27/04/2016 – 05H30 Bruxelles (Breizh-info.com) – Le biodiesel, présenté comme l’un des moyens de réduire les émissions de carbone du secteur des transports notamment, serait plus nocif que l’essence, selon un rapport établi par l’ONG Transport and Environment . En effet, l’utilisation de biodiesel augmenterait les émissions polluantes de 4%, soit l’équivalent de la mise en circulation de 12 millions de voitures supplémentaires, selon l’étude.
Le site Euractiv rappelle qu’un quart des émissions de gaz à effet de serre de l’UE est généré par le secteur des transports.
Transport and Environnement a basé son analyse sur une étude appelée Globiom, étude commandée par la Commission européenne en 2013, et retardée jusqu’en mars 2016, ce qui a valu a Bruxelles d’être accusé de dissimulation sur les biocarburants. Toutefois, l’ONG reste critique sur ce rapport : « Cette étude ne porte que sur les émissions liées au changement d’affectation des sols, mais elle ne prend pas en compte les émissions directes liées à la production de ces biocarburants (tracteurs, engrais…) » indique-t-elle dans un communiqué.
Selon les calculs de T&E, le biodiesel produit à partir d’huile (soja, colza palmier à huile mélangées à des carburants fossiles) génère en fait 80% d’émissions supplémentaires que le diesel qu’il remplace. Si on utilise du soja ou de l’huile de palme, alors les émissions sont respectivement deux à trois fois plus importantes, leur culture étant largement responsables de la déforestation. Or, le biodiesel est le biocarburant le plus consommé en Europe et il devrait concerner 70% du marché des biocarburants de l’UE en 2020. 76% des biocarburants, incluant le bioéthanol et le biodiesel, utilisés dans l’UE en 2020 devraient donc avoir des émissions de gaz à effet de serre similaires ou supérieures à l’essence ou au diesel.
«Le remède est manifestement pire que la maladie. Les biocarburants à base d’aliments ne devraient pas compter comme des carburants à zéro émission. Il faut stopper les subventions vers ces agrocarburants et privilégier ceux qui sont plus efficaces», conclut Jos Dings, le directeur de T&E. Ainsi, les biocarburants de deuxième génération ont un impact bien meilleur en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Les responsables de l’étude Globiom sont un consortium de trois instituts de recherches reconnus (Ecofys, IIASA et e4trech) ; toutefois, face à ces révélations, le lobby du Biodiesel est rapidement monté au créneau : Raffaello Garodalo, secrétaire général du European Biodiesel Bord, a ainsi qualifié cette dernière de non fiable, tout en accusant Transport and Environment d’oeuvrer contre le biodiesel et pour les carburants fossiles.
D’ici à 2020, chaque État membre de l’Union Européenne devra faire en sorte que 10 % de l’énergie utilisée dans les transports provienne de sources d’énergies renouvelables telles que les biocarburants, le biogaz, l’électricité ou autres.
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