrement applaudie. Dénonçant « l’ultra libéralisme et les injonctions de Bruxelles » il fit huer Manuel Valls et, sans la nommer, la CFDT : « Honte à ceux qui se présentent des syndicalistes », avant de conclure, le poing levé : «Nous rendrons coup pour coup». A bon entendeur…
Rien à retenir des interventions des représentants de l’UNEF (étudiants) et de la FIDL (lycéens). «Nous sommes la jeunesse» revenait en leitmotiv, mais celle-ci était aux abonnés absents. « Dans le panthéon syndical français UNEF, FIDL, UNL… ne sont que des dessus de cheminée », remarque un spécialiste de l’actualité sociale.
Le premier des « grands leaders syndicaux » à intervenir fut Eric Beynel le porte parole de la très gauchiste union syndicale SUD Solidaires. Son discours fut peu ouvriériste. Mélangeant « Nuit debout», le soutien aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes le 8 octobre prochain, la dénonciation de « la mairie PS revancharde de Rennes » – elle a poursuivi des casseurs – il conclut : « la place du mouvement social est dans la rue ».
Pour Bernadette Groison de la la FSU (enseignants et fonction publique), l’heure est « à la lutte de classe » et à la résistance populaire qui « rendra leur dignité aux hommes » dans une France « pays de l’universalité et de l’égalité ».
Jean-Claude Mailly secrétaire général de Force Ouvrière prend ensuite la parole. Sorte d’étudiant prolongé, l’homme a plus l’allure d un intellectuel que d’un syndicaliste ouvrier. Il dénonce dans son discours « l’inversion de la hiérarchie des normes » contenue dans la loi travail, c’est-à-dire la primauté donnée aux accords d’entreprise au détriment des accords nationaux et conventions collectives, une exigence du MEDEF. Il promet de faire de la loi travail « un chewing-gum sur les baskets du gouvernement ».
Si FO dénonce la politique d’austérité du gouvernement et sa loi néo libérale, le syndicat ne donne aucune consigne de vote. Son leader participera cette année à la fête de L’Humanité – c’est une première. A Cambadélis patron du PS qui s’en étonne, il répond : «qu’il s’occupe de ses oignons» rajoutant : « il va finir comme le Ramon Mercader du socialisme ». Une référence historique – Ramon Mercader fût l’assassin de Trotsky- qui a dû échapper à bien des syndicalistes présents.
Enfin, last but not least, il appartenait au leader de la CGT Philippe Martinez de conclure le meeting syndical. Sa grosse moustache noire a fait dire aux bobos un brin méprisants qu’il ressemble au célèbre « beauf » de Cabu. Mais la ressemblance s’arrête là. Avec lui, c’est le retour d’une CGT pure et dure d’il y a plusieurs décennies. Il dénonce pêle-mêle le MEDEF, les tenants du Cac 40, les intimidations dans les entreprises et la répression anti syndicale. La journée nationale d’action du 15 septembre prochain ne doit être qu’un début. Citant Georges Séguy, il appelle à l’engagement et à la lutte : « résister ça ne suffit pas ! ». Martinez ne craint pas de dénoncer les « relents racistes » des campagnes qui « stigmatisent une partie de la population du fait de sa religion ou de sa couleur du peau » et il n’est pas loin d y voir la main d’un gouvernement qui « fait le lit du FN ». Pour la CGT, le Front national est bien en effet le concurrent numéro un, la préoccupation majeure, plus sans doute que les lointains dirigeants de multinationales. Selon un sondage Ifop réalisé pour L’Humanité, les sympathisants CGT sont en effet 27 % à avoir voté FN aux dernières régionales – contre 34 % pour ceux de FO. Mais le leader de la CGT possède «la solution la plus efficace à la crise, la réduction du temps de travail à 32 heures».
Après cela il ne restait plus qu’à entonner une vibrante Internationale : « Debout les damnés de la terre, debout les forçats de la faim, la raison tonne en son cratère … »
C.B.
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