06/06/2016 – 07H15 France (Breizh-info.com) – Le CLCV, association nationale de défense des consommateurs et des usagers, a publié une enquête, le 1er juin 2016, qui étudie dans le détail les produits que l’industrie vend comme étant réalisés « à base de poisson ». Au total, 237 produits de marques nationales et distributeurs ont été passés au crible dans 7 catégories : panés, hachés, rillettes, surimis, soupes, parmentiers et brandades et plats cuisinés.
Pour chacun de ces produits ont été analysés la liste des ingrédients et le tableau nutritionnel en relevant :
– les informations données aux consommateurs concernant le poisson utilisé, à savoir :
le pourcentage de poisson utilisé ;
le type de matière première (filet, chair voire pulpe) utilisé ;
les espèces de poisson employées ;
le nom latin de l’espèce, la zone de pêche, l’engin de pêche et les labels.
– la composition des produits, notamment :
la nature de certains ingrédients (autres que le poisson) ;
le recours à des agents texturants (épaississants, émulsifiants, gélifiants) ;
les valeurs nutritionnelles.
Les résultats n’étonneront pas ceux qui étudient depuis des années la dégradation de la qualité des produits alimentaires : « Dans chaque catégorie de produits (rillettes, panés, etc.), les quantités de poisson varient beaucoup. L’information globalement livrée aux consommateurs sur les emballages est souvent imprécise. D’un point de vue nutritionnel, les produits que nous avons examinés sont salés. Par ailleurs, les enfants ne sont pas logés à la même enseigne que les adultes : dans les panés qui leur sont destinés, on constate qu’il y a moins de poisson et qu’en plus ce n’est pas le filet qui semble privilégié. » indique le CLCV. Ainsi, certaines soupes ne contiennent que 15% de poisson, certains plats cuisinés que 14,9%. Seuls les rillettes (59% les panés (56,6%) et les hachés (73%) contiennent une majorité de poisson, en moyenne.
Et il y a poisson et poisson ; ainsi « sur un emballage de nuggets au poisson, il est indiqué « préparation à base de poisson 70 % : colin d’Alaska 83 %…). Dans le produit, la quantité réelle de colin est de 58 %.». L’association souligne que « l’indication des espèces est trop peu présente et souvent vague. Pour 92 produits, soit environ 40 % de notre échantillon, nous ne disposons d’aucune information sur les espèces de poissons utilisées dans la recette.».
Très peu de transparence sur la provenance : « De la même façon l’indications du nom scientifique du poisson, de la zone et de l’engin de pêche, facultatives pour les produits transformés à base de poisson, restent peu présentes. Dans notre étude, 20 % des produits analysés indiquent le nom scientifique de l’espèce, 14 % la zone de pêche et 4 % l’engin de pêche. Ce sont les surimis qui indiquent le moins ces mentions complémentaires, au contraire des brandades et parmentiers qui font plus d’efforts».
Dans les produits transformés, l’utilisation de filets de poisson est rare (hormis dans les plats préparés et les panés) puisqu’elle ne concerne que 24 % des 237 références des échantillons testés. Le plus souvent, la matière première est de la chair de poisson que l’on retrouve dans les surimis, les parmentiers et dans la plupart des croquettes et rillettes de poisson. La chair de poisson n’a aucune définition légale, malgré les demandes répétées des associations de consommateurs.
Le CLCV remarque que « globalement, les panés destinés aux enfants semblent de moins bonne qualité que les autres : ils contiennent moins souvent de filet (30 % au lieu de 52 %) et sont sensiblement moins riches en poisson (et donc en protéines) du fait de l’ajout notamment de purée de pommes de terre ou du fromage. En outre, ils sont aussi un peu plus riches en sel, sucre et matières grasses saturées. Il est inadmissible que les enfants ne puissent pas bénéficier de produits de qualité au moins équivalente à celle des autres références.».
Parmi les produits à éviter pour les enfants, il ressort de l’enquête concernant les panés, que les Croque baby fromage de Cité Marine et Les P’tits panés au fromage fondu de Odyssée (Intermarché) sont ceux qui contiennent le moins de poisson (29g pour 100g). Les plus chargés en poisson, avec 70 g pour 100g, sont : – Filet de cabillaud de Pêche océan, (Leclerc) – Colin d’Alaska, Casino – Les panés de la mer (fish balls), Appéti Marine (Carrefour) – Tranches panées, Carrefour – Mini poissons croustillants, Les doodingues (Casino) – 8 tranches panées de colin d’Alaska, Monoprix
Dans les panés grands publics, le bonnet d’âne est attribué aux trois produits suivants : 4 portions au poisson pané, sans arêtes de Petit prix (Carrefour) – Panés au poisson de Pouce (Auchan) – 4 pièces panées au poisson de Cora (45g de poisson pour 100g). Les gagnants (80g pour 100g) sont – Filets de colin d’Alaska meunière de Cora – Filets de colin d’Alaska meunière de Odyssée (Intermarché)
Les hachés contenant le moins de poisson sont les Colins d’Alaska de Coraya (Les petits Natures) (55g) et ce sont les Saumons ciboulette de CapOcéan qui en contiennent le plus (82%). Tandis que pour les rillettes, ce sont les Rillettes de thon blanc aux tomates séchées de Casino (5Og). Pour le surimi, les Bâtonnets saveur crabe (sans marque) contiennent le moins de poisson, mais le plus haut, le Fleur de surimi à base de chair de poisson saveur crabe de Vici ne contient que 52g pour 100g de poisson.
Concernant les soupes, c’est la Soupe de poissons de U qui contient le moins (15g) et la Soupe de poisson de la marque Azais-Polito qui en contient le plus (45%).
Pour les parmentiers, c’est le Gratin de poisson, pommes de terre et poireaux de Fleury Michon qui arrive en queue de peloton (15%), tandis que le gratin de poisson à la crème fraîche de Monique Ranou (Intermarché) avec 41% de poisson.
Enfin, pour les plats cuisinés, le Poisson pané et riz tomaté de Monique Ranou (Intermarché) ne contient que 14,9% de poisson, le meilleur étant le Filet de Merlu blanc sauce citronnée et son mélange de riz de Auchan avec seulement 37,5% de poisson.
Et le CLCV de conclure sur la règlementation : « nous regrettons également que la mention de l’espèce puisse disparaître lorsque le poisson est un ingrédient et que le nom du produit ne fait pas référence à une espèce particulière. Le consommateur doit savoir ce qu’il mange. Et, il nous semble qu’une plus grande transparence dans la déclaration des espèces mises en œuvre et la précision de la provenance ou origine devrait permettre de restaurer la confiance des consommateurs.».
D’autres consommateurs font toutefois désormais le choix de ne plus acheter du tout de produits transformés, de passer par les filières locales, ce qui évite très souvent les mauvaises surprises . « A la criée, et même en pisciculture, le poisson est souvent moins cher qu’en grande distribution. Ca prend deux secondes pour passer un filet à la poêle et le paner soit même. Trop souvent, on prétexte le manque de temps – qu’on passe par contre des heures par jours devant la télévision par exemple. Il n y a plus vraiment d’excuses aujourd’hui pour mal manger » nous confie un pêcheur de Doélan sur mer, de retour de la pêche.
L’intégralité de l’étude est disponible ici
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