Cinéma. Madame Tallien a 100 ans

Madame Tallien est l’un des personnages féminins les plus surprenants de la Révolution française. Partageant les idées révolutionnaires, elle est néanmoins restée célèbre pour avoir sauvé de nombreux royalistes de la guillotine. Elle a fait l’objet d’un film tourné il y a 100 ans par l’italien Enrico Guazzoni.

L’histoire commence en 1789, à Paris. Le peuple gronde. Compte tenu de la situation, le vieux marquis de Fontenay (Ettore Baccani) se réfugie avec sa jeune épouse, Thérèse (Lyda Borelli), dans sa maison de campagne. Découvrant que le marquis est un coureur de jupons, Thérèse décide de le quitter. Elle tombe amoureuse de Jean Guéry (Ruggero Barni), un jeune journaliste monarchiste. Pendant ce temps, à Paris, la Bastille est prise par les révolutionnaires. Thérèse cache Guéry dans sa maison, mais celui-ci est arrêté. Thérèse est choisie pour incarner la déesse de la raison, portant le bonnet phrygien, la cocarde et le sceptre de raison. Elle influence alors les révolutionnaires pour sauver de nombreux royalistes de la guillotine. Mais les conspirateurs contre-révolutionnaires et Thérèse sont capturés. Pour sauver Jean Guery, Thérèse accepte d’épouser Tallien (Amleto Novelli), membre du Comité de salut public. Puis Robespierre (Renzo Fabiani) est exécuté. C’est la fin de la Terreur. Le film s’achève sur la libération de Thérèse, avec en arrière plan une multitude de drapeaux bleu-blanc-rouges…

Le film Madame Tallien a été réalisé en 1916 par Enrico Guazzoni d’après le scenario de Victorien Sardou. Il s’inspire de l’histoire de la véritable Madame Tallien. Thérésa Cabarrus (17731835), d’origine basque, plus connue sous le nom de son second époux Madame Tallien, est partisane des idées révolutionnaires. Elle est néanmoins arrêtée par les Jacobins. Libérée par son amant, le jeune commissaire de la Convention Jean-Lambert Tallien, elle aide des centaines de prisonniers à échapper à la guillotine. Elle est à nouveau emprisonnée sur ordre du Comité de salut public. Jean-Lambert Tallien décide de participer au coup d’État qui mettra fin à la Terreur en provoquant la chute de Robespierre. Elle se marie avec Tallien en 1794 puis devient la maitresse de Paul Barras. Femme d’esprit, elle tient un salon sous le Directoire.

D’une durée de 97 minutes, ce film dénonce la décadence de certains aristocrates, puis la folie meurtrière sous la Terreur révolutionnaire. Enrico Guazzoni filme avec grandiloquence des scènes mémorables (la prise de la Bastille, le culte de la déesse raison, le discours enflammé de Robespierre à l’Assemblée…). Sa narration est rythmée. La colorisation en monochrome, variant de couleur selon l’ambiance (le rouge pour les révolutionnaires) est particulièrement réussie.

Le cinéaste italien Enrico Guazzoni (18761949) est l’un des plus patriotiques du cinéma muet. Après avoir étudié la peinture aux Beaux-arts à Rome, sa ville natale, Enrico Guazzoni entame sa carrière cinématographique comme conseiller artistique. Devenu réalisateur, il se consacre au cinéma historique. Il tourne en 1911 La Jérusalem délivrée (1911), film exaltant les chevaliers croisés au détriment des sarrasins. Il réalise en 1913 son film le plus célèbre, Quo vadis ?, superproduction mettant en scène l’incendie de Rome et la persécution des chrétiens. Puis il tourne Marc-Antoine et Cléopâtre (1913), La conspiration de Jules César (1914), Madame Tallien (1916) et La Jérusalem délivrée (deuxième version en 1918). Il devient le premier maître du cinéma historique. Dans ses films, il glorifie la prise de Jérusalem par les croisés, l’épopée napoléonienne, la christianisation de Rome… Il continue, avec moins de succès, de réaliser des films (comédies et adaptations d’œuvres littéraires) en Italie sous le régime de Mussolini.

Le film est indisponible en DVD. Mais il peut être visionné sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=IK2qFLcdN0w

Kristol Séhec.

Crédit photo : DR
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