28/04/2016 – 03H30 Gaza (Breizh-info.com) – Au Hamas, l’homme qui monte est un homme discret. Bien que bilingue, Yahya Sinwar évite tout contact avec les médias, qu’ils soient arabes, palestiniens ou hébreux : c’est un homme d’action, figure de la ligne belliciste, intransigeante et purement islamique dans la tradition des Frères Musulmans.
Sinwar est né dans le camp de réfugiés de Khan Younis il y a cinquante-quatre ans. A vingt ans, il fréquente l’université islamique de Gaza et le centre islamique de Gaza al-Mujamma’ al-islami, institutions fondées par les Frères Musulmans, où il se présente comme candidat d’al-Kutla al Islammiya, l’association de ces derniers.
Considéré comme peu bavard mais hyperactif, il participe à la préparation à la lutte armée contre Israël dans les années 80, et à la fondation du Hamas, aile palestinienne des Frères Musulmans égyptiens, par le Cheikh Yassine.
A cette époque, le Hamas est considéré comme un mouvement ultra religieux et caritatif, financé principalement par l’Arabie Saoudite, la Syrie et l’Egypte. Israël laisse monter ce mouvement dont le leader est un ancien professeur de religion de l’université prestigieuse d’al-Azhar: l’état hébreu est plus préoccupé alors par les activités terroristes des branches de l’OLP de Yasser Arafat.
La première intifada a lieu en 1987, et coïncide avec la création du Hamas. En 1987, Sanwar établit avec deux autres jeunes leaders religieux une aile militaire clandestine du Hamas, Izz al-Din al-Qassam, finalement dirigée par Mohammed Deif. De 1987 à 1989, il est impliqué dans une série de meurtres et est capturé puis incarcéré par les forces Israéliennes.
Il passe vingt deux ans en prison. Il tente de coordonner des attentats-suicide en Israël, mais également des enlèvements pour négocier sa libération, et s’oppose même à cet étrange et disproportionné échange de prisonniers qui a eu lieu en 2011 : 1 soldat israélien, le soldat Gilad Shalit capturé par les islamistes palestiniens, contre 1027 prisonniers palestiniens, dont lui-même !
Il sort finalement de prison en 2011. Sa personnalité radicale et intransigeante au point même d’avoir initialement refusé son bon de sortie, son passé politique en tant que proche collaborateur du cheikh Yassine, son rôle fondateur dans l’organisation militaire du Hamas, et la main-mise mafieuse de son clan sur les environs de Khan Younis, en font un rouage respecté de la nébuleuse islamiste palestinienne. En prenant il y a quelques mois le contrôle des agences de sécurité du Hamas, dont la police et les renseignements intérieurs, il devient encore plus puissant qu’Ismaël Haniyeh, l’ancien premier ministre de l’Autorité palestinienne.
Il se pose désormais comme l’ennemi numéro 1 d’Israël : il est un de ces symboles de la vieille lutte nationaliste palestinienne métamorphosée en djihadisme islamique. Alors que tant de leaders palestiniens s’abritent en Turquie et surtout au Qatar, il continue de tisser un réseau de plus en plus fin en Palestine et, grâce aux Frères Musulmans, à l’étranger.
La devise des Frères Musulmans est: « Dieu est notre but, le prophète notre chef, le Coran notre constitution, le djihad notre voie, le martyr notre plus grande espérance ».
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