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Transmission sexuelle du virus zika : révélation alarmante du CHU de Nantes

15/06/2016 – 06H00 Nantes (Breizh-info.com) – Découvert en 1947, le virus zika reste mal connu malgré plusieurs épidémies intervenues en Afrique et en Asie du Sud-est. Il faut dire que les complications sérieuses étaient rares – du moins le croyait-on. Les quatre cinquièmes des personnes atteintes ne s’aperçoivent de rien. La plupart des autres ne présentent que des symptômes assez bénins et vite disparus : fièvre, douleurs musculaires et articulaires, conjonctivite, etc.

On sait depuis longtemps que le virus zika est transmis par des moustiques du genre Aedes, également vecteurs de la dengue et du chikungunya et de la fièvre jaune. Une transmission par voie sexuelle était également soupçonnée depuis plusieurs mois. Une étude publiée jeudi dernier dans la revue à comité de lecture en ligne Eurosurveillance vient d’apporter un élément de confirmation important. Elle a été menée par les docteurs Thomas Fréour et Sophie Mirallié, du CHU de Nantes[1]. Elle porte sur un couple de Bretons engagés dans une procédure d’aide à la procréation. Les analyses révèlent que malgré l’absence de symptômes chez l’un comme chez l’autre, l’homme a été contaminé par le virus lors d’un séjour à la Martinique, zone où sévit l’Aedes, tandis que la femme l’a été largement après leur retour de voyage – donc très probablement par voie sexuelle.

Or les conséquences possibles de la maladie s’avèrent bien plus graves qu’on ne l’avait longtemps pensé : le virus zika peut être à l’origine d’anomalies congénitales gravissimes, en particulier de microcéphalie, y compris chez les enfants de femmes asymptomatiques. Les nouveau-nés victimes de cette anomalie naissent avec un cerveau atrophié ; ils ne pourront jamais mener une existence normale. De nombreux cas ont été recensés ces derniers mois à l’occasion de l’épidémie qui se développe actuellement dans les Caraïbes et en Amérique latine, en particulier au Brésil.

Les organisations sanitaires tirent donc un signal d’alarme devant ce que l’Organisation mondiale de la santé a désigné en février dernier comme « une urgence de santé publique de portée internationale ». Comme l’écrit le professeur Maria Zambon, de Public Health England, dans l’éditorial d’Eurosurveillance, « Avec la combinaison d’une infection asymptomatique très répandue, d’une contagiosité par le liquide séminal, d’une transmission d’homme à femme et d’une contamination au début de la grossesse, ajoutée à un lien avec une anomalie congénitale, un scénario catastrophe est en train de se dérouler, et nous sommes mal armés pour y faire face[2]. »

Les voyages vers les Antilles devraient désormais être considérés comme « à risque »

Les mesures de précaution actuellement prises en Europe ciblaient les voyageurs arrivant de zones touchées par la maladie. Mais le risque de transmission par voie sexuelle appellerait des mesures autrement plus radicales. Dans une étude publiée le mois dernier, l’OMS a établi un classement des pays européens selon leur degré de risque. Considéré comme nul en Finlande, en Islande ou en Lettonie, le risque est élevé dans les pays du pourtour méditerranéen, où l’Aedes est courant. Il est à son maximum en France, où pourtant seuls les départements méridionaux sont infestés par l’Aedes. Pourquoi ? L’OMS ne le précise pas mais l’étude du CHU de Nantes permet assez aisément de l’imaginer : les voyages vers les Antilles devraient désormais être considérés comme « à risque ».

« J’invite toutes les femmes enceintes, ayant un projet de grossesse ou en âge de procréer, résidant dans des zones d’épidémie, y voyageant ou ayant un partenaire y ayant séjourné, à se rapprocher de leur médecin traitant ou de leur gynécologue, afin qu’il leur indique les mesures de protection les plus appropriées à leur situation personnelle », déclarait Marisol Touraine, ministre de la Santé, à l’Assemblée nationale en février dernier. À la veille de l’été, des mesures plus énergiques paraissent désormais indispensables.

[1] Fréour T, Mirallié S, Hubert B, Splingart C, Barrière P, Maquart M, Leparc-Goffart I. , « Sexual transmission of Zika virus in an entirely asymptomatic couple returning from a Zika epidemic area, France, April 2016 ». Euro Surveill. 2016;21(23):pii=30254. DOI: http://dx.doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2016.21.23.30254.

[2] Zambon M., « Zika virus, the new kid on the block ». Euro Surveill. 2016;21(23):pii=30255. DOI: http://dx.doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2016.21.23.30255

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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2 réponses à “Transmission sexuelle du virus zika : révélation alarmante du CHU de Nantes”

  1. ! Alors là , ça complique sérieusement la chose !
    Propagation accélérée ! *

  2. Le sida ne suffit plus…

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