06/09/2016 – 04H45 Monde (Breizh-info.com) – Dans le monde du pétrole, les investissements d’aujourd’hui sont la production de demain. Or l’été a été rude : les cours de l’or noir ont perdu 20% de leur valeur depuis juin en raison de la fin des incendies au Canada, au redémarage de la production de pétrole de schiste aux Etats Unis et à de larges stocks d’essence américains et chinois encore inutilisés. Résultats : coup de frein sur les projets de grands groupes pétroliers internationaux.
La tendance baissière des cours du pétrole a réduit les seuils de rentabilité des investissements. Pourtant les compagnies avaient modifié depuis peu leurs calculs de rentabilité depuis la spectaculaire chute du prix du baril amorcée en juillet 2014, et s’étaient positionnées sur un seuil de rentabilité de 60$ pour 75% des projets d’extraction.
Les principales victimes de ces réajustements ont été les fournisseurs, on l’a vu en France avec les aventures boursières de Vallourec. Certaines compagnies comme Chevron annoncent des coûts d’extraction soudainement réduits de 30%. D’autres changent de politique : moins de rémunération pour les actionnaires, moins d’efforts de désendettement mais plus de dépenses pour l’exploration et la production. Pourtant, malgré ces modifications dans la politique des géants pétroliers, les grands projets lancés en 2016 sont ceux où la baisse des coûts de production ont été supérieurs à 30% et sont taillés pour un baril oscillant entre 25 et 60$ : ils sont devenus très rares.
-75% de grands projets en 3 ans
En 2013, avec un baril en constante hausse (pic atteignant les 110$ mi-2014), les grands projets pétroliers ou gaziers étaient au nombre de 40 à dépasser les 50 millions de barils équivalent pétrole. En 2016, ils ne sont plus que 10. Les prévisions de dépense dans l’extraction-production se réduisent à 1000 milliards de dollars pour les cinq prochaines années cumulées.
L’inversion de la courbe des investissements dans les hydrocarbures intervient à un moment où des géants occcidentaux tentent de se repositionner et où les géants chinois prennent l’eau : le pétrolier n°2 chinois, le CNOOC, est passé dans le rouge pour la première fois de son histoire, accusant une perte dépassant le milliard de $. Le plus gros raffineur mondial, le chinois Sinopec accuse une baisse de 40% de ses gains. Le pétrolier historique PetroChina, lié au PC chinois, voit impuissant ses fantastiques bénéfices dégringoler de 98% en 2016. L’exploitation des réserves en pétrole et gaz de schiste chinois se retrouve fortement compromise.
Conséquences écologiques en Europe
En Europe, la Norvège est finalement confrontée à des vagues de licenciement importantes dans le secteur privilégié du pétrole, moteur de son économie et pilier de son budget. Malgré l’opposition des écologistes du monde entier et d’une partie du pays, il semble que les zones protégées en mer de Barents, aux îles Lofoten et aux autres îles arctiques norvégiennes, jusqu’ici intouchables et dédiées aux ressources naturelles, ne soit livrée aux appétits des compagnies en manque de production et à la recherche de gisements prometteurs. Le PDG du pétrolier national, Statoil, a précisé que la plupart de ses projets arctiques seront opérationnels vers 2023.
Photos : DR
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Une réponse à “Economie du pétrole. Investissements en berne.”
Ca parait contradictoire de dire, moins d’investissement et projets dans les zones protégées.
Ou alors si j’ai bien compris, on toucherait aux zone protégées parce l’extraction est moins chère.
La reprise de l’exploration anticipe aussi une pénurie à moyen terme et une nouvelle hausse des prix.