Manifestations contre la loi Travail à Nantes : au moins 50 blessés en mai 2016 selon les street medics

17/06/2016 – 05H00 ‑ Nantes (Breizh-info.com) – Depuis bientôt trois mois, les manifestations contre la loi Travail se succèdent dans les centre-villes de Nantes et de Rennes. Accompagnées de débordements et d’émeutes, elles donnent lieu régulièrement à des affrontements en ville avec les forces de l’ordre, au cours desquels des manifestants sont blessés, soit par des projectiles lancés par d’autres manifestants, soit par ceux des forces de l’ordre. Au sein de la manifestation, des bénévoles se dévouent pour soigner les manifestants blessés : ce sont des street medics, des médecins de rue, souvent étudiants en médecine ou infirmiers de métier.

Selon un état publié sur le média d’extrême gauche Indymedia, ces street medics ont recensé en mai des dizaines de blessés. Les manifestants peuvent être blessés en manifestation soit par des projectiles lancés par des manifestants (pavés, bouteilles de verre etc.), soit par des projectiles des forces de l’ordre (palets de gaz lacrymogène, grenades de désencerclement, balles de lanceurs de balles de défense). L’usage intensif du gaz lacrymogène peut aussi provoquer chez certains manifestants des conséquences graves : crise de panique, crise d’asthme, malaises, difficultés respiratoires…

Lors des manifestations de mai – et jusqu’au 2 juin, les street medics ont recensé 15 blessés le 12 mai, alors que d’importantes émeutes avaient eu lieu à Nantes, 16 le 17 mai, lors d’une manif accompagnée d’émeutes et de l’incendie d’un scooter  devant le Carré Feydeau, 3 encore le 19, lorsque se tenait une manifestation sauvage, interdite par la Préfecture, et qui s’est accompagnée de casse, 5 le 26 mai et enfin de 8 à 10 le 2 juin, alors que la manifestation s’est accompagnée de plusieurs incidents. A ces blessés il faut ajouter les personnes qui ont des difficultés notoires après un gazage : environ une centaine qu’il a fallu soigner.

Ces chiffres de manifestants blessés ne sont qu’un dénombrement partiel, pour deux raisons. La première, c’est que les street medics sont en nombre insuffisant et toujours débordés par la demande. La seconde, qu’ils dénoncent avec force, c’est qu’ils se trouvent régulièrement privés de leur matériel médical par les forces de l’ordre. Ils ne peuvent donc pas tous être présents en manifestation, alors que pourtant l’accès des secours classiques – pompiers, SAMU etc. – est particulièrement malaisé et retardé en raison des gazages et, souvent, des affrontements ou de la présence d’éléments hostiles, tels que les casseurs.

Dans le même temps, suite aux émeutes incessantes et aux accrochages entre casseurs d’extrême-gauche ou des cités et police, les forces de l’ordre ont eu 92 blessés à Nantes de mi-mars à mi-mai 2016, soit 26% des blessés policiers sur le territoire national. Depuis mi-mai et la forte mobilisation des policiers contre les violences qui leurs sont faites, « il n’y a pas eu plus de policiers blessés à Nantes, ce qui est plutôt bien », nous apprend Arnaud Bernard, délégué Alliance Police 44. Le syndicaliste policier l’explique aisément : « avec le temps, nous nous sommes mieux préparés aux différents types d’agression ». Les policiers nantais ont aussi reçu plus d’équipements de protection individuelle et collective.

Certaines blessures mentionnées par les street medics sont assez graves, notamment lorsqu’elles sont causées par des impacts directs de palets lacrymogènes ou des éclats de grenade de désencerclement. Ainsi, le 19 mai vers 16 h 30, les medics font état d’une « jeune fille de 12 ans avec un doigt brûlé à cause d’un jet de gaz lacrymogène ». Le 26, dans le parking surélevé rue François Albert sur l’île de Nantes, entre 16h30 et 16h45, il y a plusieurs blessés graves : « Un homme s’est pris un fragment de grenade de désencerclement dans le ventre, c’est dans ce laps de temps qu’une autre jeune fille à été blessé à l’œil, elle n’a pas de décollement de la rétine mais toujours une tache noire qui l’empêche de voir correctement. Il y a eu a ce moment tellement de gaz, de grenades et de LBD qu’on a forcément pas vu tout les blessé-e-s. » Le 2 juin vers midi devant le mur anti-émeute sur le pont de la Motte Rouge, il y a encore « un blessé à la main à cause d’un pétard » qu’il a voulu sans doute lancer sur les forces de l’ordre. Et, un peu plus tard, près de la piscine de l’île Gloriette en centre-ville : « un blessé à l’arcade (hôpital, il s’en sort avec une grosse cicatrice et un énorme hématome : deux points de suture et une brûlure assez profonde du visage). Un médic a reçu une grenade de désencerclement sur le sac, il a 3 impacts dans le dos et 2 dans le coude. Une grosse crise de panique. Un LBD dans une épaule. Un bout de grenade de désencerclement dans un bras. Une ouverture à l’arrière de la tête. »

Crédit photo  : DR
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